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Plateforme Total en mer du nord, victime d'une fuite de gaz (30 mars 2012) © TF1/LCI
Greenpeace a envoyé en Mer du Nord un de ses bateaux pour constater les dégâts causés par la fuite de gaz provenant d'une plateforme Total. Il a repéré du pétrole. Total, qui dément et parle de condensat de gaz non dangereux, estime que la réparation coûte au groupe 1 million de dollars par jour.

Alors que se produit toujours une importante fuite de gaz sur la plateforme d'Elgin située en Mer du Nord, un des scientifiques envoyés par Greenpeace à bord d'un de ses bateaux a fait un premier état des lieux. Il a assuré lundi qu'il y avait "beaucoup de pétrole" sur la mer dans la zone et qu'il s'agissait "vraiment d'un grave accident". "Nous sommes au milieu d'une nappe irisée huileuse. Il y a une grande quantité de pétrole sur l'eau. Il y en a partout. Cela fait plusieurs kilomètres de long et je dirais, plusieurs centaines de large", a assuré Christian Bussau à l'AFP. "C'est vraiment un grave accident. Total doit immédiatement commencer à boucher la fuite ou la pollution ne s'arrêtera pas", a-t-il ajouté. Greenpeace a mis un canot pneumatique à l'eau pour effectuer des prélèvements d'eau et d'air, afin de les transmettre à un laboratoire pour déterminer exactement "ce qu'était cette irisation", a-t-il encore rapporté.

Total a pour sa part démenti la présence de pétrole: "il s'agit de condensat de gaz, un condensat léger qui ne pose pas de risque significatif pour les oiseaux marins ou le reste de la vie sauvage", a déclaré une porte-parole. Juste après la découverte de la fuite il y a huit jours, Total avait indiqué que lorsque celle-ci s'était produite, du liquide s'était échappé d'abord, entraînant la formation d'une nappe fine d'hydrocarbures d'environ 12 km2. Mais ce condensat est censé, selon lui, s'évaporer.

Les mesures prises par Total pour endiguer la fuite de gaz sur sa plateforme d'Elgin, en mer du Nord, lui coûtent "environ 1 million de dollars par jour", a indiqué le directeur financier du groupe pétrolier français lundi lors d'une conférence avec des analystes. Total perd aussi 1,5 million de dollars par jour de revenu net opérationnel, a ajouté le même dirigeant, Patrick de la Chevardière, qui a toutefois assuré que cet incident ne remettait pas en cause la politique d'investissement et de dividende du groupe

Le bateau sur place depuis lundi matin

Le bateau de Greenpeace, Koenigin Juliana, un navire de 50 mètres qui transporte une trentaine de personnes et une douzaine de journalistes, est arrivé lundi matin sur le site. Il se trouve à la limite de la zone d'exclusion de 3,7 km instaurée en raison des risques d'explosion autour de la plateforme. Celle-ci est située à 240 km des côtes écossaises. A son arrivée sur place, les scientifiques avaient déjà déclaré : "Nous voyons du pétrole sur l'eau" puis précisé que la nappe avait été fragmentée par le vent et les vagues. Le bateau de l'organisation écologiste devrait lever l'ancre lundi en fin d'après-midi.

La mise en oeuvre des travaux permettant de mettre fin à la fuite de gaz sur sa plate-forme d'Elgin en mer du Nord était toujours suspendue lundi à l'aval de l'autorité de sûreté britannique. Toutefois les choses semblent avancer : l'autorité britannique Health and Safety Executive (HSE) va recevoir lundi les représentants de Total pour écouter la proposition du pétrolier français d'envoyer une équipe d'experts sur sa plate-forme d'Elgin en mer du Nord. "La compagnie a préparé une étude de risque pour faire atterrir un hélicoptère sur la plateforme et envoyer une équipe faire des observations sur le lieu de la fuite de gaz", a déclaré un porte-parole de l'organisation britannique à Londres. HSE donnera à Total des conseils sur les règles de sécurité à observer mais n'interférera pas sur sa décision d'envoyer des experts sur place, a-t-il précisé.

Une opération à 3 milliards de dollars

Quelles sont les options pour Total ? Le pétrolier français veut lancer deux processus en parallèle pour stopper la fuite de gaz, qui requiert dans les deux cas le feu vert de HSE. Dans la première hypothèse envisagée, Total injectera une boue de forage pour boucher le puits par le haut et le mettre ainsi à l'abandon, bien que ceci reste une option risquée parce qu'une intervention humaine sur la plate-forme sera nécessaire. Total étudie en deuxième option le creusement de deux puits de secours, ce qui pourrait prendre six mois et coûter trois milliards de dollars.

Le PDG de Total Christophe de Margerie a annoncé samedi qu'une torchère qui brûlait près de la plate-forme de forage s'était éteinte naturellement, ce qui a réduit le risque d'explosion. Cette torchère avait été rendue nécessaire pour purger le gaz en excès et éviter une trop grande pression sur la plate-forme. La fuite de gaz a contraint Total à évacuer les 238 personnes qui travaillaient sur la plate-forme, située à environ 240 kilomètres au large de la ville écossaise d'Aberdeen.