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Bernard Squarcini a été nommé par Nicolas Sarkozy à la tête de la DCRI, une sorte de « FBI français » © AFP/Martin Bureau
Un livre publié cette semaine qui accuse le service de renseignement du ministère de l'Intérieur français d'être un « instrument politique » du président Nicolas Sarkozy a suscité une vive contestation de la part des autorités françaises.

Olivia Recasens et Christophe Labbé sont journalistes au Point, et Didier Hassoux, au Canard enchaîné. Ils ont écrit L'espion du président, un ouvrage dans lequel ils dressent un sombre portrait du chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DRCI).

Se basant sur des sources généralement anonymes, les auteurs accusent Bernard Squarcini d'avoir dirigé une sorte de police parallèle pour enquêter sur la presse et l'opposition. Ils estiment donc que la DCRI, née en 2008 de la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et des Renseignements généraux (RG), a été « dévoyée » de son mandat.

La charge écorche au passage Nicolas Sarkozy, qui aurait laissé s'installer ces pratiques au sein de l'organisation, selon le livre.

Poursuite en diffamation

M. Squarcini a intenté une poursuite en diffamation contre les trois auteurs et l'éditeur de l'ouvrage, a annoncé jeudi son avocat. Mercredi soir, il avait nié toutes les allégations dans un communiqué, déclarant n'être « l'espion de personne ».

« Ce service est composé de fonctionnaires avec des opinions politiques et syndicales différentes. Ils sont tous dotés d'un grand sens du service public qui les conduit à servir l'État, quel que soit l'engagement politique du gouvernement », avait-il soutenu.

Jeudi, le ministre de l'Intérieur s'est porté à la défense de l'organisation. « Je démens tout à fait que la DCRI soit un instrument politique au service du pouvoir. C'est absolument faux. La DCRI n'écoute pas de personnalités politiques, évidemment non », a déclaré Claude Guéant à l'antenne de la radio France Inter.

À trois mois de l'élection présidentielle, le ministre voit dans ce livre le dernier épisode en date de ce qu'il qualifie de campagne systématique contre les hommes de confiance de Nicolas Sarkozy.

M. Guéant a également réfuté l'existence d'un groupe spécial qui installerait des micros et mènerait des fouilles dans des logements, s'introduirait dans des systèmes informatiques et ferait des écoutes téléphoniques sans autorisation légale, comme l'affirment les auteurs.

Plainte contre le service de renseignement

Le site d'information Mediapart, qui selon le livre a été espionné en 2010 après avoir fait paraître des articles mettant en cause l'exécutif, annonce quant à lui qu'il portera plainte.

« Mediapart va saisir la justice de ces faits nouveaux afin que toute la vérité soit faite sur cet espionnage et que ses auteurs en répondent, ceux qui l'ont ordonné comme ceux qui ont exécuté cet ordre illégal », peut-on lire sur le site.

Lors de la création de la DCRI, le gouvernement avait dit vouloir rompre avec les « barbouzeries », des critiques parfois formulées contre les RG, régulièrement soupçonnés d'être une « police politique ». Mais la DCRI a déjà été plusieurs fois montrée du doigt.

M. Squarcini a lui-même été accusé en octobre 2011 dans une affaire d'espionnage illégal des relevés téléphoniques d'un journaliste du Monde après un article sur l'affaire Liliane Bettencourt.

Philippe Courroye, le procureur de Nanterre réputé proche de Nicolas Sarkozy, a par ailleurs été accusé dans le cadre de cette enquête mardi.