Dans un livre dont le Guardian publie des extraits, un chercheur américain révèle que le trafic d'êtres humains ne s'est jamais aussi bien porté.

Esclavagiste, un métier d'avenir ? C'est le triste constat de Siddharth Kara, un économiste américain spécialiste de l'esclavage et du trafic d'êtres humains à la Harvard Kennedy School, établi dans son livre L'Esclavage moderne à paraître en octobre, mais dont le Guardian publie certaines conclusions en exclusivité. Pour ce livre, il s'est appuyé sur les données de 51 pays pendant une période de 15 ans et sur les entretiens détaillés de plus de 5 000 personnes ayant été elles-mêmes victimes de l'esclavage.
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« Il s'est avéré que l'esclavage est aujourd'hui beaucoup plus profitable que ce que j'avais imaginé », a confié Siddharth Kara au quotidien britannique, « les profits pour un esclave basique peuvent aller de quelques milliers de dollars à des centaines de milliers de dollars par an ». Il estime qu'en moyenne, un esclave rapporte 3 978 dollars par an. Mais « l'industrie » de la traite d'êtres humains est dominée par l'esclavage sexuel. Alors que ses victimes représentent 5 % des esclaves, leur exploitation constitue 50 % de ces revenus illégaux. Le retour sur investissement pour les esclavagistes est aujourd'hui 25 à 30 fois plus élevé qu'aux XVIIIe et XIXe siècles.

21 millions de personnes

L'Organisation mondiale du travail considère qu'aujourd'hui, au moins 21 millions de personnes sont réduites en esclavage. C'est plus que lorsque l'esclavage était légal, entre les XVe et XIXe siècles. Les experts considèrent que 13 millions de personnes avaient alors été capturées et vendues. Cette prospérité de l'esclavage moderne, Siddharth Kara l'explique par la « facilité » de pratiquer la traite d'êtres humains à l'ère des transports et des technologies modernes. « Les esclaves peuvent être achetés, exploités et jetés dans une période relativement courte, tout en assurant des profits immenses à leurs exploiteurs. L'absence d'une réponse globale à ce problème laisse la pratique persister. Tant que l'esclavage ne sera pas perçu comme une manière hautement risquée et très chère d'exploiter de la main-d'œuvre, la réalité ne changera pas. »