La tentative du sénateur John McCain de noircir l'image du nouveau président, même si elle est un demi échec, est une excellente stratégie de propagande et portera ses fruits, selon le directeur de l'Institut Ron Paul, Daniel McAdams.
John McCain
© Inconnu
Le sénateur américain John McCain a rencontré en privé le directeur du FBI James Comey pour lui donner un dossier sur Donald Trump devant nuir à son image, mais tente aujourd'hui de s'en dissocier. En effet, selon lui, en fin de compte, les informations selon lesquelles la Russie avait des informations compromettantes sur Donald Trump sont « absolument fausses » et quelqu'un doit en être tenu pour responsable.

RT : John McCain qui a, lui-même, transmis des informations non vérifiées au FBI, prétend maintenant que ceux qui sont derrière ces fuites devraient en assumer la responsabilité. Qu'en pensez-vous ?

Daniel McAdams (D. M.) : Il faut voir quel est le rôle de John McCain dans tout cela. John McCain est le président du comité des forces armées du Sénat, une personne extraordinairement puissante à Washington. Je crois qu'il s'est fait prendre en pleine controverse. Maintenant il essaie de jouer à l'innocent. «Je n'ai fait que mon devoir», dit-il. «Je n'avais aucun moyen de savoir si ces informations accablantes était valables.»

Mais ce qu'il a fait en tant que président du comité, c'est valider cette information. Il a contacté James Comey, le directeur du FBI, pour avoir avec lui un entretien privé et lui donner ce dossier. Cette action valide par elle-même, ou bien donne l'impression que ce document est validé par le FBI. Je pense donc qu'il s'est fait prendre à son propre jeu. Il a essayé de participer à un complot pour nuire à l'image de Donald Trump. Mais on l'a vu, maintenant il fait du rétropédalage et essaie de sauver sa peau.

RT : Pourquoi a-t-on l'impression que John McCain prend le parti de Donald Trump maintenant ?

D. M. : Je ne pense pas du tout qu'il prenne le parti de Donald Trump, parce qu'il a bien dit qu'il s'agissait là d'«informations accablantes». Il n'a jamais dit qu'elles étaient fausses, que c'était un mensonge. Il tente de jouer sur les deux tableaux, parce que ce qu'il veut plus que tout, c'est une nouvelle guerre froide avec la Russie. Il est furieux contre Donald Trump, parce que celui-là a dit maintes fois qu'il voulait de meilleures relations avec la Russie.

John McCain vient de publier son nouveau budget de la défense : cinq ans - cinq mille milliards de dollars de budget, dont beaucoup visent la Russie. C'est une réussite pour le complexe militaro-industriel américain, c'est ce qui permet à John McCain de garder son bureau. C'est donc une des raisons pour lesquelles il fait cela. L'une des raisons pour lesquelles il ne supporte pas Donald Trump et qu'il ne supporterait aucun changement dans les politiques anti-russes de Washington... Si quelqu'un nuit à la démocratie américaine, ce sont bien des gens comme John McCain ou celui qui a embauché la personne pour inventer ces supposées rumeurs afin de créer du remous...

Ils ont inventé une histoire selon laquelle Donald Trump serait en quelque sorte à la solde des Russes. Même Mike Morrell, l'ancien directeur par intérim de la CIA, a déclaré que le nouveau président des Etats-Unis était un «agent de Poutine». C'est sans précédent. Ils ont fait cela pour priver Donald Trump de sa légitimité. La plupart des gens vont garder en mémoire des détais salaces de ce dossier, ils ne se souviendront pas des subtilités ou d'où tout est venu, ou du rôle de John McCain dans tout cela. Ils ne se souviendront pas de cela, ils ne se souviennent que des titres. Je dirais donc qu'en tant que stratégie de propagande, ce sera un succès.

Daniel McAdams est directeur exécutif de l'Institut Ron Paul pour la paix et la prospérité. Il a occupé le poste de conseiller aux affaires étrangères du député américain Ron Paul de 2001 à 2012.