Les sénateurs inventent des crimes pour protéger leur désir d´entraver la liberté de croyance.

La Miviludes, l'organisme chargé par l'Etat, avec l'Unadfi, de discriminer les minorités spirituelles et thérapeutiques, est régulièrement vilipendée par les personnes et les groupes qu'elle attaque. Et ce, d'autant plus fermement que ces personnes et ces groupes n'ont jamais le droit à la parole. Cela, M. Fenech, le président de cet organisme moderne de chasse aux sorcières, ainsi que ses quelques acolytes députés inquisiteurs, le supportent mal. Ils ont alors eu l'idée de demander l'impunité. Ils pourraient ainsi continuer à calomnier en toute tranquillité, sans être obligés de rendre des comptes.

L´Assemblée nationale avait donc adopté, dans la nuit de mercredi 12 à jeudi 13 octobre 2011, la proposition de loi UMP de "simplification du droit des entreprises", dans lequel figure une disposition visant à protéger judiciairement les membres de la mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les sectes (Miviludes) en raison des "opinions qu´ils émettent dans leur rapport annuel".

Mais, dans un Etat de droit, il faut quand même se justifier pour être ainsi exonéré des principes contradictoires qui font la base et l'honneur des démocraties.

Qu'à cela ne tienne : on invente des crimes commis par ceux que l'on veut combattre.

Quand le Sénat examine à son tour la proposition d'exonération de la Miviludes, il s'interroge d´abord sur la « régularité juridique » de l'immunité demandée pour les acteurs de la Miviludes, alors que « l'existence de la mission ne relève pas aujourd'hui de la loi », qu' « une telle immunité n'existe à ce jour que pour deux autorités administratives indépendantes (...) alors que cette mission interministérielle n'est pas une autorité indépendante » et relèvent qu'une « réflexion plus large (...) sur le rôle et les conditions de l'activité de la Miviludes » serait souhaitable.

C´est heureux que les sénateurs aient saisi le caractère excessif de la demande. En revanche, ils n´hésitent pas à charger le chien qu´ils veulent noyer en toute bonne conscience. Pour convaincre ses collègues de la légitimité d'une telle protection juridique, le rapporteur du texte Jean-Pierre Michel soutient que : « L'article 94 A est un cavalier, mais un bon cavalier : il prévoit l'immunité pour les membres de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui sont attaqués quotidiennement, y compris physiquement (nous surlignons). »

Premièrement, quand ils sont attaqués, ces membres de la Miviludes, c'est essentiellement sur le Net (et jamais par la « grande presse » ou la télévision qui se garderaient bien de faire leur travail sur ce thème), par des blogueurs et des associations de défense de la liberté de conscience, quelques rares fois devant les tribunaux. C'est la liberté d'expression qui est en jeu et elle est saine en démocratie.

Ensuite, l'allégation d'« agression physique quotidienne » est "acabradantesque" ! En effet, si une seule agression de ce type avait eu effectivement lieu, l'auteur d'un tel acte aurait immédiatement été jeté en prison et le mouvement auquel il aurait appartenu aurait été dissout... Cela aurait fait un scandale bien utile pour tous les adversaires de la liberté de croire qui peinent à trouver des éléments concrets pour justifier leur intolérance. Une aubaine que, malheureusement pour tous les pourfendeurs de "sectes", celles-ci, bien plus respectueuses des lois que ce que l´on en dit dans les médias, sont bien loin de leur offrir...

Et, pour notre amusement, dans un communiqué du 31 décembre 2011, le CICNS relève pour sa part « le commentaire ahurissant de M. Anziani, favorable à cet article, qui trouve que les plaintes de personnes diffamées par la Miviludes créent des « pressions désagréables » qui font « perdre du temps (à la Miviludes) ».

Bref, ce souhait d´impunité dénote une incapacité à affronter la contradiction et une nostalgie de totalitarisme bien sinistres.