Les scientifiques pensent que la roche, tombée du ciel en 2011, contient de précieuses informations sur la planète rouge.

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© Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane Le professeur Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane de l'université Hassan II de Casablanca examine un fragment de la météorite martienne de Tissint.
Ce n'est qu'un début, mais il est plutôt prometteur... Une équipe scientifique internationale vient de livrer le résultat des premières analyses menées sur la météorite martienne de Tissint. Cette mystérieuse boule lumineuse qui s'est abattue, le 18 juillet 2011, dans le sud du Maroc, sous les yeux de villageois ébahis. D'après leurs conclusions récemment publiées dans la revue spécialisée Science, il s'agirait d'une shergottite picritique, roche magmatique riche en olivine, comportant plusieurs spécificités très intéressantes pour les chercheurs.

Outre le fait qu'il s'agit d'une météorite tombée - la cinquième jamais récoltée dans le monde - et qu'elle a donc été très peu contaminée par la matière terrestre, Tissint est particulièrement riche en verre noir chargé de bulles résultant d'un piégeage de gaz atmosphérique martien. Ce verre résulte de la fusion de la roche sous l'effet d'un choc intense, celui-là même qui a conduit à l'expulsion de la météorite il y a environ 700 000 ans. Mais ce sont les bulles qui intriguent le plus les chercheurs puisqu'elles ont un temps renfermées les conditions atmosphériques de la planète rouge à l'époque de sa formation, le tout étant maintenant de parvenir à les faire parler...

Indice supplémentaire

Après la découverte probable du lit d'un ruisseau martien par le robot Curiosity, la météorite pourrait fournir un indice supplémentaire de la présence d'eau liquide durant une période antérieure à celle de son détachement de la planète rouge. Un élément qui est considéré comme primordial pour le développement d'une forme de vie. La roche, dont les scientifiques pensent qu'elle provient de la surface de la planète en raison de la présence de cérium en son sein, semble avoir subi l'action d'un liquide.

L'équipe du professeur Hasnaa Chennaoui-Aoudjehane de l'université Hassan II de Casablanca, qui comprend notamment plusieurs chercheurs français, a en effet découvert des traces de soufre et de fluor dans les anfractuosités de la roche qui semblent avoir été déposées par une eau ruisselante, avant d'être figées (et donc conservées) dans le verre noir lors de l'impact avec un astéroïde ou tout autre gros objet céleste. Un élément qui n'a jamais été observé sur aucune météorite auparavant. Des pierres tombées du ciel qui n'ont pas fini de susciter l'intérêt des scientifiques, car elles permettent toujours, sur Terre, des analyses plus poussées que celles dont un robot comme Curiosity est capable.