Robert N. Proctor est un épistémologue Américain qui a publié plusieurs livres sur l'hygiénisme racial. Son ouvrage "La Guerre des nazis contre le cancer" retrace la lutte acharnée, contre tous les cancers, des nazis au pouvoir en Allemagne, de 1933 à 1945. Pour le grand public, la période nazie est souvent synonyme du massacre des juifs et de l'invasion de l'Europe. Mais ce n'est qu'une facette de la politique allemande de 1933 à 1945.
Avant de construire des camps de travail et d'y enfermer les populations des pays de l'est, les homosexuels, les tziganes, les opposants politiques, et les juifs pour faire tourner leurs usines, les nazis menèrent une guerre contre le tabac et l'alcool. Quand l'ordre doit régner pour le bien de la production nationale, fumer et boire deviennent inutiles. Quelques années après l'arrivée d'Hitler (ancien fumeur) au pouvoir, le tabac fût interdit dans les trains, les bus, les hôpitaux et certaines grandes entreprises. Le soi-disant «tabagisme passif» fût inventé par les nazis en 1939, par Fritz Linckint.
Cette guerre ne marcha pas du tout : la consommation de tabac ne cessa d'augmenter en Allemagne, plus que dans tous les autres pays européens.
Mais les nazis n'osèrent pas aller aussi loin que l'OMS et ses partenaires industriels à savoir : interdire le tabac dans les CHR...
La lecture de cet ouvrage donne un éclairage intéressant sur notre époque «moderne». Voyons, grâce à cet ouvrage, quelle était l'approche des nazis au sujet du tabac et comment ils utilisèrent les scientifiques pour régenter la vie en société :
Extraits :
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L'épidémiologie allemande du tabac fut, pendant un temps, la plus avancée au monde, comme ce fut le cas pour beaucoup d'autres aspects de la lutte antitabac. L'élite médicale nazie soutenait fortement la recherche sur les risques liés au tabac.
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Dans la conception du monde nazi, le tabac était un poison génétique; une cause de stérilité, de cancers, de crises cardiaques ; une saignée dans les ressources nationales et une menace pour la santé publique. Le parti nazi lança une importante campagne antitabac qui comprenait une éducation sanitaire du public à une large échelle, des interdictions de certaines formes de publicité et des interdictions de fumer dans de nombreux espaces publics. Les mesures agressives prises dans cette direction allaient de pair avec l'insistance plus large du régime sur la nécessité d'une « direction sanitaire » exercée par les médecins (Gesundheitsführung), comprenant à la fois les mesures sanitaires préventives et la primauté du bien public sur les libertés individuelles - le soi-disant devoir d'être en bonne santé (Gesundheitspflicht).
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Dans son ouvrage publié en 1924 et intitulé "Die rauchende Frau" (ndlr : la femme fumeuse), Robert Hofstätter, gynécologue viennois misogyne, attribua des dizaines de maladies féminines - notamment les crampes menstruelles, l'atrophie utérine et le dysfonctionnement ovarien - à l'action de l'herbe diabolique et en appela à la reconversion des champs de tabac en vergers et potagers.
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Les hygiénistes raciaux s'opposaient au tabac par crainte d'une corruption du plasma germinatif allemand, les hygiénistes industriels s'y opposaient parce qu'ils redoutaient une réduction de la capacité de travail. Les infirmières et les accoucheuses pensaient qu'il avait des effets néfastes sur l'« organisme maternel. » On accusait le tabac d'être « une force corruptrice dans une civilisation décadente devenue paresseuse », une cause d'impuissance chez les hommes et de frigidité chez les femmes. La rhétorique de la période nazie contre le tabac s'inspirait de la rhétorique eugéniste d'une génération antérieure, à laquelle s'ajoutait une éthique de la pureté corporelle et de la performance au travail. On qualifiait le tabac d'« épidémie », de « fléau », d'« ivrognerie sèche » et de « masturbation des poumons. »
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On disait que fumer rendait les femmes plus difficiles à marier parce qu'elles vieillissaient plus vite et avaient tendance à perdre leur beauté.
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Martin Staemmler, influent médecin nazi, affirma que la consommation de tabac par les femmes enceintes était responsable de l'augmentation du nombre d'enfants mort-nés et de fausses couches.
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Le tabac causait une allégeance à un élément étranger, à une époque où l'esprit et le corps étaient supposés appartenir au Führer.
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On ne sait pas s'il arriva que des personnes dépendantes du tabac fussent incarcérées du fait de leur dépendance, mais on sait en revanche que le sort s'acharna sur des personnes dépendantes d'autres substances. En 1941; le chef de la santé du Reich, Leonardo Conti, ordonna la création d'un bureau chargé d'enregistrer les personnes dépendantes et de combattre la dépendance ; on établit des registres semblables pour les alcooliques, les sans domicile fixe, etc. Il est possible que cette démarche ait inquiété les fumeurs, étant donné que l'on considérait souvent l'usage du tabac comme une « première étape » vers l'abus de substances plus fortes comme la morphine et la cocaïne. L'Allemagne nazie était très sévère à l'égard des trafiquants de drogue : un rapport de 1938 élaboré par les responsables américains des narcotiques faisait l'éloge du régime nazi pour avoir jeté un célèbre vendeur de drogue autrichien dans un camp d'internement « dans lequel il restera sans doute toute sa vie. »
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Armées de l'expertise scientifique et du pouvoir politique requis, les autorités nazies limitèrent la consommation de tabac en utilisant une combinaison de propagande, de relations publiques et de décrets officiels. Le ministre de la Science et de l'Éducation ordonna que l'on discute des dangers du tabac dans les écoles primaires et l'Office de la santé du Reich publia des pamphlets pour conseiller aux jeunes de ne pas fumer.[...]
À la fin des années 1930 et au début des années 1940, les activistes antitabac réclamèrent l'augmentation des taxes sur le tabac, des interdictions dans le domaine de la publicité ainsi que des interdictions des distributeurs automatiques sans surveillance, et des ventes de tabac aux jeunes et aux femmes durant leur période de fécondité. Les activistes réclamèrent l'interdiction de fumer au volant et sur les lieux de travail, ainsi que la création de centres d'assistance en matière de tabac.
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On créa des centres d'assistance dans lesquels les « malades du tabac » (Tabakkranke) pouvaient venir chercher de l'aide - à la fin des années 1930 il existait des dizaines de centres de ce genre. On ouvrit des restaurants et des sanatoriums sans tabac, souvent avec le soutien financier de la Ligue allemande contre le tabac.
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Les sanctions légales apparurent en 1938. Cette année, la Luftwaffe (ndlr : l'armée de l'air) décréta une interdiction de fumer sur ses propriétés et la Poste en fit de même. Des interdictions de fumer apparurent sur de nombreux lieux de travail, dans les administrations publiques, des hôpitaux et des maisons de repos, et on ordonna aux sages-femmes de ne pas fumer pendant leur service. On conçut des voitures « non-fumeur » dans tous les trains allemands avec une amende de deux reichsmarks pour les contrevenants.
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L'activisme antitabac culmina durant les septième et huitième années du pouvoir nazi, encouragé par le succès des premières campagnes militaires et la reconnaissance du fait que le rationnement pouvait fournir une excuse acceptable pour demander un effort plus intense en vue de réduire la consommation de tabac.
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Le directeur de l'Institut de physiologie du travail de Dortmund soutint que le tabac devrait être totalement interdit sur les lieux de travail en raison des dangers du « tabagisme passif. » Le plus important journal médical d'Allemagne fit un récit détaillé de la conférence et Hitler envoya un télégramme souhaitant à l'assemblée « bonne chance dans votre travail consistant à libérer l'humanité de l'un de ses plus dangereux poisons. »
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Astel était le chef de l'Office des affaires raciales de Thuringe ainsi qu'un antisémite notoire et un hygiéniste racial (il avait adhéré au parti nazi et à la SS en juillet 1930) ; il était également un ardent défenseur de l'«euthanasie» et visitait les hôpitaux locaux pour encourager les médecins à tuer leurs malades psychiatriques (Astel était si exubérant dans son soutien au meurtre des malades mentaux, qu'il fallut rappeler que l'opération était supposée rester secrète). Il contribua à organiser le renvoi des juifs des postes universitaires et participa plus tard à l'organisation des déportations vers les camps de la mort. Astel était aussi un militant antitabac et ne buvait jamais d'alcool ; il qualifia l'opposition au tabac de « devoir national-socialiste. » [...] Selon lui, il fallait combattre le tabac « cigare par cigare, cigarette par cigarette et paquet par paquet»
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Les hygiénistes industriels exerçaient aussi des pressions parce qu'ils s'inquiétaient de la perte de main-d'œuvre allemande occasionnée par le tabac. À la fin des années 1930, les personnes qui s'absentaient de leur travail pendant plus de quatre semaines à cause de « problèmes gastriques liés à la cigarette» (en particulier les gastrites et les ulcères) devaient se faire examiner dans un hôpital; les récidivistes - les personnes qui ne parvenaient pas à arrêter de fumer - pouvaient être confiés à une clinique de sevrage de la nicotine. »
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On disait que les femmes juives et communistes étaient particulièrement susceptibles de fumer et de transmettre leur habitude répugnante aux autres. Les journaux d'hygiène raciale montraient des femmes décadentes avec des cigarettes pendant à leurs lèvres.
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Au cours de sa jeunesse viennoise, Hitler avait fumé de vingt-cinq à quarante cigarettes par jour, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il gaspillait beaucoup d'argent et qu' « il jette ses cigarettes dans le Danube et n'y touche plus jamais. » Il affirma également - aussi étrange que cela nous semble aujourd'hui - que l'Allemagne n'aurait jamais connu sa gloire présente, s'il avait continué à fumer.
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Les Allemands ne connurent jamais la prohibition et ne souffrirent jamais d'une réaction en retour contre le moralisme antitabac comme ce fut le cas pour les médecins américains. Dans les années 1930, les médecins allemands furent donc beaucoup plus enclins que leurs homologues américains à approuver les revendications des activistes antitabac. Ils étudièrent avec plus d'agressivité les effets du tabagisme et les condamnèrent plus généralement. Les Allemands fustigèrent d'autant plus facilement le tabac qu'ils n'avaient jamais souffert des excès moraux de la prohibition. [...]
La consommation de tabac augmenta plus rapidement en Allemagne qu'en France : les deux pays consommaient en moyenne 570 cigarettes par tête en 1932; en 1939 les Allemands en fumaient 900 et les Français seulement 670. [...]
Extraits de "La Guerre des nazis contre le cancer"
Robert N. Proctor
Les Belles Lettres
1999
Le tabac... Difficile d’imaginer comment cette lointaine plante d’Amérique du sud s’est immiscée dans la civilisation européenne. Herbe magique utilisée par les Amérindiens, elle est importée en Europe au XVIe siècle et se développe peu à peu, parallèlement à l’essor de l’industrie moderne notamment. Au XIXe et plus encore au XXe siècle, le tabac, sous forme de cigarette, devient un produit de consommation courante. Des milliards puis des dizaines de milliards de cigarettes sont écoulées chaque année en France. Dans les années 50, 40 milliards de cigarettes sont vendues sur le territoire national, notamment grâce à l’invasion de l’Europe en 1945. Soumis à une véritable propagande de guerre organisée depuis les bureaux des grands trusts du tabac aux États-Unis, ce sont en 1991 près de 100 milliards de cigarettes qui sont vendues.
À chaque « attaque » contre le tabac (essentiellement hausse de la fiscalité), et particulièrement des rangs nationaux, s’élèvent des cris pour défendre la « liberté » des fumeurs. Positions défendables, certainement, pour peu qu’elle soit assumée à la lumière des toutes les informations disponibles et de la réalité de cette véritable guerre menées par les mondialistes contre l'Europe (en autre) pour leur imposer le tabac.
Au fil des années, les informations sur les méfaits du tabac se sont accumulées. Pourtant dès les années trente, l’un des plus importants régimes avaient mis en lumière les graves méfaits du tabac et déclaré une guerre totale contre ce fléau. Les mensonges s’ajoutant aux mensonges, les défenseurs du tabac feront même de la lutte du régime national-socialiste contre le tabac un argument en faveur de la consommation.
Nous reviendrons plus tard sur les origines de la lutte contre le tabac dans l’Allemagne libérée.
Pour l’heure, nous nous intéresserons au cas Robert Proctor, déjà célèbre pour avoir publié La Guerre des nazis contre le cancer (disponible chez Akribéia) et auteur à la fin des années 90 d’un article « The Nazi War on Tobacco: Ideology, Evidence, and Possible Cancer Consequences » (en anglais).
Il vient de récidiver – et d’aggraver son cas – dans un ouvrage qui s’attaque à l’industrie de l’holocauste – un véritable holocauste, celui-là – et qui porte d’ailleurs comme nom : Golden Holocaust. L’historien – qui enseigne à Stanford – a fait face à de nombreuses attaques ; de nombreux réseaux se sont activés pour faire interdire son livre. Le Bulletin of the History medecine, celui-là même qui avait publié l’article sur le tabac dans l’Allemagne de Hitler avait refusé de publier un autre article de Proctor s’attaquant cette fois au tabac dans les États-Unis moderne.
Les trusts du tabac n’ont cette fois pas pu imposer leur censure, et l’énorme somme (750 pages) de Robert N. Proctor, vient de paraître.
Ce livre est un petit wikileaks du tabac : l’auteur en effet y dévoile les secrets de l’industrie du tabac, révélés par eux-mêmes dans leurs comptes-rendus de réunion, rapport de médecine à usage interne, etc. documents (13 millions déjà ont été numérisés) rendus publics depuis plus d’une décennie suite à l’accord entre divers États étasuniens et l’industrie du tabac.
Sans surprise, il y dévoile l’énorme puissance du lobby du tabac, connue et étudiée depuis déjà longtemps – infiltration de l’OMS notamment.
Le tabac, c’est un bilan. Il n’y a que le communisme pour avoir tué plus de monde : 100 millions de morts au XXe siècle. Et énormément plus à venir.
Citer:
« La cigarette est l'invention la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité. »
Voici quelques extraits de l’article du Monde consacré à l’ouvrage, Les conspirateurs du tabac,qui présente ainsi l'article :
Citer:
« Si vous souhaitez rester convaincu que l'on fume parce que c'est agréable et que c'est ainsi, tournez la page. Vous avez tout à perdre à lire ce qui suit. Mais peut-être avez-vous envie de savoir pourquoi les gens fument et pourquoi il leur est aussi difficile de s'arrêter. De savoir pourquoi autant d'entre eux devraient en mourir. Et de comprendre pourquoi tout cela nous semble aussi normal. Pour cela, il faut entrer dans la salle des machines de la plus vaste entreprise d'ingénierie du consentement jamais menée à bien. C'est un endroit compliqué. C'est un enchevêtrement d'hommes et d'institutions devenus les rouages d'une subtile mécanique, capable d'infiltrer la culture et la science, de subvertir la médecine et de corrompre en masse. Et, pour vous guider dans ce dédale, Robert Proctor est la personne qu'il vous faut. »
Citer:
« Le 14 décembre 1953, les grands patrons du tabac se retrouvent discrètement à l'hôtel Plaza de New York. Quelques mois auparavant, des expériences menées sur des souris ont montré que le produit qu'ils vendent est cancérigène – ce que les médecins allemands savaient depuis les années 1920 –, et des journaux commencent à évoquer cette possibilité. Au terme de réunions avec le patron de Hill & Knowlton, conseiller en relations publiques, les géants du tabac se lancent dans une entreprise de propagande et d'instrumentalisation du doute scientifique qui retardera la prise de conscience des ravages de la cigarette. Il faut "maintenir la controverse vivante". Un cadre de Brown & Williamson l'écrit dans un célèbre mémo, découvert dans les "tobacco documents " : "Le doute est ce que nous produisons." Avec succès. Ce n'est qu'en 1964 que les autorités sanitaires américaines commenceront à communiquer clairement sur le lien entre tabac et cancer du poumon. [...] Les mensonges d'une demi-douzaine de capitaines d'industrie provoquant la mort de plusieurs millions de personnes ? Une fiction qui mettrait en scène une conspiration de cette ampleur serait taxée d'irréalisme ou de loufoquerie... »
Citer:
« Tout ne commence pas en décembre 1953. D'autres manoeuvres sont plus anciennes. Le plan Marshall, par exemple. Le grand programme d'aide à la reconstruction de l'Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale a également été « mis à profit par les cigarettiers américains pour rendre les populations européennes accros au tabac blond flue-cured, facilement inhalable ». Tout est là. Le flue-curing est une technique de séchage des feuilles de tabac qui se répand largement aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, et qui permet de rendre la fumée moins irritante, donc plus profondément inhalable. Or jusque dans la première moitié du XXe siècle, on fume encore, dans une bonne part de l'Europe continentale, du tabac brun, très âcre, beaucoup moins dangereux et addictif. Car plus la fumée peut pénétrer profondément dans les poumons, plus l'afflux de nicotine dans l'organisme est rapide, plus l'addiction qui se développe est forte. Et plus les dégâts occasionnés sur les tissus pulmonaires sont importants. "Au cours de la réunion de Paris (le 12 juillet 1947) qui a mis en mouvement le plan Marshall, il n'y avait aucune demande des Européens spécifique au tabac, raconte Robert Proctor. Cela a été proposé et mis en avant par un sénateur de Virginie. Au total, pour deux dollars de nourriture, un dollar de tabac a été acheminé en Europe." »
Citer:
« Parfois, ce qu'on retrouve dans les cigarettes n'a pas été ajouté par les chimistes de l'industrie, mais par les caprices de la nature. Ainsi du polonium 210. Pour des raisons non encore éclaircies, la feuille de tabac a une détestable propriété : elle fixe et concentre cet élément radioactif naturellement présent dans l'environnement à des teneurs infimes. Les "tobacco documents" montrent que, dès les années 1950, l'industrie a découvert cette vérité qui dérange. Elle ne divulguera rien. [...] Dans un premier temps, les cigarettiers cherchent à se débarrasser de cet élément radioactif. Ils font mener des travaux qu'ils gardent secrets. [...] Aucune de ces solutions ne sera, semble-t-il, retenue. Car résoudre ce problème ne procure pas d'"avantage commercial ", selon l'expression d'un haut cadre de RJ Reynolds [...]. Cela coûte de l'argent. [...] Surtout, redoutent les industriels, ce traitement pourrait affecter les propriétés chimiques de la nicotine, la rendant moins efficace à entretenir leur capital le plus précieux : l'addiction. [...] Combien de fumeurs savent qu'ils ont dans la poche un paquet de 20 tiges légèrement chargées de polonium 210 ? Combien savent qu'un paquet et demi par jour équivaut – selon une évaluation publiée en 1982 dans le New England Journal of Medicine – à s'exposer annuellement à une dose de rayonnement équivalente à 300 radiographies du thorax ? Combien savent que ce polonium 210 est responsable d'une fraction non négligeable des cancers contractés par les fumeurs ? [...] »
Citer:
« [...] "C'est une pure fabrication de l'industrie, répond M. Proctor. C'est une différence fondamentale avec d'autres drogues comme l'alcool et le cannabis. La cigarette n'est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse." Elle ne fait que soulager celui qui est accoutumé au tabac, elle le rend fonctionnel. "C'est écrit en toutes lettres dans les documents : fumer n'est pas comme "boire de l'alcool", c'est comme "être alcoolique", dit Robert Proctor. Parmi ceux qui aiment la bière ou le vin, seuls 3% environ sont accros à l'alcool. Alors qu'entre 80% et 90% des fumeurs sont dépendants. C'est une forme d'esclavage."
[...]
Citer:
« Pourtant, l'American Civil Liberties Union (ACLU) – l'équivalent de notre Ligue des droits de l'homme – a fait campagne au début des années 1990 pour la "liberté" de fumer sur le lieu de travail. Mais il est vrai que la prestigieuse ACLU venait, elle aussi, de toucher quelques centaines de milliers de dollars de l'industrie du tabac... "Comment peut-on parler de liberté lorsque 90 % des fumeurs interrogés disent vouloir s'arrêter sans y parvenir ?" Le novlangue d'Orwell n'est pas loin. "La guerre, c'est la paix", "l'amour, c'est la haine" professait le Parti omnipotent de 1984. Dans le monde du tabac, "l'esclavage, c'est la liberté". [...] Les adolescents voient souvent dans la cigarette une manifestation d'esprit rebelle. Convaincre qu'inféoder ses fonctions biologiques à de grands groupes industriels tient de la rébellion, voilà un tour de force marketing, dont le projet est inscrit en toutes lettres dans les "tobacco documents" : il faut vendre aux jeunes l'idée que fumer procède d'une "rébellion acceptable".[...] Créer de toutes pièces des réflexes mentaux dans la population – qui ne résistent ni à l'analyse critique ni même au simple bon sens – est la part la plus fascinante de cette histoire. C'est le fruit d'investissements lourds. Depuis des décennies, les apparitions des marques de cigarettes dans le cinéma hollywoodien sont millimétrées, à coups de millions de dollars. D'autres millions sont investis par l'industrie dans la recherche biomédicale académique : non pour trouver des remèdes aux maladies du tabac mais, très souvent, pour documenter des prédispositions génétiques à des maladies, attribuées ou non à la cigarette... [...] »
Et comme pour une autre part de l'histoire trafiquée, le mensonge, l'argent et le lobby doit contrôler le passé pour vendre (ou récupérer de l'argent dans un autre cas...)
Citer:
« L'histoire est un enjeu important, crucial même. [...] Peser sur l'histoire et les sciences sociales pour fabriquer le consentement. Philip Morris a formalisé ce projet en 1987 sous le nom de Project Cosmic – un plan destiné à "créer un réseau extensif de scientifiques et d'historiens partout dans le monde", toujours selon les "tobacco documents ". "Il s'agissait de recruter des savants dont les travaux ou les idées pourraient contribuer à forger une "narration" favorable aux industriels", explique Robert Proctor. »