J'ai récemment redécouvert le blog Orcinus qui comporte une série d'articles de Sara Robinson sur l'autoritarisme. Elle entame la série (cliquez ici) avec un résumé et une critique du livre de John Dean, Conservatives Without Conscience [Conservateurs sans Conscience - NdT]. J'ai été très intrigué par cette redécouverte pour plusieurs raisons. Tout d'abord, je ne savais pas que John Dean (que le Watergate a rendu (tristement) célèbre et qui ne fait pas partie de ma famille, pour ce que j'en sais) avait écrit sur l'autoritarisme ; deuxièmement je n'ai rien lu parmi la littérature universitaire qui concerne l'autoritarisme (voir Dr. Robert Altemeyer) depuis des années, probablement pas depuis l'école primaire ; et troisièmement, je suis à nouveau frappé par le chevauchement significatif qui existe entre le concept d'autoritarisme et le concept de psychopathie (qui est un domaine qui m'intéresse beaucoup, cliquez ici).
Cela m'a aussi rappelé le phénomène maintenant connu sous le terme de harcèlement moral au travail, et particulièrement le cas où des personnes font régulièrement l'objet de mauvais traitements de la part d'un supérieur (cliquez ici pour lire certains de mes précédents écrits sur le sujet). Je considérais habituellement cette situation sous l'éclairage de la littérature professionnelle sur la psychopathie et le narcissisme, mais il est clair que la littérature de la psychologie sociale sur l'autoritarisme s'applique aussi très bien. Voici des extraits de la première partie de la série de Sara Robinson :
Les autoritaristes se déclinent en deux versions : les meneurs et les suiveurs. Ces deux versants sont conduits par des motivations très différentes et comprendre ces différences est la première clé pour comprendre comment fonctionne la structure sociale autoritariste.Quiconque observe notre culture contemporaine et les diverses parties de cette culture, peut voir ces caractéristiques et cette dynamique battre son plein. Elles sont facilement visibles dans le gouvernement et les environnements des grandes entreprises, mais on peut aussi les voir à l'œuvre dans de plus petits systèmes (plus proches de soi pour la plupart d'entre nous) : dans notre environnement professionnel, dans les communautés religieuses, assurément dans l'armée et, bien sûr, au sein des familles. Et j'affirmerais que, bien que cet ensemble de dynamiques puisse être sur-représenté chez les groupes et les individus politiquement conservateurs (de droite), cela n'est pas leur propriété unique ; j'ai personnellement observé avec étonnement des types autoritaristes se définir comme libéraux politiquement et ils sont parfaitement capables de rassembler des suiveurs qui peuvent tout aussi bien se considérer comme politiquement à gauche. Mais cette description de la personnalité, de la dynamique comportementale et cognitive des meneurs autoritaristes et de leurs suiveurs, est en plein dans le mille, quelles que soient les tendances politiques.
Les meneurs ne forment qu'une petite fraction du groupe. Les spécialistes en sciences sociales définissent ce groupe par une forte orientation de dominance sociale (SDO)... « Ce sont des personnes qui saisissent chaque occasion pour diriger et qui apprécient d'avoir du pouvoir sur les autres », écrit Dean - et elles n'ont absolument aucun scrupule à dépersonnaliser les gens et à briser les règles pour assouvir leurs propres ambitions. Les personnalités à forte SDO tendent à apparaître très tôt dans la vie (ce qui suggère au moins une certaine prédisposition génétique) : vous en avez probablement dans vos propres souvenirs d'enfance et en avez connu presque certainement quelques-unes qui ont fait de votre vie d'adulte un véritable enfer.
Les gens à forte SDO se caractérisent par quatre traits fondamentaux : ils sont dominateurs, opposés à l'égalité, attachés à étendre leur propre pouvoir personnel et amoraux. Ceux-ci sont généralement accompagnés par d'autres traits répugnants... Les gens à forte SDO sont attirés par le pouvoir et le rechercheront impitoyablement et inlassablement, sans se soucier des conséquences pour les autres... [Dans l'Amérique moderne], nous célébrons nos dominants sociaux les plus puissants, leur payons des salaires obscènes, les transformons en stars médiatiques et leur donnons les clés de l'empire presque avec reconnaissance. Ils ont le champ libre pour poursuivre leurs ambitions sans contrôle, sans freins culturels à leur rapacité. Ils feront tout ce qu'ils peuvent pour s'en sortir, et non seulement nous les laisserons faire mais souvent nous les applaudissons...
Tandis que les meneurs à forte SDO sont décrits par Dean comme dominateurs, opposés à l'égalité, désireux de pouvoir personnel et amoraux, les suiveurs autoritaristes de droite ont un ensemble de motivations différent mais très complémentaire. Les trois traits fondamentaux qui les définissent sont :
1. La soumission à l'autorité. « Ces personnes acceptent presque sans remettre en question les déclarations et les actions des autorités établies et se conforment aux instructions sans plus de cérémonie » écrit Dean. « [Elles] ne tolèrent pas la critique de leurs autorités parce qu'elles croient que l'autorité est infailliblement correcte. Plutôt que de se sentir vulnérables en présence d'autorités puissantes, elles se sentent plus en sécurité. Par exemple, que le gouvernement surveille les citoyens ne les dérange pas car elles pensent que seuls les coupables ont à s'inquiéter de telles intrusions... »
2. Le soutien agressif de l'autorité. Les suiveurs de droite n'hésitent pas à infliger des torts physiques, psychologiques, financiers, sociaux ou d'autres formes à ceux qu'ils considèrent comme une menace pour la légitimité de leur système de croyance et de leur figure d'autorité élue. Cela inclut quiconque qu'ils considèrent comme trop différent de leur norme (comme les gays ou les minorités raciales). C'est aussi ce qui motive leur attitude extrêmement répressive en ce qui concerne la discipline et la justice...
3. Le conformisme. Les suiveurs autoritaires de droite préfèrent voir le monde tout noir ou tout blanc. Ils se conforment étroitement aux règles définies pour eux par les autorités, et ne s'éloignent guère de leurs propres communautés. Cette conformité extrême et aveugle les rend bornés, craintifs, hostiles aux nouvelles informations, sans discernement à l'égard de la croyance populaire et capables d'accepter de grandes contradictions sans en percevoir l'hypocrisie inhérente... La conformité nourrit aussi leur sentiment d'être eux-mêmes plus moraux et justes que les autres...
Commentaires des Lecteurs
Lettre d'Information