Des études indépendantes récentes indiquent que l'extinction généralisée des populations d'insectes nous menace, notamment d'abeilles, à cause du déploiement massif de pesticides (« produits phytosanitaires ») par l'industrie agricole.
insectes
© Inconnu
Pour la plupart d'entre nous, les insectes tels que mouches, moustiques ou guêpes sont des nuisances à éviter. Cependant, ces études indiquent que nous risquons d'éliminer massivement les insectes qui sont vitaux pour la préservation de l'équilibre de la nature. Les conséquences pour la vie humaine commencent à peine d'être sérieusement prises en compte !

La première étude mondiale sur le déclin des espèces et du nombre d'insectes vient d'être publiée par la revue Biological Conservation. Les conclusions sont plus qu'inquiétantes. Parmi d'autres conclusions, l'étude a révélé que plus de 40% des espèces d'insectes sont menacées d'extinction.

L'étude révèle que la perte d'habitat résultant de la conversion à l'agriculture intensive est le principal facteur de déclin, ainsi que des polluants agrochimiques y associés - tels que le glyphosate, les néonicotinoïdes et d'autres pesticides.

Les auteurs expliquent :
« Nous présentons ici un examen complet de 73 rapports historiques sur le déclin des insectes dans le monde et évaluons systématiquement les facteurs sous-adjacents. Nos travaux révèlent des taux de déclin spectaculaires qui pourraient entraîner la disparition de 40% des espèces d'insectes dans le monde au cours des prochaines décennies ».
L'étude note que des analyses récentes indiquent que l'utilisation extensive de pesticides est le principal facteur responsable du déclin des oiseaux de champ et les organismes aquatiques tels que les poissons ou les grenouilles.

Elle cite notamment les résultats d'une étude, réalisée durant une période de 27 ans, des populations d'insectes dans certaines réserves naturelles protégées d'Allemagne, et qui a révélé :
« un recul choquant de 76% de la biomasse d'insectes volants dans plusieurs zones protégées d'Allemagne... une perte moyenne de 2,8% de la biomasse d'insectes par an dans des habitats soumis à des niveaux de perturbations humaines relativement faibles ».
Fait très inquiétant, l'étude montre une tendance à la baisse constante sur près de trois décennies.

Une autre étude menée dans les forêts tropicales humides de Porto Rico a révélé des pertes de biomasse
« comprises entre 98% et 78% pour les arthropodes se nourrissant au sol, et pour ceux vivant dans la canopée, sur une période de 36 ans, ainsi qu'une baisse parallèle du nombre d'oiseaux, de grenouilles et de lézards dans les mêmes zones... »
Un déclin de la population d'abeilles, surtout de bourdons, est particulièrement alarmant. Depuis 1980, ils ont constaté que les espèces d'abeilles sauvages en Grande-Bretagne ont diminué de 52%, et aux Pays-Bas de 67%.

Aux États-Unis, pays qui a lancé l'industrie agroalimentaire intensive et l'utilisation généralisée de produits chimiques après la Seconde Guerre mondiale, la population d'abeilles sauvages a décliné dans 23% du pays entre 2008 et 2013, principalement dans le Midwest, les grandes plaines et la vallée du Mississippi. C'est dans ces zones que la production céréalière, en particulier le maïs OGM destiné à la production de biocarburants utilisant du glyphosate et d'autres produits chimiques, est prédominant. Dans l'ensemble, les États-Unis sont passés d'un sommet de six millions de colonies d'abeilles mellifères en 1947 à moins de la moitié, soit environ 2,5 millions de colonies aujourd'hui. Le déclin a commencé immédiatement après l'utilisation importante de l'insecticide organochloré DDT dans l'agriculture. Il s'est poursuivi sans relâche, même après l'interdiction du DDT en 1972 aux États-Unis, le DDT ayant été substitué par des solutions de remplacement à base de glyphosate et d'autres pesticides chimiques.

(Décimés: les oiseaux d'Allemagne disparaissent alors que l'abondance d'insectes plonge de 76%)

Déclin irréversible ?
abeille
© Inconnu
Le public en général comprend mal le rôle essentiel joué par les insectes dans la préservation de la nature et des espèces. Comme le rapport l'indique :
« les musaraignes, les taupes, les hérissons, les fourmiliers, les lézards, les amphibiens, la plupart des chauves-souris, de nombreux oiseaux et poissons se nourrissent d'insectes ou en dépendent pour élever leur progéniture. Même si certains insectes en déclin pourraient être remplacés par d'autres, il est difficile d'envisager une réduction nette de la biomasse globale d'insectes. »
Cette étude conclut notamment que
« Parmi toutes les pratiques agronomiques, c'est l'application d'herbicides sur les terres arables qui a eu le plus grand effet négatif sur des plantes terrestres et aquatiques ainsi que la diversité des insectes. »
Le glyphosate et le Monsanto Roundup à base de glyphosate, sont les herbicides les plus largement utilisés dans le monde aujourd'hui.

papillon
© Inconnu
Une autre étude récente de la California Xerces Society pour la conservation des invertébrés a révélé que la population de papillons monarques de Californie était à son plus bas niveau. À partir des années 1980, année du début de la surveillance, et jusqu'en 2017, environ 97% des monarques avaient disparu. Puis, de 2017 à aujourd'hui, une autre baisse de 85% a été enregistrée. Les scientifiques affirment que l'utilisation intensive de pesticides dans l'agriculture est la principale cause de ce déclin.

Des scientifiques de l'Université du Texas ont identifié durant leurs expériences, que le glyphosate - l'herbicide controversé du Roundup de Monsanto - nuit au microbiote des abeilles domestiques, ce qui est essentiel pour la croissance et la résistance aux agents pathogènes. Ceci, ajoutant aux études menées précédemment liant les pesticides néonicotinoïdes à la mort d'abeilles, exige que nous devions remettre en question d'urgence l'utilisation de ces toxines si largement appliquées à nos cultures agricoles.

Le plus grand fournisseur au monde de néonicotinoïdes et de Roundup à base de glyphosate est le géant industriel qui résulte de la fusion Monsanto-Bayer.

Toutes ces études mettent l'accent sur un aspect des dégâts agrochimiques jusqu'à présent largement ignorés.

Les insectes constituent la base structurelle et fonctionnelle de nombreux écosystèmes de la terre. Un monde sans oiseaux ni abeilles engendrerait des dommages catastrophiques à toute la vie sur notre planète. Sans insectes, des écosystèmes entiers s'effondrent.

Plutôt que de résoudre le problème de la faim dans le monde comme prétend rechercher l'industrie agrochimique, la promotion et production de pesticides tels que le glyphosate risquent de détruire tout notre système alimentaire.

Personne sain d'esprit ne voudrait faire cela, n'est pas ?