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Le 2 décembre 2011, Sébastian Seibt nous annonçait dans France 24 qu'une équipe de scientifiques du centre médical Erasmus de Rotterdam, aux Pays-Bas, a créé une variante extrêmement dangereuse du virus aviaire H5N1 capable de se transmettre aisément d'homme à homme.

C'est dans cette expérimentation follement périlleuse que s'est déjà lancé l'an dernier le Pr Bruno Lina, qui fut à la fois conseiller de Margaret Chan et de Roselyne Bachelot pour notre dernière « pandémie » et qui devrait raser les murs car il porte une grande part de responsabilité dans la faillite monumentale de cette vaccination. Pour faire pardonner son erreur, il a décidé de croiser le virus H1N1 de la grippe porcine, très contagieux mais peu mortel, et celui du H5N1 de la grippe aviaire, moins contagieux, mais souvent fatal. L'expérience, qui est menée au laboratoire de très haute sécurité P4 de Lyon conçu afin de pouvoir accueillir les virus les plus dangereux du monde, a officiellement pour but d'anticiper une éventuelle mutation des deux virus. Ce réassortiment est bien plus dangereux que la grippette qui a effrayé certains d'entre nous car ce virus hybride pourrait se propager facilement d'un humain à un autre. Toutefois, Bruno Lina nous a rassurés : « Toutes les manipulations se font en scaphandre et obéissent à des règlements très contraignants ». Serons-nous condamnés à porter un scaphandre ?

Jusqu'à présent, le virus ne se transmettait pas d'homme à homme, mais des animaux aux hommes. L'autre apprenti-sorcier est donc le professeur Ron Fouchier, de l'institut Erasmus de Rotterdam - nous ne possédons pas l'exclusivité des fous furieux -, qui est parvenu à créer les conditions d'une propagation entre humains. Lors de la quatrième Conférence européenne sur la grippe qui s'est déroulée en septembre à Malte, il a présenté ses recherches menées en laboratoire sur des furets, des cobayes proches du modèle humain. Son équipe est parvenue à réaliser des mutations qui rendent le H5N1 transmissible entre les mammifères, « aussi facilement qu'une grippe normale ».

Selon le site NewScientist, Ron Fouchier aurait soumis ses travaux à la revue américaine de référence Science qui l'aurait refusé pour des raisons de sécurité, sur les conseils de l'US National Science Advisory Board for Biosecurity, qui ne peut interdire, mais dont l'influence est importante.

Fort heureusement, de nombreux scientifiques ont fortement réagi. « Nous devrions mettre au point une meilleure supervision des recherches potentiellement très dangereuses comme celle-ci », a déclaré John Steinbrunner, directeur du Centre de recherche internationale et de sécurité du Maryland

« Vincent Enouf, spécialiste des virus à l'institut Pasteur, rappelle à France 24 que « pour arriver à rendre le virus transmissible de mammifère à mammifère, il a fallu que cinq mutations de la souche interviennent en même temps. Et ces cinq mutations s'étaient déjà produites dans la nature, mais jamais encore en même temps ».

Pour D.A. Henderson, qui supervisa l'éradication de la variole et appartient, lui aussi au Centre de Biosécurité, la fuite potentielle de ce virus serait une catastrophe et il a signalé que le virus bénin de la grippe H1N1 qui circulait avant 2009 s'était déjà échappé d'un laboratoire russe ou chinois en 1977.

Cependant, pour certains scientifiques, cette découverte peut permettre de se préparer à l'éventualité où la même mutation se produirait dans la nature. Elle peut permettre également de tester si le vaccin qui existe actuellement contre le H5N1 est efficace contre cette nouvelle forme du virus, « ce qui n'est pas du tout évident », précise Vincent Enouf.

« Ce n'est pas une bonne idée de mettre entre d'éventuelles mauvaises mains les éléments qui permettraient de copier l'expérience menée par Ron Fouchier », estime Thomas Englesby. « La publication peut être utile, mais il ne faut pas révéler tous les détails de l'expérience », juge, quant à lui, Vincent Enouf.

Il est certain que, pour eux, les « mauvaises mains » sont celles de « terroristes », mais je crois que ces manipulateurs d'armes biologiques sont aussi dangereux que les pires terroristes.