Les forêts britanniques sont en état d'alerte : un champignon dévastateur importé du continent menace le pays d'un de ses pires désastres écologiques, selon des spécialistes de l'environnement.

Le responsable de la panique qui gagne les milieux arboricoles du royaume et se propage jusqu'à la sphère politique se nomme chalara fraxinea, un minuscule champignon qui peut transmettre la chalarose. Cette maladie frappe essentiellement les frênes, entraînant nécroses et désséchement, jusqu'à la mort des arbres.

English Wood
© Kieran Doherty-ReutersVue d'une forêt anglaise dans le Sussex en octobre 2009
Plus de 100 000 arbres ont déjà été abattus et brûlés pour tenter d'enrayer la dissémination du champignon. Et le gouvernement a décidé, lundi 28 octobre, un moratoire sur l'importation d'arbres en provenance du continent.

Car la « maladie des frênes » a d'abord été identifiée en Pologne, à partir de 1992, avant de se propager en Scandinavie, au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse, dévastant les populations de frênes du Nord de l'Europe. En France, les départements du Nord-Est et la région du Nord-Pas-de-Calais sont affectés.

Si les Anglais s'inquiètent tant pour leurs frênes, c'est qu'ils figurent dans le trio de tête des espèces les plus représentées dans les forêts de Grande-Bretagne. Surtout, leur contribution à l'écosystème est telle que leur disparition pourrait détruire les habitats de nombreuses espèces animales et végétales.

La menace de parasites et de maladies toxiques

Des experts craignent que cette épidémie de chalarose se révèle encore plus dévastatrice que la graphiose qui avait quasiment éradiqué les populations d'ormes de Grande-Bretagne dans les années 1960 et 1970.

L'opposition travailliste a critiqué le gouvernement conservateur pour avoir tardé à interdire l'importation de frênes étrangers. La première infection a été détectée en Grande-Bretagne au mois de février, huit mois avant que le gel des importations soit décrété. Mais les professionnels britanniques de l'horticulture avaient alerté en vain les autorités dès 2009 de la menace que faisaient peser les arbres malades venus du continent. A l'époque, les travaillistes étaient au pouvoir.

Le moratoire est de toute façon peut-être inutile. Après la découverte d'arbres malades dans des forêts adultes, et non seulement chez des horticulteurs, des spécialistes s'inquiètent de ce que des spores de chalara fraxinea puissent franchir la mer portés par les vents.

Sa situation insulaire ne suffit-elle plus à protéger la Grande-Bretagne des espèces invasives ? La Commission des forêts estime que le pays « affronte un niveau sans précédent de menace due à toute une gamme de parasites et de maladies exotiques ». Or le budget de la Commission des forêts a été réduit d'un quart et ses crédits de recherche d'un tiers, a rappelé la responsable de l'environnement pour l'opposition travailliste, Mary Creagh.