Alors qu'il était censé capturer les images de l'attaque d'un convoi de bus perpétrée par un kamikaze de Daech, ce photographe syrien n'a pas pu cacher sa douleur et a fondu en larmes devant la tragédie qui a coûté la vie à une centaine de personnes dont 68 enfants. Des photos partagées sur Internet ont profondément touché les internautes.
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© capture d'écran: TwitterAbd Alkader Habak
Il est impossible de s'habituer aux horreurs de la guerre et encore moins aux violentes attaques terroristes qui emportent des milliers de vies. Les images de ce photographe syrien en sont une nouvelle preuve.

Abd Alkader Habak, photographe syrien présent dans les batailles d'Alep et d'Idlib, est habitué à voir des choses terrifiantes : victimes, destructions, détresse des survivants font partie du lot quotidien. Mais son travail l'obligeait à rester fort face à ces atrocités pour pouvoir capturer ces moments et en parler au monde entier.

Cependant, il n'a pas pu cacher sa douleur face à l'attaque à la camionnette piégée du 15 avril à Rachidine, perpétrée par un kamikaze de Daech qui a coûté la vie à plus d'une centaine de personnes dont 68 enfants.

Lorsque l'attentat suicide s'est produit, Abd Alkader Habak était en train de filmer. L'explosion l'a jeté par terre mais il a eu de la chance de ne pas être blessé. Sans hésiter une seconde, il est allé aider les secouristes à évacuer les enfants blessés. On le voit d'ailleurs sur une des photos partagées sur Internet.


« J'ai regardé son visage et j'ai vu qu'il respirait. Donc je l'ai prise dans mes bras et j'ai couru vers l'ambulance. Je ne sais pas ce qu'il avait au juste, mais je l'ai mis dans une ambulance... », a-t-il expliqué aux journalistes du Channel 4.

​Lorsque le cameraman est revenu pour finir son travail, il n'a pas pu s'empêcher de fondre en larmes devant toutes ces horreurs. On le voit à genoux, secoué par des sanglots devant une camionnette dévorée par le feu, et juste à côté de lui, le bras brûlé d'un enfant apparaît...


Ces photos diffusées sur des réseaux sociaux peu après la tragédie ont profondément touché les internautes qui ont exprimé tout leur respect et leur compassion à Abd Alkader Habak ainsi qu'aux victimes.


​Le lendemain de l'attentat, le photographe a publié sur son compte Twitter un reportage suivi du commentaire:

« Ce que mes collègues et moi avons fait aujourd'hui est ce qui inspire notre humanité, à ceux qui ont été complices des meurtres d'enfants à Khan Cheikhoun...», a-t-il écrit.


Le 15 avril, l'attaque terroriste visant des cars avec des civils évacués des villages chiites d'Al-Foua et de Kefraya (province d'Idlib) près d'Alep a fait plus d'une centaine de morts et 224 blessés selon une source médicale. L'attentat avait été perpétré par un terroriste-kamikaze qui s'est approché avec son véhicule de la colonne de cars garés dans le quartier contrôlé par l'opposition armée syrienne avant d'actionner sa charge explosive. Les personnes évacuées, dont beaucoup de femmes et d'enfants, attendaient leur transfert ultérieur vers un camp de réfugiés. L'explosion s'est produite près d'une station-service ce qui a déclenché un violent incendie.

Les localités d'Al-Foua et de Kefraya sont assiégées par des combattants depuis plus de trois ans. Environ 20 000 habitants restent encerclés dans des circonstances dramatiques, certains mourants même de faim. Depuis le début du siège, 2 000 habitants, dont 400 enfants, ont été tués par les terroristes.