Enquête sur les sordides et lucratifs trafics d'enfants qui perdurent en Europe. Pour la plupart originaires d'Europe de l'Est ou d'Afrique, mais parfois aussi de France ou d'Allemagne, filles et garçons sont vendus comme esclaves domestiques ou sexuels, ou encore mis à la rue pour mendier ou faire les poches des passants. D'où vient la demande et qui sont les trafiquants ?
Children traffic
© arte
Le trafic d'enfants est un marché lucratif qui, avec les drogues et les armes, représente l'une des activités les plus prisées des réseaux criminels en Europe. Pour la plupart originaires d'Europe de l'Est ou d'Afrique, mais parfois également de France ou d'Allemagne, filles et garçons sont vendus comme esclaves domestiques ou sexuels, ou encore mis à la rue pour mendier ou faire les poches des passants. Mais d'où vient la demande ? Qui sont les trafiquants ? Comment les réseaux s'organisent-ils, et pourquoi ce sujet reste-t-il relativement tabou dans les prises de parole politiques ?


Commentaire : Tabou ou caché par les médias ?


Sylvia Nagel mène l'enquête, à la rencontre en France et en Allemagne d'anciennes victimes comme de policiers et de défenseurs des droits humains qui luttent pour démanteler ces réseaux criminels. Elle montre aussi comment les nouvelles technologies, en l'occurrence aujourd'hui le Darknet, leur ont donné un nouvel essor.

Cela se passe chez nous sous nos yeux. C'est un très gros problème car ce trafic génère de l'argent facile.

« J'étais la meilleure pouliche de son écurie, la gentille jeune fille d'à côté. C'était trop pour moi. »

Les femmes dont on a cassé la volonté très jeunes restent marquées à vie.

« Si je m'étais défendu, ils m'auraient tué. »

C'est un grave problème de société et tout le monde préfère regarder ailleurs. La plus grande injustice sociale à mes yeux est l'esclavage moderne. Dans les grandes politiques publiques nationales, ce n'est pas un sujet que l'on voit. Le trafic d'enfants recouvre différents délits : séquestration, pédopornographie, adoptions illégales, exploitation par le travail, mendicité et vol, prélèvement d'organes et surtout prostitution forcée.

Il existe des organisations qui se livrent au trafic d'enfants et à leur exploitation sexuelle, ce ne sont pas des actes isolés c'est bel et bien de la criminalité organisée. Et il s'agit d'un marché très lucratif. Car les mineurs sont des proies extrêmement convoitées. Linda avait 16 ans quand elle a rencontré l'homme qui est devenu son proxénète.

« Je suis tout de suite tombée amoureuse de lui c'est allé très vite, j'étais en mal d'affection à l'époque mais avec lui je me sentais comme une princesse et me disait que j'étais une fille super avec beaucoup de potentiel parce que tous les hommes avaient envie de moi parce que j'étais la femme idéale. Et puis le martyre a commencé dès le premier client. On était dans un petit hôtel, je crois que mon herpès date de ce jour-là, c'était vraiment horrible crasseux et tout, mais quand on vous donne 50 euros de pourboire d'un coup ça motive, pour moi c'était incroyable. Après il est revenu dans la chambre pour m'apporter mon plat préféré et il m'a donné un portable tout neuf. Je me suis dit "super", il me fait des cadeaux ils se donnent du mal pour moi. Je n'en revenais pas, on ne s'était jamais occupé de moi. »
Via danactu-résistance