Traduction : Info-Palestine.net

Plus de 2000 prisonniers palestiniens en grève de la faim ont convenu d'un accord avec Israël pour mettre fin à leur jeûne en échange d'un assouplissement de leurs conditions de détention, ont déclaré lundi des responsables palestiniens et israéliens.
Image
Une fillette tient un portrait d’un Palestinien détenu dans une prison israélienne, lors d’une manifestation dans la ville de Ramallah en Cisjordanie le 14 mai 2012, à la suite d’un accord pour mettre fin à la grève de la faim des prisonniers - Photo : Reuters/Ammar Awad
« Toutes les organisations ont signé un accord pour mettre fin à la grève, » a déclaré Fares Qadura, le représentant de la Société des Prisonniers Palestiniens, après plusieurs heures de négociations entre les responsables des autorités pénitentiaires et les représentants des détenus à la prison d'Asqalon.

L'accord inclut Bilal Thiab et Thaer Halahleh, qui ont tous deux évité de justesse la mort après 77 jours de grève de la faim.

Les deux prisonniers ont accepté les termes de l'accord ce mardi matin, selon leurs familles cités par The Electronic Intifada.

Israël libérera Thiab et Halahleh, ainsi que tous les détenus administratifs à la fin de leur période de détention, et sans renouveler leur emprisonnement.

Sahar Francis, représentante d' Addameer, l'organisation de défense des prisonniers palestiniens, a déclaré qu'elle était toujours dans l'attente d'une confirmation si Thiab et Halahleh ont été inclus dans l'accord.

« Je ne peux pas confirmer à 100% s'ils sont spécifiquement inclus ou non, mais l'information a été donnée que les représentants des comités de détenus sont sur le point de les informer (de l'accord) ... Espérons que celui-ci les inclura tous, » a-t-elle dit.

Sahar Francis a ajouté que la grève de la faim avait été « très importante » dans la sensibilisation du public sur le sort des prisonniers palestiniens.

« Je pense que c'est une grève de la faim très importante, ce n'est pas la première grève de la faim et historiquement les Palestiniens ont participé à de nombreuses grèves ... mais cette fois-ci ce combat s'est produit dans une ambiance différente, alors qu'il y a eu plus d'activisme au cours des deux dernières années, » déclara-t-elle à un canal radio.

« Cette fois, je pense que la question des prisonniers a été pris plus au sérieux que par le passé. »

Selon des responsables palestiniens, l'Égypte avait rédigé les termes de l'accord au Caire, avec les représentants des prisonniers palestiniens.

Ils ont dit qu'Israël avait accepté le principe d'autoriser les visites familiales pour les détenus originaires de la bande de Gaza, et de mettre fin à l'isolement de 19 détenus.

Les prisonniers sont à la recherche d'un rétablissement de leurs droits en vertu du droit international humanitaire, y compris les visites familiales régulières, la fin de l'isolement et, surtout, la fin de la détention administrative.

Bine que cet accord marque un progrès, la politique de détention administrative unanimement condamnée, par laquelle les prisonniers peuvent être détenus indéfiniment sans inculpation ni jugement, demeure en vigueur.

Cette politique remonte à l'époque du mandat britannique sur la Palestine historique et constitue une violation du droit international humanitaire, selon Amnesty International et Human Rights Watch.

Thiab et Halahleh font partie d'un large nombre de Palestiniens qui ont passé des années dans les prisons israéliennes sans inculpation ni jugement, et avec de très dures conditions d'incarcération, y compris une interdiction des visites familiales et la mise en isolement.

Les mauvais traitements des prisonniers en Israël ont continué durant toute la grève de la faim.

Amnesty International a publié en urgence un document la semaine dernière, soulignant les mauvais traitements appliqués par Israël aux prisonniers et critiquant l'enchaînement des malades dans leurs lits comme « un traitement cruel, inhumain et dégradant. »

Le groupe britannique a également noté que les droits des grévistes de la faim Hasan al-Safadi, Omar Abou Shalal, Ja'afar Izz al-Din, et Mahmoud al-Sarsak n'avaient pas été respectés car il leur a été interdit de voir des médecins indépendants, en dépit de la très forte dégradation de leur état de santé.

La famille Thiab avait exprimé son extrême préoccupation pour la santé de Bilal, dont le corps, dit-elle, est perclus de maux.

« Nous sommes très inquiets pour la vie de Bilal, en particulier après que la Croix-Rouge nous ait dit que sa vie était menacée dans les prochaines heures. Hier, il nous a appelés vers 19 heures et c'était la première fois que la prison permettait un tel appel. Il nous a dit que sa santé se détériorait et qu'il a de nombreuses maladies, » avait expliqué son frère Bassam.

Bassam avait ajouté que Bilal avait perdu plus de 27 kg depuis le début de la grève de la faim, et qu'il entrait régulièrement dans un coma de courte durée.

« Il est en très mauvaise santé. Selon le rapport médical, il souffre d'une pression artérielle basse, de migraines constantes, de perte de conscience et de vomissements de sang. Son cœur bat plus faiblement ... Ses cheveux tombent et il s'évanouit régulièrement. La nuit dernière, il s'est évanoui pendant plus de 3 heures, ce qui a été le cas le plus grave depuis qu'il a entamé la grève de la faim, » ajoutait-t-il.

Bilal, âgé de 26 ans, a d'abord été détenu à l'âge de 18 ans et il a passé la plupart de ces huit dernières années derrière les barreaux israéliens, sans inculpation ni procès.

L'occupation israélienne, dit sa mère Umm Hishâm, « a privé sa vie de sens. »

Mais en dépit de la menace d'une mort imminente, Bassam assurait que son frère restait déterminé à poursuivre la grève de la faim dans le but de retrouver sa liberté.

« Il est accroché à la grève de la faim, jusqu'à la liberté ou le martyre. Il a également envoyé plusieurs messages pour saluer le peuple palestinien qui se tenait à ses côtés et aux côtés de tous les détenus », avait-il encore dit.