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La rédaction d'Al-Jazira à Doha, au Qatar © AFP/Karim Jaafar
La possibilité que les images des crimes de Mohamed Merah soient diffusées a agité la classe politique française et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Finalement, la chaîne Al-Jazira, qui a reçu ces images, a annoncé mardi qu'elle ne les diffusera pas.

« On n'est pas une chaîne de sensationnel, on ne cherche pas à diffuser des images sans mesurer les risques et les conséquences. », a indiqué le chef de du bureau de la chaîne à Paris, Zied Tarrouche.

« Il y a eu un mixage de musiques et de chants religieux, des lectures, des récitals de versets coraniques », a expliqué M. Tarrouche.

Peu auparavant, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, a indiqué que la chaîne qatarie « compromettrait sa présence » en France si elle diffusait les vidéos.

« Si cette chaîne prenait la responsabilité de diffuser des images qui heurteraient non seulement les familles, mais toute la France, elle prendrait une très grave responsabilité », a insisté le candidat socialiste.

De leur côté, le président Nicolas Sarkozy et les familles des victimes ont demandé à la chaîne de ne pas diffuser les vidéos des sept meurtres.

Le CSA, chargé de veiller au respect de la dignité de la personne humaine et à la sauvegarde de l'ordre public dans les programmes audiovisuels, a « invité les chaînes à ne pas diffuser » la vidéo.

Filmé par Mohamed Merah grâce à une minicaméra sanglée sur lui, le montage vidéo des assassinats, « stocké sur une clé USB », était contenu dans une enveloppe postée mercredi et envoyée au bureau parisien d'Al-Jazira.

La police, qui détient une copie des vidéos, a indiqué que celles-ci ont été envoyées accompagnées d'une lettre manuscrite de revendications.

Les enquêteurs recherchent qui a pu poster ce courrier mais, selon les premiers éléments de l'enquête, ce « ne peut être Mohamed Merah », a-t-on précisé de même source.

Mohamed Merah, âgé de 23 ans, a abattu les 11, 15 et 19 mars trois militaires, ainsi que trois écoliers et un enseignant juifs, à Toulouse et Montauban, dans le sud-ouest de la France.

Il a été tué lors d'un échange de tirs avec la police, qui donnait l'assaut à l'appartement où il était retranché le 22 mars.

Sarkozy s'indigne

Le président français et candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy, a déclaré qu'il était indigné après la menace du père de Mohamed Merah de porter plainte contre la France, qualifiant de « monstre » l'auteur des sept assassinats.

Lundi soir, Mohamed Benalel Merah, qui vit en Algérie, avait déclaré à l'AFP qu'il allait porter plainte contre la France « pour avoir tué » son fils.

« Ces mises en cause de notre pays sont indécentes. Elles sont indignes et elles ne resteront pas sans conséquence », a prévenu M. Sarkozy.

Nicolas Sarkozy a aussi annoncé une accélération des procédures d'expulsion des « extrémistes » présents en France, et a assuré que « tous ceux qui ont tenu des propos infamants contre la France ou contre les valeurs de la République ne seront pas autorisés à entrer dans notre pays ».