Ce qui suit est la première partie d'une série de trois articles. La deuxième partie est ICI, et la troisième partie sera traduite prochainement. Cette série a initialement été publiée en 2011.


Commentaire : Est-il utile de prévenir le lecteur que ce qui suit constitue dans sa totalité un « éclairage » dans la compréhension de certains mécanismes des événements « pandémiques » en cours ?


Dans Christophe Colomb et autres cannibales, l'auteur indigène Jack D. Forbes explore avec lucidité une pathologie qui a façonné chez l'humain une attitude autodestructrice connue depuis de nombreuses années par les Amérindiens. La description qu'il fait de cette maladie me semble clairement identique à la maladie psycho-spirituelle de l'âme décrite dans mon livre, The Madness of George W. Bush: A Reflection of our Collective Psychosis [« La folie de George W. Bush - Un reflet de notre psychose collective », ouvrage non traduit en français - NdT]. J'y expose le concept de psychose collective que j'appelle « égophrénie maligne », à laquelle l'humanité est en proie depuis l'aube de son histoire. Forbes décrit cette même pandémie psychique ainsi :
« Depuis des milliers d'années, les êtres humains souffrent d'un fléau, d'une affection pire que la lèpre, d'un mal pire que la malaria, d'une maladie bien plus terrible que la variole. ».
Humain trois faces
© Inconnu
Depuis des siècles, les peuples natifs traquent le même virus « psychique » que j'appelle « égophrénie » maligne et qu'ils nomment wétiko, du terme crée pour désigner une personne ou un esprit malveillant qui terrorise les autres [« par des actes terribles et diaboliques incluant le cannibalisme », d'après Christophe Colomb et autres cannibales de Forbes - NdT]. Le professeur Forbes, qui fut l'un des fondateurs du mouvement amérindien au début des années 60, déclare : « L'histoire épidémiologique de la maladie du wétiko constitue, en grande partie et de façon tragique, l'histoire du monde des 2 000 dernières années. ». « Maladie de l'âme ou de l'esprit », le wétiko/égophrénie maligne est au sens propre du terme une « psychose ». Nous désignons Forbes et moi, bien que sous un nom différent, la même maladie de la psyché, de l'âme et de l'esprit à l'origine de l'inhumanité de l'humanité envers elle-même.

L'étude de l'entité du wétiko nécessite au préalable d'invoquer son esprit et d'entrer en relation avec lui, comme pour un rituel magique. Pour éviter une trop grande « imbrication » avec l'objet de notre contemplation, le wétiko doit être considéré et abordé avec un maximum d'objectivité, comme s'il nous était extérieur. L'épidémiologie du wétiko se distingue de celle de toute autre maladie par son origine psychique unique. L'incarnation du virus wetiko dans la psyché même qui constitue le fondement de notre enquête, pose un vrai défi. Conscient de ce dilemme, Forbes indique qu'il tente d'examiner la maladie « d'un point de vue aussi libre que possible des hypothèses créées par la maladie même qui est étudiée. ». Si le cadre de référence nous permettant d'examiner le virus du wétiko nous est inconnu, la clairvoyance requise pour initier le processus de guérison sera obscurcie par la maladie et notre enquête compromise. L'observation à la fois chez les autres et dans l'« autre » aspect de soi du processus par lequel le virus se manifeste permet de « le » voir de façon plus objective. Voir et reconnaître les manifestations de cette psychose dans le monde constitue une image reflet nous permettant de voir et reconnaître la même maladie telle qu'elle se présente subjectivement dans notre propre esprit.

Après l'avoir invoquée pour en faire l'étude la plus objective possible, et afin d'éviter que son esprit mercuriel ne se dissémine à nouveau dans l'invisibilité de l'inconscient où il agirait en notre nom, une entité de type wétiko doit être confinée dans un vase alchimique hermétiquement clos. L'édification d'un réceptacle propre à maintenir captifs des esprits importuns comme le wétiko est cruciale, et Jung n'a jamais cessé d'en souligner l'importance :
« Par conséquent, si "quelque chose" ne va pas [entre vous et quelqu'un d'autre - Ndt], déplacez-le [ce quelque chose - NdT] dans le réceptacle situé entre votre voisin et vous-même [au lieu de le projeter sur l'autre - NdT].
[...] Pour l'amour de l'humanité, créez un réceptacle dans lequel vous pourrez emprisonner tout ce satané poison. Car il doit être quelque part — il est omniprésent — et ne pas s'en emparer, dire qu'il n'existe pas, confère la meilleure occasion à n'importe quel germe [de se manifester]. »

~ C. G. Jung, Nietzsche's Zarathustra, Vol. 2, p. 1321 [issue des Notes du séminaire de 1934-1939 et non traduit en français - NdT]
Bien que le wétiko soit un esprit furtif difficile à cerner et à définir en « ceci » ou « cela », il est pourtant essentiel d'essayer de déterminer ses propriétés. Le virus wétiko ne peut pas être isolé matériellement à l'instar d'un virus physique, mais sa signature caractéristique peut être détectée et observée dans le fonctionnement singulier d'une psyché sous son emprise. Ne pas reconnaître l'existence de l'état latent du wétiko — « dire qu'il n'existe pas » — permet à l'infection psychique de se manifester sans aucune entrave. Être « omniprésent », c'est être non-local, ce qui signifie qu'il est potentiellement toujours quelque part, voire particulièrement présent en chacun de nous. Le vase alchimique est créé simultanément à l'invocation de, et à l'enquête sur l'esprit du wétiko, et rend possible son étude pour percer à jour sa nature et observer son influence dans le monde, chez les autres et, subjectivement, en nous-mêmes. Pour boucler la boucle de notre exercice/exorcisme contemplatif, il faut revenir à soi de manière homéopathique. Il est possible alors de constater que — comme dans un rêve où l'intérieur est l'extérieur — le virus du wétiko traqué « là-bas », en dehors de soi, est le reflet en soi du même processus et qu'ils sont en corrélation. Une révélation est encodée dans la symptomatologie du wétiko, un élément dont la connaissance nous est vitale.

Une maladie inhérente à la civilisation

Le wétiko/égophrénie maligne est une maladie inhérente à la civilisation, ou à son absence. Pour citer Forbes :
« L'expansion de la maladie du wétiko correspond dans une large mesure à l'essor de ce que les Européens choisissent d'appeler civilisation. Ce n'est pas une simple coïncidence. ».
Terre, Étoile de la mort
© InconnuTerre, Étoile de la mort
La nature insoutenable de la civilisation industrielle est basée sur la violence et en exige de plus en plus pour perdurer. En essence, une « civilisation » digne de ce nom implique de ne pas tuer les gens. À propos du manque de « civilité » dans la société moderne, on a demandé à Gandhi ce qu'il pensait de la civilisation occidentale et il a répondu : « Je pense que ce serait une bonne idée ». Les populations natives connaissent l'égophrénie maligne et c'est logique puisqu'elles ont d'abord été opprimées par la civilisation moderne avant d'être soumises à sa « malédiction ». Vivre sous l'emprise de la civilisation moderne peut donner l'impression de vivre sur une terre occupée en ce qu'elle impose une chose étrangère à la nature de celui qui la subit. La civilisation moderne souffre de l'excessive domination de l'esprit rationnel et intellectuel, dans une unilatéralité qui semble nous déconnecter de la nature, de l'empathie et de nous-mêmes.

Forbes poursuit : « cette maladie, cette psychose wétiko (cannibale), est la plus grande pandémie connue qui affecte l'humanité ». Notre espèce est au centre d'une massive contagion psychique, une virulente psychose collective qui couve dans le chaudron de la psyché humaine depuis toujours. À la manière d'une fractale, le wétiko opère simultanément sur plusieurs dimensions — intrapersonnelle, au sein des individus ; interpersonnelle, entre les individus ; collective, en tant qu'espèce. « Le cannibalisme », selon les termes de Forbes, « consiste à se nourrir de la vie d'autrui à des fins privées ou de profit ». Les personnes atteintes du wétiko consomment, comme des cannibales, la force vitale des autres créatures, qu'elles soient humaines ou pas, sans rien donner d'eux-mêmes en retour. La destruction par les compagnies pétrolières de la forêt amazonienne — les poumons de notre planète — est un exemple symbolisant notre folie collective et autodestructrice. Cet exemple est très révélateur et illustre ce que nous nous infligeons à nous-mêmes. Prenons un autre exemple littéral qui illustre de manière symbolique la multiplicité des actions du wétiko ; les semences « à usage unique » de Monsanto sont modifiées pour empêcher toute reproduction, obligeant ainsi les agriculteurs à lui en acheter de nouvelles pour la récolte suivante. Pendant que Monsanto s'enrichit grâce à ce processus, des vagues de suicide se produisent parmi les agriculteurs pauvres dont la survie est devenue impossible. Revenons à ce qu'écrit Forbes :
« Se nourrir d'autres êtres humains constitue le trait majeur du wétiko, ce qui fait de lui un prédateur et un cannibale. C'est l'essence même de la maladie. »
Les prédateurs, les wétikos « à part entière » sont coupés de leur propre humanité et donc inaptes à voir l'humanité chez les autres. Par contre, les autres sont pour eux soit une proie potentielle soit une menace à leur domination. Une personne sous l'emprise totale de la psychose wétiko ne se nourrit pas seulement de corps physiques et de biens matériels, elle absorbe dans son sens le plus littéral la vie des autres de manière physique, émotionnelle, psychique et méta-physique, comme s'il s'agissait d'une espèce différente de l'être humain ordinaire dont la prédation s'apparente plus à l'animal. Les wétikos sont les « anti-artistes » de notre culture et constituent l'antithèse des artistes créatifs. Ils appauvrissent et épuisent sans relâche la planète de ses ressources qu'ils s'approprient et consomment sans rien donner en retour, aux antipodes d'un artiste qui crée un sens à la vie et enrichit le monde sans voler les autres.

Matrix et agent Smith
© MatrixUne fois que nous les voyons pour ce qu'ils sont vraiment, les wétikos deviennent complètement prévisibles.
Nous sommes aujourd'hui au cœur de « la plus terrible des pandémies connue de l'humanité », et notre folie collective est à ce point répandue qu'elle est devenue la norme sans que la plupart d'entre nous n'en aient même conscience. Parce que nous voyons et interprétons le monde à travers cette névrose collective, nous y sommes devenus indifférents ; cette indifférence lui octroie un caractère d'invisibilité qui fait de nous des complices involontaires de mort et de destruction effroyables sur notre planète. De par son aspect « trans-parent », notre folie ne se limite pas à sa simple apparence, elle est « au-delà de ce qu'elle paraît », à savoir invisible. S'exprimant à la fois dans notre façon limitée d'envisager les choses et dans toutes celles que nous avons été conditionnés à ne pas percevoir, notre psychose collective nous est indiscernable. Sa cape d'invisibilité nous prédispose à un aveuglement psychique qui nous rend complice de la création de notre folie.

La plupart d'entre nous ne peut concevoir le degré de malfaisance des victimes sous l'emprise totale du wétiko, ni ce dont ils sont capables. Notre difficulté à concevoir l'existence probable du mal au sein de l'humanité est le reflet direct de notre lacune à le discerner en chacun de nous, ce qui confère à la malignité du wétiko une liberté de manœuvre quasi souveraine. Dans notre cécité psychique, nous sommes complices de la propagation d'un mal systémique dont la profondeur l'emporte sur le pouvoir des mots à le décrire pleinement. Il paralyse nos compétences linguistiques à énoncer notre expérience, créant un fossé en apparence infranchissable entre le langage et l'événement qu'il est censé décrire. Une fois ce lieu vierge de toute dénomination atteint, nous apprenons et créons simultanément un nouveau langage, une langue universelle qui transcende le langage lui-même, un langage connu sous le nom d'art.

Un parasite d'un genre différent

Forbes écrit qu'une fois infectés par le virus wétiko, les individus deviennent « l'hôte des parasites du wétiko », un ténia psychique, un « parasite de l'esprit ». À l'instar d'un ordinateur infecté par certains virus ou logiciels malveillants dont la programmation peut entraîner l'arrêt du système, le système organique humain peut être configuré par le wétiko pour penser et se comporter de manière à provoquer son auto-destruction. Lorsqu'elles sont inconsciemment mises en œuvre, les formes-pensées insufflées à notre esprit par le wétiko le nourrissent et finissent par tuer son hôte (nous). Toutefois, l'hôte doit vivre assez longtemps pour disséminer le virus que le wétiko s'emploie à propager dans tout le champ par la mise en œuvre de son programme d'auto-reproduction. S'il meurt trop tôt, le virus sera prématurément expulsé et obligé d'en trouver un autre.

Afin de servir son infâme programme, le virus du wétiko entraîne une partie pathologiquement atteinte de la psyché à se propager pour s'approprier et englober toutes celles qui sont saines. La personnalité édifie ensuite un semblant de cohérence extérieure autour de ce noyau pathogène, qui « masque » le dysfonctionnement intérieur et le rend difficile à discerner. Subissant un coup d'état psychique, une personnalité peut être délogée par le wétiko qui se substitue ainsi à la personne devenue sa marionnette. Habile à s'emparer de la volonté d'un animal plus évolué que lui, le parasite en dispose librement pour servir son funeste dessein. Une fois suffisamment ancré dans la psyché, la directive principale qui coordonne le comportement de la victime provient de la maladie. C'est à présent elle qui mène la danse. Une personne sous l'emprise du wétiko devient impuissante à utiliser tout moyen l'aidant à se débarrasser de la maladie, tout comme une personne infectée par la rage deviendra hydrophobe, alors que boire l'aiderait à combattre l'infection [l'hydrophobie se produit dans la forme dite furieuse de la maladie parce que le virus de la rage vit dans la salive — donc, réduire la quantité de salive dans la bouche en buvant de l'eau réduirait la capacité du virus à se propager - NdT]. Les wétikos ont une réelle aversion pour, et évitent comme la peste la lumière intrinsèque à la vérité. Dans les stades ultérieurs de la maladie, la personne est à ce point sous l'emprise de ce processus que dire qu'elle n'est plus là serait légitime ; c'est une coquille vide à l'apparence humaine, un véhicule dans lequel l'infection règne en maître et se propage. La personne s'identifie complètement au masque de son personnage, mais derrière le masque, il ne semble plus y avoir personne.

L'implantation étrangère

Carlos Castaneda a créé une œuvre extraordinaire tirée des enseignements de don Juan Matus, dans laquelle ce dernier mentionne dans sa propre terminologie la prédation du virus wétiko, « le sujet des sujets » :
« Ils ont découvert que nous ne sommes pas seuls. Venu des profondeurs du cosmos, un prédateur est là, qui toute notre vie nous maintient sous son emprise. Les êtres humains sont prisonniers et ce prédateur est notre seigneur et maître. »
Lucifer
© InconnuLucifer
Ce qui ressemble en tout point à la situation décrite dans la Bible lorsque, par exemple, l'Évangile de Jean désigne le diable comme « le maître de ce monde » (14:30 ; 16:11), et que Paul parle de Satan comme « le dieu de ce monde » (Cor. 4:4). Lorsque la racine du mal qui se trouve en chacun de nous est décrite dans l'Évangile gnostique de Philippe, le même constat est fait : si ce mal n'est pas reconnu pour ce qu'il est, « Il nous maîtrise. Nous sommes ses esclaves. Il nous emprisonne. » (II, 3, 83.5-30). Pour revenir au prédateur, don Juan poursuit, « Il a su nous rendre faibles et dociles. Il étouffe toute velléité de protestation ou d'indépendance et nous empêche d'agir librement. ».

Il est frappant de constater que l'influence de ces prédateurs décrite par don Juan s'exerce dans la militarisation croissante de notre société où nos droits et libertés nous sont peu à peu retirés. C'est comme si une invisible conjoncture intérieure révélait ses rouages en se matérialisant dans, en tant que, et à travers le monde extérieur, par le biais d'un archétype non encore réalisé existant au plus profond de l'âme de l'humanité.

Pour citer don Juan, « Nous sommes effectivement tous prisonniers ! C'était un fait énergétique pour les sorciers d'autrefois ». Don Juan fait référence à un « fait énergétique » auquel, j'imagine, la plupart d'entre nous peuvent s'identifier ; l'existence en nous de « quelque chose » qui nous empêche d'exprimer notre véritable génie créatif et d'atteindre notre plein potentiel. Ces prédateurs sont des « pillards du temps », dévorant les heures précieuses de notre vie comme si nous étions des esclaves salariés d'une planète prison qui fabrique du temps. Approfondissant sa description de ces prédateurs, don Juan précise :
« Ils nous tiennent sous leur emprise parce que nous sommes leur source de subsistance. Ils ont besoin de nous pour se nourrir, et c'est pour cela qu'il nous pressurent implacablement. Exactement comme nous élevons des poulets pour les manger, ils nous élèvent dans des "poulaillers" humains pour ne jamais manquer de nourriture. »
Le virus du wétiko prospère particulièrement dans les villes surpeuplées, où les populations sont « empoulaillées ». L'adhésion à une pensée de groupe nous intègre dans le troupeau comme des moutons conduits au bord de la falaise ou à l'abattoir. Don Juan poursuit :
« Je vais faire appel à ton esprit analytique. Réfléchis un moment, et dis-moi comment tu peux expliquer la contradiction entre, d'une part, l'intelligence de l'homme sur le plan scientifique et technique et, d'autre part, la stupidité de ses systèmes de croyance ou l'incohérence de son comportement. Ce sont les prédateurs, disent les sorciers, qui nous ont imposé nos systèmes de croyance, nos idées sur le bien et le mal, nos mœurs sociales. Ce sont eux qui suscitent nos espoirs et nos attentes, nos rêves de succès ou notre peur de l'échec, eux encore qui insufflent dans notre esprit convoitise, avidité et lâcheté et qui le rendent prétentieux, routinier et égocentrique. [...] Ils sont extrêmement efficaces et organisés, et pour s'assurer de notre obéissance, de notre docilité et de notre apathie, ils ont accompli une manœuvre extraordinaire — extraordinaire, bien sûr, sur un plan stratégique, mais horrible du point de vue de ceux qui en sont victimes. Ils nous ont donné leur esprit ! Tu m'entends ? Les prédateurs ont remplacé notre esprit par le leur, qui est bizarre, incohérent, grincheux, et hanté par la peur d'être percé à jour. »
Ces prédateurs semblent nous concurrencer pour « partager » notre esprit. Ils changent de forme et adoptent la nôtre, et si nous demeurons inconscients de leur mascarade, nous identifierons leurs formes-pensées importunes comme les nôtres et agirons en fonction d'elles. Nous croirons à tort agir selon nos propres impulsions et dans notre propre intérêt. Le prédateur wétiko a une nécessité intérieure, une compulsion brute née de la terreur, puisqu'il doit sans cesse se nourrir pour retarder sa mort toujours imminente. Don Juan poursuit :
« Tu n'as jamais souffert de la faim, et tu as pourtant une sorte d'angoisse à propos de la nourriture. C'est celle du prédateur qui redoute continuellement qu'on découvre son manège et lui coupe les vivres. Par le biais de l'esprit humain qui est en fait le leur, les prédateurs nous inculquent ce qui les arrange pour améliorer leur sécurité et avoir moins peur. »



Commentaire : Ce qui ressemble beaucoup à ce que les élites au pouvoir font dans leurs propres intérêts et au détriment de leurs populations, et à regarder l'état du monde, il semble que cela devienne de plus en plus évident...


Notre vraie nature est « déguisée » par celle du prédateur et cet artifice nous incite inconsciemment à « accepter » cette fausse version de nous-mêmes. Démunis de notre pouvoir de servir le Soi, nous devenons « à notre insu » — ce qui n'est pas « su » — esclaves du prédateur. L'être souverain doué d'une pensée créatrice s'évapore, remplacé par les stéréotypes du prédateur qui pense littéralement à sa place. Il a pris les commandes.

Plus loin, don Juan explique le stratagème des prédateurs :
« L'esprit du prédateur n'a pas d'opposants, et lorsqu'il propose quelque chose, il acquiesce à sa propre proposition et te fait croire que tu as raison. Il va affirmer que les prétendues révélations de don Juan sont complètement absurdes, puis il va tomber d'accord avec sa propre déclaration et te faire dire : "Mais oui, c'est vrai, il raconte n'importe quoi !" C'est comme ça qu'ils nous dominent. »
Ce qui revient à dire qu'un « autre » étranger — une entité métaphysique, ultra-terrestre — s'immisce de façon subliminale dans notre esprit, au point que l'on s'identifie à son point de vue, ce qui nous déconnecte du nôtre. Don Juan qualifie cette situation d'« implantation étrangère », une sorte de station spatiale installée dans notre esprit par une espèce allogène. Les gnostiques — ceux qui « savent » — désignent le même phénomène en décrivant des entités pré-terrestres appelées « Archontes », qui s'infiltrent dans, et pervertissent les arcanes de notre esprit. Tant que nous sommes inconscients de l'emprise d'une entité étrangère sur notre psyché, nous sommes à notre insu son esclave pour servir son funeste programme. Cet état intérieur de guerre psychologique se manifeste dans le monde extérieur par les sordides « psy-ops » — opérations psychologiques — orchestrées par les pouvoirs en place. Notre ignorance en la matière alimente la psychose.

Les vampires

Dans le chapitre intitulé Trouver une voie bonne, une voie qui ait du cœur, Jack D. Forbes écrit :
« La psychose wétiko est une maladie de l'esprit qui mène ceux qu'elle contamine sur une mauvaise route dénuée de cœur. Ils peuvent tuer, mais ce ne sont pas des guerriers pour autant. Ils peuvent acquérir des compétences, mais ils n'acquièrent pas la sagesse. Ils peuvent côtoyer la mort, mais sans vouloir ou pouvoir apprendre son message. Ils convoitent les richesses et les récompenses d'un monde éphémère, mais se leurrent en croyant que des tombes et des monuments commémoratifs lui garantissent une permanence. Avant tout, la malade wétiko fait d'eux des loups-garous et des vampires, des créatures tout droit sorties des cauchemars du monde européen, des créatures de la réalité wétiko. »
La psychose wétiko bousille les gens, point final. Les loups-garous et les vampires sont des créatures protéiformes, des représentations symboliques de l'horrible potentialité présente en chacun de nous d'être sous l'emprise de l'ombre archétypale à laquelle nous nous conformons, de régresser à un niveau archaïque de la psyché, et devenir une sorte de créature prédatrice ou non humaine. Lorsque ces énergies psychiques empreintes d'inhumanité pénètrent dans la conscience sans être transmises par la conscience, « elles déferlent comme un torrent qui balaye tout sur son passage, et transforment les hommes en créatures telles que les qualifier de "brutes" est par trop complaisant », écrit Jung. Considérés comme la plus sombre créature de l'arsenal du mal, les vampires hantent notre imagination depuis des lustres en tant que représentants d'un processus vivant qui existe au plus profond de la psyché humaine.

Un vampire n'est pas humain, c'est au contraire une créature sans âme, qu'elle y ait renoncé ou qu'elle ait été « damnée » à le faire, c'est une âme perdue. Dans les deux cas, elle est incomplète. Isolée du monde, la créature a perdu ce lien avec la partie d'elle-même qui est connectée à tout le reste ; de son point de vue, le monde n'existe que pour la servir. Même si le lien avec son cœur et son âme n'existe plus, un vampire n'a pas pour autant perdu son esprit — bien que dans un sens, ce soit le cas ; l'esprit souvent astucieux et perspicace des vampires masque leur pathologie, ce qui la rend difficile à détecter. Tout comme il est difficile de détecter la maladie causée par un traumatisme profond chez certaines personnes dotées d'un esprit brillant. Cependant, au lieu de la consacrer à la compréhension de sa maladie et à sa guérison, le vampire utilise sa vivacité pour « transmettre » et propager son œuvre funeste.

Le Dieu de ce monde
© Inconnu
Un vampire, c'est la mort qui prend vie sous forme humaine. Expression vivante de la mort, le virus du wétiko n'est fondamentalement pas vivant. Comme tout virus, sa substance « inanimée » acquière une « quasi-vie » une fois incorporée à un organisme vivant. Les vampires ne sont ni vraiment vivants, ni vraiment morts. Comme tout vampire digne de ce nom, un individu wétiko « à part entière » a renoncé à son humanité et donné tout pouvoir à l'impitoyable virus du wétiko de le priver de ce qui constitue sa personnalité, et de s'incarner dans le monde par son entremise. Ces individus constituent un portail vivant, une fenêtre dans le tissu tridimensionnel de l'espace/ temps, par laquelle ce virus hyperdimensionnel malfaisant peut se propager dans tout le champ, tant localement que non localement.

Sans âme, les individus wétikos sont des « machines » efficaces, vouées à préserver et à servir l'« État », qui, pour citer Forbes, « est lui-même une création des wétikos qui ont pris le contrôle de l'appareil étatique ». Un individu wétiko à part entière n'est plus qu'un automate robotisé, conditionné pour réagir par réflexe à certains stimuli. Sans spontanéité, ni créativité, ni originalité, ni libre pensée programmée, ils sont désormais programmés par « la machine » dont ils font partie. Déshumanisés, les individus wétikos ont perdu tout sens de l'esthétique et l'intrinsèque beauté de la vie leur est inaccessible : ils sont devenus complètement insensibles à ce qui fait la créature humaine. Le wétiko est l'émissaire d'une « culture » planétaire autoritaire, militarisée et patriarcale qui engendre le fascisme et la terreur. À propos du fascisme, le grand guérisseur Wilhelm Reich écrit dans La psychologie de masse du fascisme :
« La vie peut se passer du fascisme, mais le fascisme ne peut se passer de la vie. Il est le vampire sur le corps vivant qui donne libre cours à ses impulsions meurtrières quand l'amour cherche à s'accomplir au printemps. »
Le fascisme est l'expression politique extérieure et collective du paysage intérieur ravagé d'un individu que la civilisation autoritaire de « la machine » a mutilé et réprimé.

Sur le plan mythologique, un miroir renvoie l'image de l'âme humaine, ce qui constitue l'une des raisons pour lesquelles, symboliquement parlant, l'image d'un vampire ne s'y reflète pas. Au même titre, les individus wétikos à part entière ne sont pas « habités », et le néant qui les possèdent ne reflète que le néant. Des entités psychiques ont consumé leurs âmes, le vide infini les imprègne et il ne reste qu'un trou noir dévorant qui se nourrit de l'Univers. Ils sont à ce point pathologiquement possédés par, et identiques à l'inconscient dans sa forme destructrice et négatrice de la conscience, qu'ils sont incapables de se voir ou de se penser eux-mêmes, ce qui, selon la philosophe Hannah Arendt, est l'une des principales caractéristiques du mal. Incapables d'auto-réflexion, la faculté d'introspection active inhérente à la psyché leur est inaccessible. Cependant, l'une des raisons pour lesquelles l'image d'un vampire ne se reflète pas dans un miroir tient en ce que notre propre vampire intérieur — dont nous ignorons l'existence — obscurcit le reflet ; autrement dit, le spectre inconnu de notre propre ombre [au sens jungien du terme - NdT] se superpose.

Le vampire n'est qu'obscurité infinie ; il est donc incapable de projeter une ombre sans la lumière nécessaire pour le faire. Seule une existence substantielle peut produire une ombre, hors, de par sa nature même, le vampire n'a ni réalité intrinsèque, ni substance. Les vampires sont par ailleurs l'incarnation vivante de l'ombre archétypale et lui sont identiques. Une ombre ne projette pas d'ombre d'elle-même, car l'ombre n'a pas de substance en soi. En raison même de son incapacité à projeter une ombre, le vampire dispose de plusieurs atouts — il dissimule alors plus facilement sa véritable identité, ce qui lui permet d'évoluer dans les recoins les plus sombres de la psyché, de devenir invisible, et de tourmenter ses proies. Maître dans l'art du camouflage et de la contrefaçon, le vampire se présente sous des aspects très variés pour séduire et attirer sans peine les ignorants ; revêtu d'une apparence attrayante, il nous piège à travers notre ombre inconsciente et nos angles morts psychiques : la perte de notre ombre ainsi spoliée peut conduire au vampirisme. L'archétype du vampire s'active en nous lorsque nous tournons le dos à notre propre obscurité qui nous devient dès lors invisible. Nous ne pouvons pas voir les vampires parce que nous avons choisi de ne pas voir les aspects de nous-mêmes qui ressemblent le plus au vampire. Notre réticence à voir nos propres aspects vampiriques nous aveugle sur les énergies vampiriques des autres.

Outre les faibles et les sans défense, ces entités traquent les personnes qui sont à deux doigts d'expérimenter un saut quantique et évolutif de leur conscience, des personnes qui n'ont pas encore intégré in extenso ce qu'elles ont accompli et qui sont toujours à la croisée des chemins. Dans un état énergétiquement sensible et « chargé », ces personnes ouvertes d'esprit et vulnérables stimulent l'appétit de ces entités vampiriques qui se gavent de la lumière conférée par l'épanouissement de leur conscience. Afin de n'être pas « anéantis » par le pouvoir potentiel de l'extraordinaire lumière intrinsèque à notre conscience, ces prédateurs ont pour stratégie de nous distraire de leur découverte en canalisant notre attention vers l'extérieur. Si nous brandissons un miroir devant les personnes atteintes de la psychose wétiko et que l'image renvoyée est celle de la folie dont elles font preuve, nous courons le risque très réel de nous voir accusés d'être les fous. Ces entités hyperdimensionnelles essaieront de faire obstacle à toute tentative d'une personne ayant réussi à se connecter avec sa lumière intérieure de la partager avec les autres, et le feront en utilisant leurs « connexions » au champ non-local pour inciter d'autres personnes à se retourner contre elle. Ce processus peut nous détruire ; mais, si nous disposons d'une méta-conscience nécessaire pour discerner la dynamique en cours et de l'indispensable habileté à s'y frayer un chemin, ce même processus peut raffermir notre intention, intensifier notre connexion intérieure, exalter notre aptitude à transmettre nos prises de conscience de manière créative, et cultiver une compassion plus ouverte. Ces vampires psychiques semblent être les gardiens à la croisée du chemin de notre évolution intérieure.

Les individus wétikos à part entière ont, tout comme les vampires, soif de la substance même qui leur fait défaut : l'essence mystique de la vie, le « sang » de notre âme. La maladie du wétiko constitue un trouble psychique alimentaire par lequel la psyché atteinte « se nourrit » d'autres psychés, pour finalement se consumer elle-même. Les wétikos sont ce que l'on appelle des « psychophages », c'est-à-dire des mangeurs d'âme. Tourmentés par un appétit féroce illimité, les individus wétikos à part entière sont la proie d'un désir insatiable impossible à combler. Cette alimentation vampirique est une parodie impie, un reflet diabolique de l'auto-renouvellement de la vie. La société de consommation dans laquelle nous vivons reflète de façon collective ce processus interne pervers, au sein d'une culture où les désirs sans fin sont constamment stimulés par les dictats du toujours PLUS. Ce trouble obsessionnel compulsif de « fièvre acheteuse » est le reflet d'un sentiment partagé mais inconscient de famine spirituelle, qui nous pousse comme des crève-la-faim à une boulimie sensée combler un puits sans fond. Le système économique mondial lui-même constitue un symbole vivant de l'incontrôlable maladie du wétiko au sein du « business ».

Se propager constitue le seul dessein des virus comme celui du wétiko. Incapable de se reproduire par eux-mêmes, un autre vecteur leur est donc nécessaire pour se multiplier. Nous sommes la pouponnière dont ils ont besoin, et tant que nous sommes inconscients de leurs stratagèmes, ces parasites d'essence hyperdimensionnelle nous utilisent comme combinaisons spatiales de troisième dimension. Poussés à se reproduire dans l'humanité, ces vampires psychiques n'ont plus qu'à nous laisser « transmettre » le virus aux autres. Ce processus est analogue à celui d'une personne infectée par le virus de la rage. À un stade avancé de la maladie, elle sera dominée par l'irrésistible envie de mordre d'autres créatures et donc de transmettre le virus. Les personnes contaminées par le virus de la rage sont un symbole vivant de ce que provoque le virus du wétiko dans sa phase la plus virulente.

L'auto-propagation du virus wétiko s'effectue comme dans une lignée vampirique par le biais du « système familial » — notre famille d'origine ou la famille humaine. La maltraitance — qu'elle soit physique, sexuelle, politique, émotionnelle, psychologique ou spirituelle — se transmet alors de façon individuelle et collective, et s'incarne en continu dans le vivant à travers les liens transgénérationnels. Le wétiko exploite les blessures de notre intégrité meurtrie pour transposer dans le corps/esprit d'un autre sa logique fragmentée et ses méthodes perverses. Comme frappée de malédiction, notre espèce souffre d'une forme collective et héréditaire de syndrome de stress post-traumatique. Les victimes du wétiko refaçonnées à son image rejoignent la légion des « damnés » et deviennent elles-mêmes les dépositaires d'une lignée impie. Cette « malédiction » se poursuivra aussi longtemps que nous ne ferons rien pour lutter contre la propagation de cet esprit-parasite vampirique, et que tout ne sera pas mis en œuvre pour s'affranchir du déterminisme transgénérationnel de la violence.

Extrêmement contagieux

Dans l'introduction de Christophe Colomb et autres cannibales, Forbes écrit :
« Les impérialistes, les violeurs et les exploiteurs ne sont pas seulement des gens qui se sont fourvoyés sur une mauvaise route. Ils sont véritablement déments (impurs) au vrai sens du terme. Ce sont des malades mentaux, et malheureusement le type d'affection de l'âme dont ils sont porteurs se transmet. »
Obama
© InconnuLe narcissisme malveillant - je SUIS le rêve !
La psychose wétiko se diffuse par le réseau de notre inconscient collectif et est extrêmement contagieuse. Ses vecteurs d'infection et de propagation ne voyagent pas comme un agent pathogène physique. Cette entité vagabonde se déplace avec fluidité dans chacun des angles morts de notre inconscient dont elle se nourrit et qu'elle renforce de façon mutuelle, ce qui lui permet de se propager de façon non-locale dans le champ. De manière analogue à celle de l'ADN d'un virus qui pénètre une cellule et l'infecte, le wétiko est constitué d'un code ou d'un mécanisme qui affecte/infecte la conscience. Afin de maintenir leur vision dérangée de la réalité, les personnes qui canalisent la fréquence vibratoire du wétiko se conforment les unes aux autres par résonance psychique pour renforcer leur coalition. Avec une psychose mutuelle collectivement soutenue, des groupes de personnes rassemblées par l'inconscient peuvent constituer une force sociopolitique que l'on ne peut sous-estimer. Lorsqu'un groupe de personnes partagent le même avis — fondé ou pas — sur une chose, leur alignement réciproque exerce un champ de force magnétique contagieux susceptible d'influencer et d'attirer des personnes ignorantes.

Les victimes du virus wétiko n'ont en général aucune idée de la façon dont elles ont été « arnaquées ». La culture wétiko les détourne de toute auto-réflexion spéculative quant à leur situation dépravée ; au contraire, le champ non-local se structure de façon à tisser, favoriser et perfectionner leur psychose. Lorsqu'une personne est wétiko à part entière mais pas reconnue comme telle, le champ autour d'elle se resserre pour protéger, s'associer à, et se nourrir de sa psychose de manière à y intégrer tous ceux qui l'entourent. Une fois sous l'emprise du wétiko, sa capacité à reconnaître la pathologie chez les autres lui échappe. À divers stades de la maladie, les individus wétikos atteints d'un « narcissisme de groupe » adoptent des postures et des rôles particuliers les uns par rapport aux autres afin de se préserver de leurs propres aliénation et perversité. Ils nourrissent et renforcent le narcissisme des autres parce que ce faisant, ils accroissent le leur. En parlant du type de personne typiquement susceptible de devenir la proie du virus wétiko, Forbes écrit :
« De nombreux individus dans le monde capitaliste et communiste ne sont pas vrais. Beaucoup sont des imposteurs ou des pantins dont les fils sont tirés par d'autres, ou qui suivent les chemins qu'on leur a dictés. Ils sont par conséquent mûrs pour l'infection wétiko. Les menteurs, petits malfrats, combinards, arnaqueurs, usuriers, etc., sont tous porteurs du wétiko. Et ces petits wétikos deviendront grands ! »
Déconnectés de leur cadre intérieur, ils projettent vers l'extérieur leur pouvoir d'agir sur autrui et deviennent — par suggestion de l'opinion consensuelle du, et établie par la horde dominante — très influençables. Une fois rompu le contact avec son aptitude à la réflexion critique, et avec sa faculté à considérer les choses selon leur nature et leur juste valeur et d'en juger avec bon sens et clarté, l'« homme de masse » intègre le troupeau abruti par la « pensée de groupe » dont il devient la proie, et dont les membres renforcent mutuellement le maintien de leur version commune du monde (wétiko). Comme un château de cartes prêt à s'effondrer à tout moment, leur consensus de groupe sur la nature de la réalité s'étiole toutefois au fil du temps, parce que leur vision du monde repose sur une erreur fondamentale : elle est fausse. Curieusement, les individus sous l'emprise collective du wétiko s'appliquent à soutenir avec un certain fanatisme un dessein qui, souvent, est diamétralement opposé à leur propre intérêt. C'est un reflet extérieur de l'état intérieur des individus soumis à l'emprise du parasite autodestructeur qu'est le wétiko.

Les individus sous l'emprise du wétiko deviennent « impurs », comme si un esprit malsain ou maléfique les habitait. Pour accentuer sa prolifération, cet esprit impur et malveillant les force malgré eux à préserver l'aspect secret de la maladie ; le secret des wétikos est un secret en soi, en ce sens qu'il est secret même pour eux-mêmes. Comme c'est le cas pour chacun d'entre nous lorsque nous sommes sous l'emprise d'une chose qui nous est extérieure, le porteur du virus wétiko ne connaît à aucun moment le degré de possession qui est le sien, étant donné que cette emprise se produit toujours dans les angles morts de son inconscient.

Afin de se cacher et de n'être pas découvert, le virus wétiko influence subrepticement nos perceptions par le biais de subterfuges. Pour nous distraire et nous détourner de notre intime vocation à un cheminement spirituel, le wétiko implante ses graines dans notre esprit, y prend racine et y bourgeonne comme une plante verte psychique hyperdimensionnelle. Notre façon de penser, percevoir et donner un sens à notre expérience masque la nature même de ce que nous avons besoin de distinguer : l'aspect étranger et aliénant du virus wétiko. L'esprit d'une personne devenue membre à part entière du culte wétiko semble avoir été colonisé par le virus d'une façon telle que son propre état pathologique lui échappe complètement. Les wétikos n'ont pas l'impression d'avoir besoin d'aide ; pour eux, les autres sont toujours « le problème ». Ils ne sont en général pas gênés par leur maladie — qu'ils sont incapables de reconnaître comme telle — puisqu'elle représente pour eux une norme encouragée par leurs dirigeants et la société même dans laquelle ils vivent. Ils n'ont aucune conscience de leur pathologie, encore moins de sa profondeur. Forbes écrit :
« L'arrogance est une caractéristique fondamentale du wétiko ou des personnes susceptibles de le devenir. L'humilité est, à l'inverse, une valeur essentielle de la vie traditionnelle d'un Amérindien. [Cette arrogance] est l'une des caractéristiques majeures des sociétés impérialistes wétikoïstes dans lesquelles chaque classe sociale cherche à exploiter celles qui lui sont inférieures. [...] Comme don Juan le faisait remarquer [dans Histoires de pouvoir - NdT], l'humilité du guerrier, de l'homme libre, ne doit pas être confondue avec l'humilité du mendiant. Le mendiant ne se montre humble que lorsqu'il est effrayé ou qu'il cherche à s'attirer les bonnes grâces de quelqu'un. [...] La véritable humilité ne naît pas de la peur mais de ce sentiment profond d'être au monde. »
La suffisance des individus wétikos qui le sont « à part entière » est amplifiée par leur arrogance : ils ont la grosse tête. Les wétikos sont avec outrecuidance, ignorance et pharisaïsme convaincus de détenir la vérité et d'œuvrer pour le bien suprême, alors qu'ils sont les instruments du mal. Ils manifestent une incapacité à discerner le mal dans leurs actions, persuadés qu'ils sont d'agir pour le bien.
Dans son introduction, Forbes indique :
« En tout état de cause, l'infection wétiko, la maladie de l'exploitation, n'a cessé de se propager durant les derniers milliers d'années [et] a tendance à s'aggraver avec le temps plutôt qu'à se résorber. Elle sévit dans des zones de plus en plus larges, touchant de plus en plus de gens. Et ce sont eux qui seront chargés d'éduquer les plus jeunes. [...] L'impérialisme, le colonialisme, l'exploitation, la cupidité... Aucun de ces énormes problèmes auxquels est confronté l'humanité n'a été maîtrisée. »
La culture wétiko est à la fois enseignée dans le contexte familial et au sein des institutions « académiques », ce lieu où les gens acquièrent une « certification » quant à la manière dont le monde fonctionne ; ils ont donc toute l'accréditation et l'habilitation nécessaires pour répandre les méthodes de corruption de ce monde à une échelle toujours plus grande. À propos de la rapide propagation de la contagion du wétiko, Forbes écrit :
« Elle se transmet par les wétikos eux-mêmes lorsqu'ils recrutent ou corrompent les autres. Elle se propage de nos jours par le biais des livres d'histoire, de la télévision, des programmes de formation militaire et policière, des bandes dessinées, des films, des magazines pornographiques, des mouvements d'extrême droite, des fanatiques en tout genre, des groupes missionnaires prosélytes influents et de nombreux gouvernements. »
Toutes les institutions traditionnelles, culturellement approuvées et corporatistes œuvrent à notre endoctrinement et nous disent quoi penser et comment le penser, et quoi ne pas penser. Notre esprit est continuellement façonné par la culture dominante et sa structure initiale s'efface comme si nos repères spirituels nous étaient volés. Notre « civilisation » est devenue le porte-parole de l'organe de propagande de la maladie ; elle nous incite à « gober » son point de vue au moment où nous sommes exsangues de la substance même dont nous avons le plus besoin. La « culture » (sic) structure et enseigne les concepts de la maladie du wétiko, et donc constitue en elle-même un canal de sa transmission, et si nous sommes bien obéissants et souscrivons à son point de vue, nous deviendrons involontairement des agents à SON service et sa mentalité néfaste à la vie nous submergera progressivement. C'est ainsi que « fonctionne » l'empire psychique de la psychose collective, qui ne cesse de s'étendre, de s'auto-générer, alors qu'il nous submerge et atteint presque le niveau de « plein emploi ».

Banquiers
© Inconnu
Les individus wétikos à part entière peuvent être des petits tyrans à la maison ou au travail, mais ils peuvent aussi faire partie des pauvres et des opprimés, n'exerçant aucun pouvoir réel dans le monde en général. Ce que Forbes appelle les « grands wétikos », sont des wétikos à part entière qui ont gravi les échelons, ont intégré les cercles de pouvoir et ont atteint les sommets de cette « culture wétiko » ; ils se retrouvent alors à des postes où ils peuvent influencer et contrôler les événements de notre monde, en utilisant les règles et les procédures destinées à protéger le système de ce même monde, pour le manipuler selon leurs désirs. Qu'il s'agisse des plus fortunés, des P.D.G. de sociétés, des présidents de banques ou des dirigeants d'États-nations, les grands wétikos qui détiennent et exercent le pouvoir sont particulièrement dangereux, en ce qu'ils définissent les règles des débats de manière à maîtriser le récit pré-établi des événements. Nos perceptions de ces derniers et les limites de ce que qui peut en être dit sont ainsi déterminées par les grands wétikos à travers les grands médias dont ils contrôlent les moindres ressorts. Le wétiko est un virus incontournable dont la « devise » consiste à structurer la syntaxe des idées [son langage est une arme qui modifie notre perception des choses - NdT]. Le wétiko dénature notre syntaxe mentale, c'est-à-dire les règles mêmes qui fondent notre langage ; il en déforme ainsi la sémantique, à savoir le sens que nous donnons à notre « expérience du monde » et de nous-mêmes. Le wétiko est un trouble sémantique, car il modifie les axiomes par lesquels la psyché façonne, lance et « épelle » ses mots, ce qui lui permet ainsi d'évoquer ses expériences. En définissant les limites de ce que nous imaginons être nos possibilités, en tant qu'individus, en tant que nations et en tant qu'espèce, les formes de pensée et les croyances qui expriment et représentent le virus du wétiko agissent comme un système de contrôle intrinsèque et intégré. Le wétikoïsme soutient et perpétue tous les mythes, histoires, dogmes et livres (non) sacrés qui renforcent son programme égocentrique et malveillant. Les livres et autres supports d'information non conformes à la version déformée des wétikos sont, métaphoriquement parlant, « brûlés » — ou dans certains cas, littéralement, avec par exemple les livres de Wilhelm Reich qui ont en fait été brûlés par le gouvernement des États-Unis. En décrivant ce qu'il a appelé « la peste émotionnelle », Reich pointait à sa manière les méfaits du virus du wétiko.

Nous évoluons à l'intérieur d'un monde qui, structuré comme un rêve, constitue un miroir interactif inséparable de notre propre être intérieur. En tant que reflet d'une maladie profondément ancrée en nous, le virus du wétiko est une manifestation directe et sans médiation de la nature onirique de l'Univers dont nous prenons conscience grâce à l'existence même du wétiko et de ce qu'il met en évidence. Reconnaître la nature onirique de notre condition humaine entraîne la création d'un anticorps vital issu de la conscience elle-même, et conçu sur mesure pour neutraliser l'agent pathogène psychique du wétiko. La connaissance de ce qu'il cache est encodée au sein même du virus wétiko ; il porte en lui son propre remède. En s'auto-révélant, le virus du wétiko offre aussi sa propre médecine psychique, mais afin de recevoir ses « bienfaits thérapeutiques », nous devons reconnaître et comprendre ce prodige de façon plus fondamentale dans le cadre des soins de santé psycho-spirituels. C'est stupéfiant — la chose à même de nous détruire est aussi celle qui nous éveille. Nous co-créons et rêvons le wétiko tous ensemble, ce qui constitue un accélérateur potentiel de notre évolution en tant qu'espèces. Le wétiko est un phénomène véritablement quantique, en ce sens qu'il est le poison le plus mortel et le remède le plus curatif réunis en un seul état superposé. Le wétiko va-t-il nous tuer ? Ou nous réveillera-t-il ? Tout dépend de notre capacité à reconnaître ce qu'il peut nous révéler. Le diagnostique du wétiko/égophrénie maligne dépend de la façon dont nous le rêvons.

Maintenant que nous avons le dia-gnostique et le pronostique [« pro-gnostique » - NdT], il ne nous reste plus qu'à découvrir le remède, ce qui nécessite d'avoir la connaissance « gnostique » [de la « gnose » - NdT] elle-même...

À suivre dans la deuxième partie.

Bibliographie
  • Le voyage définitif, Carlos Castaneda
  • Christophe Colomb et autres cannibales, Jack D. Forbes
  • Nietzsche's Zarathustra, Carl C. Jung
  • La vie symbolique, Carl C. Jung
  • La psychologie de masse du fascisme, Wilhelm Reich
  • Métahistoire, de John Lamb Lash
Source de l'article : Reality Sandwich
Traduction : Sott.net, augmentée par des citations plus complètes des ouvrages de Jack D. Forbes et de Carlos Castaneda.