Sept morts, dont un ressortissant français et un Canadien, 48 blessés, c'est le triste bilan du double-attentat qui a frappé dans la nuit de samedi à dimanche la capitale britannique. Les trois assaillants ont été abattus par la police, qui fait actuellement état de 12 interpellations. Scotland Yard affirme avoir « bien avancé» dans l'enquête.
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© AP / Dominic LipinskiLondres
Pour la troisième fois en moins de trois mois, la Grande-Bretagne a été frappée par une attaque terroriste perpétrée à Londres dans la nuit de samedi à dimanche qui a fait sept morts et 48 blessés. Au lendemain du drame, Sputnik revient sur ce drame et fait le point sur la situation.



Que s'est-il passé?


Deux attaques terroristes ont été menées à Londres dans la nuit de samedi à dimanche, faisant sept morts et 48 blessés, dont une femme enceinte. Une camionnette a fauché des piétons sur le London Bridge. Ses trois occupants en sont ensuite descendus pour attaquer au couteau les passants dans le quartier voisin de Borough Market, très fréquenté samedi soir.

Les trois assaillants ont été abattus par la police qui aurait tiré à 50 reprises, d'après les informations de Scotland Yard. Selon le Daily Mail, des membres de l'unité d'élite des SAS britanniques, Blue Thunder, ont participé à l'opération anti-terroriste de samedi soir à Londres.
« Huit policiers ont utilisé leur armes à feu [...]. D'après nos premières évaluations, une cinquantaine de balles ont été tirées par ces huit agents », a déclaré à la presse Mark Rowley, le chef de l'unité antiterroriste britannique cité par l'agence Reuters.
La plupart des policiers britanniques ne sont pas armés et il est rare que les agents utilisent leurs armes à feu. Par ailleurs, un passant a été blessé par les tirs des policiers, sans que son pronostic vital ne soit engagé, a ajouté Mark Rowley.

M. Rowley a également précisé que la camionnette qui a servi à faucher des piétons sur le London Bridge avait été louée récemment par l'un des trois assaillants.

L'attentat n'a pas été revendiqué mais selon la Première ministre britannique Theresa May, il est lié à « l'idéologie malfaisante de l'extrémisme islamiste ».

Comment cela s'est produit? Les témoins racontent

Trois assaillants ont tout d'abord foncé dans la foule sur le London Bridge, sur la Tamise, à bord d'une camionnette blanche.

« Ils ont renversé des tas de gens. Ensuite, trois hommes en sont sortis armés de lames assez longues et ont poignardé des gens au hasard », a témoigné Chris, un chauffeur de taxi, à la radio LBC cité par l'AFP.

« Les gens criaient, c'était terrible », a déploré une autre femme.

Gerard Vowls, un quadragénaire venu à Borough Market pour regarder le match, témoigne avoir vu une femme poignardée à une douzaine de reprises par les trois hommes.

« Elle criait "aidez-moi, aidez-moi" mais je ne pouvais rien faire », a-t-il raconté au quotidien The Guardian, expliquant avoir tenté de jeter des chaises et des bouteilles sur les agresseurs.

Plusieurs témoins ont indiqué avoir entendu les assaillants crier « C'est pour Allah ».

En peu de temps, Londres est devenu le théâtre d'une opération antiterroriste d'envergure. Des ambulances se sont précipitées sur les lieux, des hélicoptères ont commencé à survoler le centre-ville, sans compter les policiers, qui ont accouru en masse.

« Voir cela à la télé, c'est une chose, mais y participer, c'est totalement différent. Cela aurait pu arriver à tout le monde. La police est entrée en un éclair [dans le bar, ndlr] et a ordonné de lever les bras. Et que ce serait-il passé si nous ne l'avions pas fait? Ils nous auraient tués », raconte un autre témoin.

À son tour, un employé du bar a confié qu'il avait vu rentrer un homme qui tremblait et qui a demandé qu'on lui serve à boire car il avait vu l'attaque.

« Ces gens ont été touchés juste parce qu'ils étaient dehors. N'importe qui aurait pu se trouver à leur place. Nous nous sommes cachés dans un sous-sol avant de remonter et de sortir. La folie », raconte-t-il.

Parmi ceux qui se sont empressés pour venir en aide aux blessés figure un médecin russe.
« Une masse de gens marche rapidement du côté du London Bridge. Certains pleurent. Le nombre de couples qui se tiennent fermement la main est impressionnant. Le trafic est bloqué, la police et des ambulances foncent dans la direction opposée. Des hélicoptères survolent la rue. Tous les magasins et les bars ont été fermés en cinq minutes. Des clients se massent dans la rue ».
Un autre témoin oculaire, Gérard, rentrait d'un pub de Borough quand il a vu trois terroristes armés de couteaux.
« Ils ont couru sur la route, j'ai crié: "Sauvez-vous tous, ils égorgent tout le monde". J'ai couru après eux. Ils ont fait un saut dans un établissement, ont blessé un homme de grande taille. Ils entraient dans tous les bars, dans tous les pubs. Ils poignardaient tout le monde. J'ai lancé contre eux des bouteilles, des verres, des chaises. J'essayais de sauver le maximum de gens. Mais j'étais sans défense. Si j'étais tombé à terre, ils m'auraient tué », a raconté Gérard à la BBC, ajoutant: « je sais que c'était bête, mais je tentais de sauver des vies humaines ».
Les Londoniens ne sont pas restés indifférents après les attaques qui ont secoué la capitale britannique. Plusieurs personnes ont proposé de loger les habitants des bâtiments proches des lieux des incidents qui avaient été évacués par la police.


Qui sont les victimes?


Plusieurs ressortissants étrangers figurent parmi les blessés. Un Français et un Canadien ont perdu la vie lors de l'attaque. Selon les informations présentées par le chef adjoint de la police, sept Français et deux Allemands, un Australien et un Espagnol ont été également blessés. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a confirmé ces informations précisant qu'un citoyen français était toujours porté disparu.

En outre, le premier policier venu sur les lieux de l'attaque sur le London Bridge a été blessé et se trouve dans un état critique, a relaté la chaîne de télévision Sky News.

Actuellement, d'après le représentant de Scotland Yard, 36 personnes sont toujours hospitalisées, 21 dans un état critique.

Douze interpellations

Dans le cadre de l'opération menée dans l'est de la capitale britannique, la police a interpellé 12 personnes suspectées d'être en lien avec les attentats terroristes du London Bridge et de Borough Market. Un photographe de l'AFP a réalisé sur lequel on aperçoit quatre femmes emmenées par la police et qui se couvrent le visage avec un foulard. Les perquisitions se poursuivent actuellement. Le quartier de Borough Market, sur la rive sud de la Tamise, restait bouclé dimanche à la mi-journée par des policiers armés, tandis que les enquêteurs cherchaient à déterminer si les auteurs avaient bénéficié de complicités. Scotland Yard affirme avoir « bien avancé » dans l'enquête.

Quelle réaction de la reine et du Premier ministre?

Le Premier ministre britannique Theresa May a rendu visite à plusieurs blessés dans les hôpitaux de Londres. Ces visites ont été faites d'une manière très discrète, sans attirer l'attention des médias. De son côté, la reine Élisabeth II s'est rendue dans une des églises à Windsor pour prier à la mémoire des victimes des attentats.

Quel écho dans le monde?

De nombreux dirigeants ont adressé leurs sincères condoléances au peuple britannique en prônant la nécessité de travailler ensemble pour combattre la menace terroriste.

Ainsi, le chef d'État américain a appelé à rejeter le politiquement correct pour assurer la sécurité de la population. Cet avis est partagé par le président du parti polonais Droit et justice Jarosław Kaczyński, qui estime que face au terrorisme il faut en finir avec « la courtoisie politique » et renforcer ses forces de l'ordre.

De son côté, le Président russe a condamné ce crime « choquant par sa violence et son cynisme », soulignant que « l'accroissement des efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme de par le monde doit servir de réponse commune [ aux attaques de Londres, ndlr ] ».

À son tour, le dirigeant français Emmanuel Macron a mis l'accent sur « l'importance de la coopération européenne » dans la lutte antiterroriste. Plus tôt dans la journée, sa rivale dans la course présidentielle, la présidente du FN Marine Le Pen, a appelé M. Macron à prendre la tête d'un « Yalta du contre-terrorisme » regroupant Berlin, Londres, Moscou, Paris et Washington afin de mettre en place des mesures pour éradiquer le fondamentalisme islamiste.