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Pour certains habitants de Londres, les prochains Jeux olympiques vont véritablement être une expérience hors du commun. Dans tous les sens du terme. Les habitants d'un ensemble immobilier proche du Parc olympique viennent ainsi de recevoir un étrange prospectus, émanant de l'armée britannique, et les informant qu'ils auront un hôte inhabituel sur le toit l'été prochain : une batterie de missiles sol-air.

Un château d'eau désaffecté trônant au milieu des immeubles d'habitation en briques rouges du quartier de Bow est l'un des sites retenus par l'armée pour protéger la capitale britannique contre une attaque aérienne, a annoncé samedi le ministère de la Défense. C'est la première fois que des missiles sont déployés à Londres depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, à la grande stupéfaction des habitants du quartier. "Il n'y a eu aucune consultation, personne n'a frappé à notre porte", témoigne Brian Whelan, un journaliste de 28 ans. "On s'est juste réveillé un matin avec une brochure nous informant qu'on va avoir des missiles sur le toit." "Je n'imagine même pas ce qui pourrait justifier de tirer un missile au-dessus d'une zone aussi peuplée", ajoute-t-il.

Ce projet de déploiement de missiles a été évoqué pour la première fois en novembre dernier par le secrétaire à la Défense, Philip Hammond, qui a dit s'inspirer du dispositif mis en place à Pékin pendant les Jeux olympiques 2008. L'ancien château d'eau du quartier de Bow était "le seul site qui convenait au système de missiles à haute vélocité", explique la brochure du ministère de la Défense, qui vante "la vue excellente sur les environs et le ciel au-dessus du Parc olympique". Et cette batterie de missiles n'est qu'une pièce du puzzle prévu pour assurer la sécurité de l'évènement, dont les Londoniens vont pouvoir apprécier l'ampleur cette semaine.

RÉPÉTITION GÉNÉRALE

Les forces armées britanniques vont participer, avec des civils, à un vaste exercice mobilisant des avions et des navires de guerre, des hélicoptères et de faux missiles, pour tester le dispositif de sécurité en question. Cet exercice aura lieu du 2 au 10 mai à Londres et dans le secteur de Weymouth, dans le sud-ouest de l'Angleterre, qui accueillera des épreuves de voile pendant les jeux. Il "vise à pousser les hommes et les équipements à leurs limites pour nous assurer que nous sommes prêts à faire face à ce défi", a assuré le ministre de la Défense Philip Hammond dans un communiqué. La plus grande partie de ces opérations se tiendront "sous les yeux du public" et se traduiront par une importante présence militaire, selon le ministre, qui espère que "cela permettra aussi de rassurer les Britanniques sur le fait que tout est entrepris pour assurer la sécurité des jeux".

L'exercice se déroulera en trois phases: la première sera centrée sur Weymouth, la seconde sur l'espace aérien au-dessus de Londres et de ses environs, et la dernière sur la Tamise. Elle se traduira notamment par le mouillage à Greenwich, à l'est de Londres, du HMS Ocean, avec des hélicoptères embarqués, et de plusieurs autres navires dans la baie de Weymouth et à Portland, situé à proximité. Des jets et des hélicoptères de l'armée mèneront des opérations au-dessus de Londres et des comtés avoisinants, d'autres seront redéployés sur certaines bases, et des batteries anti-aériennes seront donc installées sur six sites de la capitale anglaise. Le ministère précise toutefois que pour cette répétition, elles seront équipées avec de faux missiles.