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Des membres du parti d'extrême-droite Chryssi Avghi (Aube dorée) en Thessalonique, le 6 mai 2012
Aujourd'hui, ce sont près de 9,8 millions d'électeurs grecs qui se sont rendus dans les bureaux de vote pour des législatives cruciales pour le futur de la Grèce, mais aussi pour l'avenir de l'Europe.

Et si les résultats des sorties des urnes se confirmaient, le signal envoyé par les Grecs est loin éclaircir le ciel hellène. En effet, les deux grands partis du pays; le Pasok (socialiste) et Nouvelle Démocratie (droite), tous les deux pro-rigueur, ont essuyé un désaveu sévère, ne rassemblant qu'entre 31 et 37% des votes à eux deux - alors qu'ils avaient besoin d'au moins 37% des voix (soit 151 sièges) pour espérer former un gouvernement de coalition. La Grèce dispose désormais d'un délai d'une dizaine de jours pour se trouver un gouvernement, sous peine d'un retour rapide aux urnes.

Aux termes de l'article 37 de la Constitution, le président de la République, Carolos Papoulias, entrera en scène, une fois informé officiellement, peut-être lundi, des résultats du scrutin, pour confier au vainqueur des élections, la tâche de former un "gouvernement qui jouisse de la confiance du parlement".

Le dirigeant conservateur Antonis Samaras, dont la Nouvelle-Démocratie est arrivée en tête avec un score compris entre 17 et 20% des voix, qui devrait lui accorder 108 sièges sur 300 selon un sondage sorti des urnes, sera le premier à recevoir un "mandat exploratoire" lui donnant trois jours pour tenter de mettre en place un tel cabinet.

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Ainsi, ce scrutin viendrait confirmer encore un peu plus fortement la désillusion du peuple grec vis-à-vis de leurs représentants politiques et leur refus de la politique d'austérité menée sous l'impulsion des bailleurs de fonds du pays. Les 15,5 à 18,5% des voix données au petit parti de la gauche radicale Syriza en est d'ailleurs un autre signe révélateur.

Cependant, un mandat pour former un gouvernement devrait être accordé à la Nouvelle Démocratie, qui a obtenu entre 17 et 20% selon les résultats. L'AFP rapporte ainsi les propos de Panos Panagiotopoulos, un ténor de la Nouvelle Démocratie et chef du premier parti auto-déclaré: "C'est un séisme politique qui frappe les partis gouvernementaux."

Et la menace d'instabilité réelle n'a fait que nourrir le climat d'exception dont se sont emparés une trentaine de néonazis du groupuscule Chryssi Avghi (Aube dorée), qui ont semé la pagaille et se sont livrés à des intimidations contre des militants de gauche, selon le petit parti d'extrême gauche Antarsya. Il faut dire que le groupuscule, longtemps semi-clandestin, devrait faire, pour la première fois dans l'histoire moderne du pays, son entrée au Parlement grec, avec 6 à 8% des suffrages, selon les derniers sondages de sortie des urnes.

"L'heure de la peur a sonné pour les traîtres à la patrie", a menacé dimanche soir le dirigeant du groupe néonazi, Nikos Mihaloliakos. "Nous arrivons", s'est aussi époumonné Nikos Mihaloliakos, lors d'une conférence de presse qu'il a donnée dans un hôtel athénien, flanqué d'une quinzaine de jeunes hommes à la tête rasée. Environ 200 sympathisants étaient massés dans la salle, tandis qu'à l'extérieur, d'autres célébraient leur victoire en lançant des pétards.

Pour autant, les politologues grecs ont invité à une dernière soirée de prudence avant de pouvoir enfin analyser les résultats demain matin: "Ne considérons pas que le sondage sortie des urnes nous donnera le résultat final, cela va nous donner une image du paysage politique avant un affinement qui va se poursuivre dans la nuit".

Reste que, en fonction des résultats, les contours définitifs de cette image risquent de remettre sérieusement en question les efforts de redressement du pays au sein de la zone euro.