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Michel Neyret, directeur adjoint à la direction interégionale de la PJ. Lyon, le 17 mai 2011. CYRIL VILLEMAIN / 20 MINUTES
Le scandale de l'affaire Michel Neyret n'éclabousse pas que la PJ lyonnaise...

Deux autres policiers de la brigade des stupéfiants de Lyon ont été placés en garde à vue samedi à la «police des polices», a révélé ce dimanche une source judiciaire. Ils sont désormais six à être interrogés par l'Inspection générale des services (IGS). Michel Neyret, numéro deux de la police judiciaire de Lyon arrêté jeudi, le chef de la brigade de recherche et d'intervention (BRI, «anti-gang») de Lyon et deux dirigeants de l'antenne de police de Grenoble ont vu en effet leur garde à vue prolongée ce dimanche.
«Les sanctions seront immédiates»

«Il va de soi que si les faits sont avérés, les sanctions seront immédiates», a promis Claude Guéant, ce dimanche sur BFM TV. Le ministre de l'Intérieur n'a pas hésité à qualifier cette affaire de corruption de «terrible séisme pour la police nationale». Michel Neyret, qui a reconnu avoir été «imprudent», doit être présenté lundi à un juge d'instruction parisien en vue d'une probable mise en examen pour «corruption, trafic d'influence, association de malfaiteurs et trafic de stupéfiants». L'épouse de ce dernier, arrêtée en sa compagnie, et un membre présumé du grand banditisme ayant un lien avec le chef adjoint de la PJ ont été présentés au juge dès samedi et mis en examen. Le parquet a requis leur placement en détention.

Un juge des libertés a laissé libre sous contrôle judiciaire Mme Neyret mais a placé en détention provisoire l'autre suspect. Directrice d'un hôtel, l'épouse de Michel Neyret est poursuivie pour «recel de corruption, de trafic d'influence et de vol et association de malfaiteurs». Michel Neyret serait confondu, selon l'accusation, par des écoutes téléphoniques menées initialement dans l'enquête sur un trafic international de stupéfiants où il est apparu fin 2010 et début 2011 dans des conversations avec des truands.

Commerce de cannabis ou rémunération des indics?

La nouvelle information judiciaire confiée en mai sur cet aspect spécifique du dossier a permis de nouvelles écoutes téléphoniques qui seraient encore plus accablantes pour le policier lyonnais. Elles laissent penser qu'il a utilisé des stocks de cannabis saisis durant des enquêtes pour dédommager un indicateur dont la voiture était accidentée, dit-on de source judiciaire. Le fait de puiser dans les scellés de drogue pour faire du commerce ou rémunérer des informateurs est présenté comme une «pratique régulière» de Michel Neyret.

On ignore à ce stade de la procédure si sont en cause un profit personnel, une technique professionnelle ou les deux. Selon Le Monde, l'IGS s'est rendue en Suisse pour examiner des comptes bancaires qui seraient liés à l'affaire. Il est question aussi de sommes offertes par des membres de la pègre, notamment un montant de 30.000 euros pour des séjours à Marrakech (Maroc). L'avocat de Michel Neyret a fait savoir qu'il niait les faits. Ce dossier de corruption présumée dans la police est de loin le plus grave depuis au moins une quinzaine d'années en France et il touche de plus une figure respectée de la hiérarchie policière, souvent en vue dans les médias.