Image
Représentation graphique d'une collision proton-proton telle qu'elle se produit dans un accélérateur de particules. © CERN / AFP
Un baryon "beauté" excité est apparu, pour la première fois, dans le plus puissant accélérateur de particules au monde. Explications.

Si le fameux boson de Higgs, particule dite divine, reste toujours introuvable, les chercheurs du Cern ont très récemment mis la main sur une particule subatomique jamais observée : un baryon "beauté" excité, matricule... Ξb*0 ("Ξ" se lisant "xi"). Celui-ci est apparu en Suisse, près de Genève, lors d'expériences menées dans le plus puissant accélérateur de particules au monde, le Grand Collisionneur de hadrons (LHC), à l'issue de pas moins de 530 milliards de puissantes collisions, protons contre protons. Le petit nouveau, bien que théorisé par le modèle standard de la physique des particules, n'avait jusque-là jamais montré le bout de son nez, tout du moins dans cet état d'excitation...

Baryon, au même titre que le proton ou le neutron, est constitué de trois quarks, à ce jour considérés comme les briques les plus élémentaires de la matière avec les leptons. Toutefois, ces quarks peuvent, selon leur charge et leur masse, être de six "saveurs" différentes : down (bas), up (haut), strange (étrange), charm (charme), beauty (beauté), truth (vérité). Ainsi, alors que le proton est constitué de deux quarks "haut" et d'un quark "bas", le neutron, d'un quark "haut" et de deux quarks "bas", le baryon "beauté", lui, comporte un quark "haut" ou "bas" assorti d'un quark "étrange" et d'un quark "beauté". D'où son nom poétique...

Des forces sans lesquelles l'univers ne serait pas l'univers

D'après l'article soumis par les chercheurs à la revue Physical Review Letters, la masse de la nouvelle particule (5 945 MeV/c2) serait un peu plus de six fois celle du proton. Il pourrait même s'agir de la plus lourde jamais détectée... Selon les physiciens du Cern, la découverte devrait permettre de mieux comprendre comment les quarks se lient les uns aux autres pour former des baryons. Ce qui reviendrait à pouvoir valider la théorie de l'interaction forte, l'une des quatre forces fondamentales de la physique (avec la gravitation, la force électromagnétique et la force d'interaction faible), sans quoi l'univers ne serait qu'une vaste soupe de particules ! L'interaction forte assure, elle, plus précisément la cohésion du noyau atomique.

Quel rapport avec les bosons ? Ce sont eux qui transportent ces forces. Quant à l'insaisissable boson de Higgs, but ultime du Grand Collisionneur de hadrons (LHC), il serait lié à l'existence d'un champ de forces qui donneraient leur masse à chaque objet dans l'univers. Mais, en dépit de frêles indices, lui est encore aux abonnés absents... Une course contre la montre est engagée, car bientôt le LHC fermera ses portes, fin 2012, pour être perfectionné. Plus que huit mois pour le coincer !