Peut-on décemment reprocher à Cendrillon de rêver d'amour lorsque son propre environnement le lui interdit en la diminuant, en la soumettant, en la bâillonnant, en l'assignant au cachot du désespoir, en la privant de concourir au cœur des hommes qui, au dire des moralisateurs de notre ère, la réduirait à la condition même de femme ? N'y voyez-vous pas là le paradoxe de ce combat censé l'élever ? Finalement, le ridicule de Javotte et Anastasie, nourri d'une jalousie maladive, devient désormais l'allégorie de ce néo-féminisme frustré et destructeur.
Peut-on raisonnablement plaindre ou victimiser Blanche-Neige qui, au lieu de recourir au défibrillateur ou d'être placée en soins palliatifs, renaît par le plus pur souffle d'amour d'un prince, coupable de s'être pudiquement penché sur son lit de mort pour lui rendre la vie, de s'être laissé guider par la plus noble et chevaleresque des intentions ?
Devrait-on reprocher à la Belle d'avoir succombé à la Bête ? De s'être secrètement ralliée au destin d'un monstre dont chaque geste brusque se changea progressivement en témoignage d'amour ? D'avoir dompté un animal pour le rendre homme et non l'inverse, encouragé par ces braconniers lobbyistes ?
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