220 passagers français de XL Airways bloqués, parfois plusieurs jours, à New York à cause de la vague de froid vont se retourner ensemble contre la compagnie.

Airport John F. Kennedy, New York
© REUTERS/ANDREW KELLYAéroport John F. Kennedy, New York (Etats-Unis), le 7 janvier. Les voyageurs estiment ne pas avoir été suffisamment bien pris en charge, s’étant sentis « abandonnés ».
C'est sans doute une première en France. Deux cent vingt passagers de trois vols New York-Paris assurés par XL Airways se sont fédérés pour engager un recours collectif contre la compagnie. Leur force ? L'utilisation de l'application WhatsApp qui permet de créer des groupes de discussion.

Parmi ces passagers connectés, Sandrine Thuret, francilienne, l'assure : « Je ne lâcherai pas, ce que nous avons vécu est totalement inadmissible ! Laisser les gens dormir au sol avec des enfants, aucune information ni aucune assistance aux passagers qui étaient comme prisonniers... » « Notre vol du 4 janvier a été annulé. Pourtant, de la porte et à l'heure où nous devions embarquer, un avion d'Egyptair, avec une amie à bord, est bien parti, lui. Il faudra nous expliquer pourquoi il a décollé à notre place ! » renchérit une autre connectée en colère du vol 51, Yasmine Awad, analyste financière.

Devoir d'assistance

Au départ, ce sont les conditions de froid extrême sur New York qui ont entraîné la paralysie du trafic. Mais, comme les voyageurs d'autres compagnies s'en sont plaints, notamment plusieurs de Norwegian Air, la prise en charge des voyageurs retardés n'a pas été à la hauteur. Beaucoup, comme Mathieu Villard, se sont sentis « abandonnés » et contraints d'engager des dépenses de plusieurs milliers d'euros pour loger et nourrir leur famille bloquée jusqu'à six jours pour certains.

« La réglementation européenne n'impose pas d'indemniser des voyageurs en cas de circonstances extrêmes, comme une tempête de neige, explique l'UFC-Que choisir ; mais les compagnies européennes ou atterrissant en Europe ont un devoir d'assistance : apporter des boissons fraîches, aider ceux qui n'en ont pas à trouver un hébergement... »

Personnel épuisé

Pour la petite histoire, des passagers de Norwegian Air retardés plusieurs jours ont pu rentrer en France grâce à... XL Airways. La compagnie française n'a pas souhaité réagir au projet d'action groupée en justice. Elle explique que son personnel, très mobilisé pendant cette période de six jours, est aujourd'hui épuisé et a tenté de faire le maximum.

Certains voyageurs de Norwegian Air n'excluent pas d'agir collectivement, comme Nicolas Bohn : « Je leur ai demandé le remboursement des frais que j'ai eus pour les trois jours de retard. S'ils refusent, nous étudierons la possibilité d'engager des poursuites contre la compagnie. »

Autre Français bloqué à New York, mais transporté, lui, par Lufthansa, Christian Heiss s'est tourné vers une société spécialisée dans les recours contre les compagnies aériennes. Sans doute les seules gagnantes dans cette affaire, puisqu'elles prélèvent autour de 25 % des indemnités obtenues de la compagnie...
« On va voir s'il y a eu mise en danger d'autrui »

Me Lorraine Papart a vécu avec eux la galère des 220 passagers qui lui ont demandé de les défendre. « On ne peut pas lancer de class action, mais on va envoyer une mise en demeure d'indemnisation et lancer une action groupée devant le tribunal d'instance de Paris si on n'obtient pas gain de cause », explique-t-elle. L'avocate du barreau de Paris relève « la violation de plusieurs obligations » par la compagnie : « D'abord, la tempête de neige à New York, ça n'est pas exceptionnel. La réglementation européenne impose aux compagnies de l'UE une assistance aux passagers et une obligation d'information. Et on va voir s'il y a eu mise en danger d'autrui : des malades n'ont pas eu accès à leurs médicaments coincés dans leurs bagages perdus, des femmes enceintes ont dormi par terre. Je n'ai jamais vu une situation aussi grave », conclut-elle.