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Cette Silene stenophylla est devenue la plus ancienne plante à fleurs jamais ramenée à la vie par des chercheurs. © David Gilinchisky
Des chercheurs sont parvenus à faire pousser Silene stenophylla grâce à d'antiques fruits conservés dans le permafrost.

C'est une prouesse scientifique qui n'aurait peut-être jamais eu lieu sans l'aide... d'un écureuil. De ceux qui s'affairent à remplir leurs multiples cachettes de victuailles pour l'hiver. Grâce à l'un d'eux, des scientifiques ont pu récupérer en Sibérie, sur une rive de la rivière Kolyma, les graines et les fruits d'une petite plante à fleurs blanches, Silene stenophylla, vieille de près de 32 000 ans! Les restes de ce spécimen, datés grâce au carbone 14, étaient conservés à près de 40 mètres de profondeur dans le permafrost (ou pergélisol), cette couche de glace perpétuelle qui s'étend sur une bonne partie de l'Arctique et des régions qui l'entourent.

De là, une équipe de chercheurs de l'Académie des sciences de Russie, dirigée par David Gilinchisky et Svetlana Yashina, a pu prélever du tissu placentaire sur trois fruits immatures particulièrement bien conservés. Grâce à une culture en laboratoire, ils sont parvenus à obtenir de jeunes pousses de cette Silene stenophylla, devenue la plus ancienne plante à fleurs jamais ramenée à la vie. Après une année de soins attentifs, celle-ci leur donna même des fleurs. Et, en l'étudiant sous tous les angles, les chercheurs, qui viennent de publier les résultats de leurs travaux dans la revue américaine Proceedings of the national academy of science (PNAS), purent constater qu'elle avait des caractéristiques propres, différentes de sa descendance qui fleurit encore dans la Sibérie du XXIe siècle.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là ! Car, dans sa frénésie de stockage, l'écureuil avait sans le savoir absolument tout prévu. Dans sa cachette, les scientifiques ont également découvert du pollen de la même antique Silene stenophylla. Ils ont donc pu polliniser leur plant né en laboratoire, qui a ainsi donné des fruits. Une résurrection parfaite qui ne sera sans doute pas la dernière tant le permafrost recèle de micro-organismes qui ne demandent qu'à être réveillés.