Le ministère de l'économie à Bercy
© JPDN/SIPALe ministère de l'économie à Bercy

L'Insee a présenté jeudi sa note de conjoncture qui dresse un scénario économique jusqu'à mi-2013...

« Toujours pas d'élan »... mais pas de catastrophe non plus. Voilà le tableau français dressé mardi matin par les prévisionnistes de l'Insee.

La croissance toujours introuvable

En résumé, après un léger rebond de la croissance au troisième trimestre (+0,2%), l'institut table sur une nouvelle contraction de l'activité au 4e trimestre 2012 (-0,2%), avant un léger mieux au premier semestre 2013 (+0,1% par trimestre).

Un scénario rendu possible avant tout par une « certaine résistance de la demande en France », note l'Insee : demande interne (consommation des ménages et investissement des entreprises) mais aussi demande externe (les exportations) sous l'effet notamment du redémarrage de la demande mondiale.

Dans le détail, toutefois, si le pays devait éviter de plonger dans la récession l'an prochain, les six premiers mois de l'année ne devraient pas être fastes pour les salariés et consommateurs que nous sommes.

Poursuite des destructions d'emploi

Côté emploi, l'Insee table en effet sur une poursuite des destructions d'emplois marchands : 89 000 au deuxième semestre 2012 puis 75 000 au premier semestre 2013, portant ainsi le taux de chômage de 9,9 % à 10,5 % en France métropolitaine (de 10,3 % à 10,9 %, DOM compris).

Dans un climat des affaires très dégradé, c'est l'industrie manufacturière qui devrait être le secteur le plus touché (environ 38 000 emplois détruits au premier trimestre) avec la construction (-13 000 postes) tandis que l'emploi dans le commerce stagnerait et que le recours à l'intérim poursuivrait sa chute (environ 20 000 emplois de moins).

Et encore merci le CICE ! Le fameux crédit sur l'impôt sur les sociétés adopté dans le cadre du pacte de compétitivité devrait générer environ 15 000 emplois début 2013, selon l'Insee. Merci aussi au renforcement des emplois aidés, qui contribueront à la création d'environ 31 000 emplois au premier semestre dans le secteur non marchand, en particulier grâce à la montée en charge des contrats d'avenir ciblés sur les jeunes sans qualification.

Une consommation qui résiste à la baisse du pouvoir d'achat

Dans ce contexte, pas de grosses augmentations de salaires à attendre en 2013 pour les salariés du privé mais aussi du public. « La dégradation du marché du travail pèse sur les négociations salariales », note l'Insee. A quoi vient s'ajouter une faible revalorisation du smic au 1er janvier. Le ralentissement des revenus d'activités devrait donc se poursuivre au premier semestre 2013 (+0,4 % contre + 0,7 % au premier semestre 2012).

Résultat : malgré un ralentissement de la hausse des prix et une bonne tenue des prestations sociales, le pouvoir d'achat sera aussi sous pression : -0,2 % sur un an au dernier trimestre 2012 puis +0,3 % au premier semestre 2013.

« Ces variations tiennent surtout aux aléas du calendrier fiscal : après le choc des hausses d'impôts votées pour 2012 (gel du barème de l'impôt sur les revenus, limitation des niches, contribution exceptionnelle sur les très hauts revenus) qui ont pesé sur les revenus fins 2012, les nouveaux prélèvements prévus au budget 2013 (alignement de la fiscalité du capital sur celle du revenu, tranche de 45 %, baisse du quotient familiale) interviendront principalement au second semestre 2013 », note l'Insee.

Malgré tout, les prévisionnistes tablent sur une stabilité de la consommation au premier semestre, après la baisse de 0,1 % au quatrième trimestre 2012. Les ménages devraient en effet puiser dans leurs confortables économies. Et c'est le taux d'épargne qui amortira le choc en passant de 16,5% au deuxième trimestre 2012 à 16,1 % au deuxième trimestre 2013.

Quel scénario pour la réduction des déficits ?
0,8 % de croissance en 2013 : c'est l'hypothèse retenue par le gouvernement pour atteindre son objectif de réduction du déficit public à 3 % fin 2013. En théorie, avec un acquis de croissance estimé par l'Insee à 0,1 % fin juin 2013, il faudrait que l'économie enregistre une progression de 1 % au troisième et au quatrième trimestre pour que l'objectif soit atteint. Impossible ? L'Insee refuse comme toujours de se prononcer. « Pour que l'hypothèse soit tenue, il faudrait que les aléas favorables se concrétisent dès le premier semestre 2013, sinon ce sera compliqué », expliquait jeudi Cédric Audenis, chef du département de la conjoncture de l'Insee. En clair: il faudrait que la croissance dans les pays émergents dépasse les attentes et tire les exportations française, que les Etats-Unis règlent vite et bien leur problème de « falaise budgétaire » ou encore que le cours du pétrole poursuive son relâchement.