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Une des premières photos, fournies par Sana, de l'attentat d'Alep
Alors que la Syrie et Damas sont évidemment toujours sous le choc du nouveau double attentat-suicide à la voiture piégée qui a visé, samedi matin des bâtiments liés aux services de sécurité syrien, un nouvel acte de terrorisme ensanglante et inquiète le pays. Cette fois, c'est Alep - le quartier de Souleimaniyah - qui a été frappé ce dimanche 18 mars : il y a des tués et des blessés, mais on n'en sait pas plus à l'heure où nous écrivons.

Un mode opératoire très identifiant

Nous ne pouvons que nous répéter : les groupes armés et ceux qui les soutiennent et les manipulent, une fois écrasés militairement, n'ont d'autre ressource que de se « reconvertir » dans le terrorisme des bombes et des attentats-suicides. On sait - même les Américains le disent, après le gouvernement irakien - que des hommes d'al-Qaïda sont entrés ces dernières semaines en Syrie. Qu'ils tirent leur inspiration d'al-Zawahiri, de l'émir du Qatar, du cheikh Arroor, ceux qui se sont fait exploser à Damas relèvent bien de l'extrémisme islamiste, le plus nihiliste et méprisant la vie humaine, à commencer par la leur. C'est bien de terrorisme djihadiste qu'il s'agit, et on ne pourra souligner que l'indécente mauvaise foi de nombre de médias français qui mettent les guillemets et le conditionnel de rigueur quand ils citent les accusations du gouvernement syrien. Il est vrai que quand on a pris l'habitude de répéter les absurdités de l'OSDH et des divers cyber-opposants qui ont, lors de précédents attentats de ce type à Damas (en décembre et en janvier), accusé le régime de les avoir lui-même organisés (avec des chabihas volontaires pour jouer les kamikazes ?) on ne peut que s'enfoncer dans la partialité la plus grotesque !

En ce qui concerne les attentats de Damas, le ministère de l'Intérieur établit le bilan à 27 morts, dont trois personnes non identifiées - les corps sont déchiquetés, peut-être parmi eux ceux des kamikazes ? - et 140 blessés, les victimes étant aussi bien des civils que des policiers et militaires. Les blessés ont été répartis dans quatre hôpitaux de la capitale. Des marches et des prières sont organisée en réaction au drame. Selon la coutume musulmane, les premières obsèques de victimes sont rapidement intervenues, dans une mosquée de Damas. Et les télévisions syriennes diffusent des images et de propos de blessés : tous, évidemment, assurent que la Syrie ne se laissera pas intimider, et certains font valoir que de tels actes n'ont rien à voir avec la religion et l'humanité.

Plus de précautions de langage avec les Qataris et Séoudiens

Beaucoup accusent nommément, à l'instar du gouvernement, les gouvernements qatari et séoudien d'être les inspirateurs, sinon les instigateurs, de ces attentats. Le quotidien Libération cite d'ailleurs des propos extrêmement durs tenus par des Damascènes à la télévision : « Nous rejetons la liberté que veulent nous apporter Hamad (émir et non, comme l'écrit Libération, Premier ministre du Qatar), le Golfe et l'Arabie Séoudite » déclare ainsi une habitante, tandis qu'une autre proclame : « Ils ont échoué car musulmans et chrétien sont unis« . Le quotidien gouvernemental syrien As-Saoura, qui n'a pu lancer ses accusations qu'avec le feu vert ds autorités, pinte clairement du doigt, lui aussi, Ryad et Doha : « Les Syriens qui sont morts par la faute des monarchies du pétrole et des émirs de la trahison, ne pardonneront pas. Notre sang qui coule chaque jour contient un message, ce message doit être envoyé dans la bonne direction« . Cette dernière phrase est une allusion transparente à la responsabilité directe de ces deux monarchies dans l'entretien du terrorisme syrien. Le Qatar et l'Arabie Séoudite ont officialisé voici quelque jours leur soutien en armes et argent aux insurgés et samedi 17 mars, un diplomate arabe a affirmé à l'AFP que le gouvernement séoudien acheminait, via la Jordanie, du matériel militaire à des groupes de l'ASL : le gouvernement d'Amman, dans ses petits souliers diplomatiques, a « catégoriquement démenti » l'information. Il est vrai qu'il s'est engagé voici peu à mieux contrôler sa frontière pour y limiter les passages de combattants et d'armes en Syrie.

Et, tandis que les gouvernements français et européens regardent ailleurs, que l'ONU reste dans la condamnation la plus floue possible, que les marionnettes atlantistes du CNS préparent un communiqué mensonger, on notera que le directeur du département politique de l'OLP à Damas, l'ambassadeur Anwar Abdel al-Hadi, a lui nettement condamné les attentats, soulignant que ces actes soulignent « la faillite des forces du mal« .

Les forces du mal, sur le terrain strictement militaire, ne font plus guère parler d'elles ces derniers jours. Sinon à la rubrique « accidents du travail » : deux terroristes ont ainsi péri samedi 17 dans l'explosion prématurée de leur véhicule, dans un camp de réfgiés palestiniens à Yamouk, dans la banlieue de Damas. Ou encore à la rubrique « objets trouvés » : les militaires syriens ont découvert, lors de la traque des ASL chassés d'Idleb, de « grandes quantités d'arme, d'explosifs et de munitions » dans le village de Kherbet al-Joz, dans la banlieue de la ville. Autre belle moisson de Kalashnikovs, de fusils à lunettes, de lance-roquettes et de chargeurs dans le quartier de Karm Ez-Zaytoun (ou Karam el-Zeitoun, sud-est de la ville) à Homs, où des faux papiers et des papiers volés ont également été saisis. L'ASL, beaucoup plus qu'une armée, était un arsenal.

Mais des soldats meurent encore, pour la souveraineté, l'unité et tout simplement la sécurité de la Syrie : 5 d'entre eux ont quitté aujourd'hui l'hôpital militaire de Damas-Tichrine pour leur dernière demeure, 5 simples soldats tombés ces dernières 48 heures à Homs et à Idleb, dans les dernières embuscades, ou victimes des derniers snipers de la soi disant ASL.