Laurent Fontaine et Pascal Bataille produisent sur Canal Jimmy un magazine d'investigation très incisif : C'est off. Il s'agit d'un des rares supports pour du journalisme d'investigation en France.

Dans le remarquable reportage de Katia Chapoutier extrait de l'émission du 28 janvier 2007, vous comprendrez comment les visiteurs médicaux des laboratoires pharmaceutiques tentent d'influencer les médecins pour les pousser par tous les moyens à prescrire toujours plus.

La réalité est bien loin des déclarations de foi du LEEM de la HAS ou du Conseil de l'Ordre des Médecins qui cherchent à faire passer ces vendeurs pour des informateurs scientifiques.

Les visiteurs médicaux sont des vendeurs, et il n'y pas de honte à cela(1). Ce qui est honteux, c'est de prétendre le contraire, alors que dans l'industrie pharmaceutique, ils sont rattachés à la direction des ventes et non à la direction médicale.

Ce qui est étonnant, c'est que ce journalisme d'investigation soit réalisé surtout par des chaînes privées et payantes (voir aussi le reportage de Jean-Baptiste Rivoire pour Canal+ sur le traitement hormonal de la ménopause).

Sur le service public, Hélène Cardin et Alain Bedouet (France-Inter) ou Michel Cymès et Marina Carrère d'Encausse (La 5) font trop souvent preuve d'une complaisance dérangeante pour l'industrie pharmaceutique et ses dealers d'opinion. Service public est loin d'être synonyme d'indépendance et finalement, la pub cachée est plus perverse que la pub visible. Voir tout récemment par exemple la promotion du traitement hormonal contre l'avis de la HAS et les évidences scientifiques.

D'ailleurs, comment ne pas faire le rapprochement avec un autre reportage de canal+ sur les lobbyistes et les hommes politiques :



En cherchant à paraître pour ce qu'elle n'est pas, l'industrie pharmaceutique altère son image. L'industrie doit fabriquer et vendre de bons médicaments (ce qu'elle fait de moins en moins) et n'a rien à faire dans la formation ou l'information des médecins (ce qu'elle fait de plus en plus) ni dans celle du public.

Tout le monde le sait, les rapports de l'IGAS s'accumulent

Mais les politiques ne font rien, peut-être tout simplement à cause de leurs liens avec ces industriels.

1) Roselyne Bachelot n'est pas très fière de son passé de visiteuse médicale : elle l'a supprimé sur son nouveau CV :

Avant

Image
Après

Image
C'est l'effet Sarkozy ? En tout cas, ce n'est pas encourageant pour ses anciens collègues