Facebook semble encore être parti pour une année entière de tourments comme l'année précédente suite aux événements du scandale du Cambridge Analytica. Selon des informations parues cette semaine, Facebook pourrait faire face dans les prochains jours à d'autres accusations de la Federal Trade Commission (FTC). Des sources anonymes ont révélé au Washington Post ce mardi que la FTC s'apprêtait à porter contre Facebook d'autres allégations en matière de violation de données. Ce dernier aurait induit en erreur les utilisateurs sur la façon dont il utilisait leurs numéros de téléphone et aurait également fait une mauvaise utilisation de sa fonctionnalité de reconnaissance faciale.
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La FTC pourrait porter plainte contre Facebook pour la manière dont il utilisait les numéros de téléphone de ses utilisateurs

Selon The Washington Post, une autre plainte de la FTC pour violation de données personnelles de ses utilisateurs devrait encore frapper Facebook ce mercredi ou au cours de la semaine. Le quotidien américain a rapporté que la FTC prévoit, dans le cadre d'une plainte de grande ampleur qui accompagne un règlement mettant fin à l'enquête du gouvernement sur la vie privée, d'alléguer que Facebook aurait induit en erreur ses utilisateurs sur la façon dont il utilisait leurs numéros de téléphone. Dans la plainte, qui n'a pas encore été publiée, les régulateurs contestent la mise en œuvre antérieure par Facebook de la fonctionnalité de sécurité d'authentification à deux facteurs.

Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs de demander un mot de passe à usage unique, envoyé par SMS, chaque fois qu'ils se connectent au site de réseautage social. Seulement, il semblerait que Facebook ait partagé les numéros de téléphone de millions de ses utilisateurs avec certains annonceurs et promoteurs de services. En effet, The Washington Post rapporte que certains annonceurs ayant téléchargé ces informations ont réussi à cibler les utilisateurs de Facebook. Cette utilisation abusive des numéros de téléphone a été identifiée pour la première fois dans les reportages des médias et par des universitaires cette année. Cependant, la plainte ne se limite pas uniquement à ces faits.

Facebook risque aussi d'être poursuivi pour la manière dont il faisait usage de son outil de reconnaissance faciale

Selon les deux sources proches du dossier auprès desquelles The Washington Post a obtenu les informations, la FTC va également accuser Facebook d'avoir fait une mauvaise utilisation de son outil de reconnaissance faciale. L'agence de régulation fédérale prévoit d'alléguer que Facebook n'a pas fourni suffisamment d'informations aux utilisateurs (environ 30 millions) sur leur capacité à désactiver un outil permettant d'identifier et de proposer des tags pour les photos. Le problème de la reconnaissance faciale avait déjà été annoncé plus tôt cette année par le groupe de défense des consommateurs Consumer Reports.

En effet, lorsque vous postez une photo de vous sur Facebook, l'application est en mesure de déterminer qui sont les autres personnes présentes sur la photo. En fait, Facebook en est capable grâce à son algorithme de reconnaissance faciale. Mais étant donné que votre visage est privé, certains analystes ont estimé qu'il serait préférable que Facebook obtienne au préalable votre consentement avant de pouvoir l'enregistrer. Et donc, en 2017, Facebook a annoncé qu'une nouvelle fonctionnalité permettrait à tout utilisateur de choisir d'utiliser ou pas cette fonctionnalité de reconnaissance faciale.

Mais il semble que cette option ne soit pas disponible pour tous les utilisateurs. En mai 2019, Consumer Reports, un groupe de défense des consommateurs, a mené une étude qualitative et celle-ci suggère que de nombreux utilisateurs de Facebook n'ont pas la possibilité de désactiver la fonction de reconnaissance faciale ni d'empêcher le réseau social d'utiliser la technologie pour identifier leurs visages sur la plate-forme. L'étude a été menée sur 31 utilisateurs aux USA et Consumer Reports a découvert que 8 comptes, soit environ 25 %, ne disposaient pas du paramètre permettant de désactiver la reconnaissance faciale.

Les deux violations de la vie privée sont incluses dans une plainte liée à un règlement négocié entre la FTC et Facebook, qui, selon de nombreuses sources, devraient être annoncées mercredi. L'accord impose à Facebook de se soumettre à une surveillance fédérale sans précédent de ses pratiques commerciales. L'entreprise devra approuver l'idée de la création d'un comité spécial sur son conseil d'administration qui sera chargé de certifier régulièrement que le géant de la technologie traite correctement les données des utilisateurs. Selon le quotidien américain, la Federal Trade Commission a refusé d'apporter des commentaires sur le sujet et Facebook a également refusé de commenter.

L'enquête de la FTC sur les bavures commises par Facebook dure depuis environ 16 mois maintenant. Elle a révélé une panoplie de scandales relatifs à la vie privée et l'on se demande si la FTC va sanctionner de nouveau le géant de la technologie pour ces violations supplémentaires ou donner une table rase à l'avenir. Selon trois autres personnes proches du dossier, Facebook ne sera pas obligé d'admettre sa culpabilité afin d'éviter d'autres amendes. D'après les explications du WP, la FTC peut décider de passer un accord avec les entreprises, espérant que ces dernières changent de comportement.

Autrement dit, la FTC permet souvent aux entreprises d'éviter d'admettre des actes répréhensibles dans le cadre de ses accords mettant fin aux enquêtes. Le régulateur fédéral choisit plutôt de concentrer sa puissance légale sur la garantie de modifications substantielles des pratiques commerciales d'une entreprise incriminée. Il existe de nombreux exemples de ce type. En 2012, Google a, par exemple, évité une déclaration de culpabilité lorsqu'elle a été sanctionnée par la Federal Trade Commission pour violation de vie privée dans le cadre d'un accord avec l'agence qui prévoyait que le géant de la technologie paie une amende de 22,5 millions de dollars.

Lundi dernier, Equifax n'a pas non plus avoué sa culpabilité à la FTC alors même qu'elle s'était engagée à améliorer ses pratiques en matière de cybersécurité. L'agence d'évaluation du crédit a attiré l'attention de la FTC après une grave atteinte à la sécurité en 2017, mettant en péril les données personnelles de 147 millions d'Américains. Par contre, certains critiques estiment que la FTC est trop indulgente avec les entreprises, en particulier Facebook. En d'autres termes, la FTC n'est pas du tout agressive dans ses négociations avec Facebook.

Ces derniers s'insurgent également du faible montant de la précédente amende dont a écopé l'entreprise. Rappelons que Facebook a été condamnée à payer une amende de 5 milliards de dollars à la suite de l'enquête de la FTC sur le scandale du Cambridge Analytica.

Source : The Washington Post