Tribunal
© Olivier Laban-Mattei/AFP

Une chercheuse de l'Inserm a été limogée... Son cas est « symptomatique » de l'emploi précaire dans la fonction publique, selon son avocat.

Sophie, 32 ans, attaquait mardi l'Inserm devant le tribunal administratif, pour être réintégrée dans le centre de recherche en cancérologie où elle travaillait jusqu'en septembre dernier. Rentrée en 2001, cette ingénieure d'études a été « remerciée »... après y avoir accumulé douze CDD et six avenants en l'espace de onze ans, le tout sans discontinuer. « Elle a travaillé dans les mêmes locaux, avec la même fonction et le même directeur de laboratoire », souligne Me Rémi Bascoulergue. Mais rien n'y fait.

« Le responsable des ressources humaines m'a certifié que mes compétences et mon investissement professionnel n'étaient nullement remis en cause, mais que cette situation relevait d'une aberration administrative », se désole cette chercheuse nantaise, mise au chômage sans la moindre indemnité. Surtout, les projets dont elle avait la charge ont été suspendus. Parmi eux, le suivi d'une « étude clinique de grande ampleur », qui permettrait de « prouver l'efficacité d'un traitement évitant les infections mortelles aux patients en réanimation »...

Elle avait réclamé sa titularisation

À vrai dire, Sophie a peut-être eu le tort de réclamer sa titularisation, comme le permet la « loi Sauvadet » du 12 mars 2012 - du nom de l'ancien ministre (NC) de la Fonction publique - après six ans de CDD. À l'Inserm, elle n'en a fait que quatre : selon les lignes budgétaires allouées aux uns ou aux autres, elle a aussi été rattachée, officiellement, au CHU ou encore au CNRS.

« L'Etat est le plus mauvais employeur qu'il soit : il multiplie les contrats précaires dans ses services », assène Rémi Bascoulergue, son avocat. Le jugement du tribunal administratif de Nantes est attendu sous quatre semaines.

L'Inserm n'était pas présent à l'audience du tribunal administratif. Il n'a pas répondu, non plus, aux sollicitations de 20 Minutes. « Ils font du lobbying auprès du gouvernement pour qu'il modifie la loi Sauvadet », croit savoir Rémi Bascoulergue.