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Le nom du président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev (à droite) apparaît à plusieurs reprises dans quatre holdings basées dans les îles Vierges britanniques. Ici, lors du World Economic Forum 2013, aux côtés du premier ministre géorgien, Bidzina Ivanishvili. | AFP/JOHANNES EISELE
Parallèlement à l'affaire Cahuzac, des millions de transactions effectuées dans des paradis fiscaux viennent d'être mis au jour, après quinze mois d'enquête par la presse internationale, incluant Le Monde. Un "Offshore Leaks" qui rassemble pas moins de 2,5 millions de fichiers, auxquels il faut encore ajouter les comptes de 120 000 sociétés offshores. Selon le quotidien belge Le Soir, c'est 160 fois le volume des câbles diplomatiques répertoriés par WikiLeaks. De quoi déclencher un séisme fiscal planétaire impliquant des dizaines de milliers de sociétés et de particuliers, issus de plus de 170 pays dans le monde.

Parmi les 130 Français impliqués dans le scandale, Jean-Jacques Augier, le trésorier de campagne de François Hollande, détenteur d'actions dans deux sociétés basées aux îles Caïmans. Mais ce n'est pas la seule pointure épinglée par les 38 médias ayant eu accès à la base de données de l'International Consortium of Investigate Journalists (ICIJ).

  • Mongolie : l'ex-ministre des finances
A commencer par Bayartsogt Sangajav, ministre des finances mongol de 2008 à 2012, et vice-président du Parlement. Il est doté d'un compte secret en Suisse, et détient des parts de Legend Plus Capital Limited, une entité offshore chinoise. Au total, il a placé 1 million de dollars sans le déclarer, alors même qu'il était à la tête de la Banque asiatique de développement (BASD) réclamant plus de fonds pour le développement de l'économie mongole. Selon le Guardian, M. Sangajav pourrait démissionner.
  • Philippines : la fille du président Marcos
Ce n'est pas la seule personnalité asiatique concernée par l'Offshore Leaks. Ainsi de la Philippine Imee Marcos, fille du président Ferdinand Marcos et actuelle gouverneuse de la province Ilocos Norte. Depuis 2005, elle est conseillère en investissement financier pour la compagnie Sintrat Trust, dont elle détient des parts, qu'elle ne mentionne pas dans sa déclaration fiscale.
  • Azerbaïdjan : le chef de l'Etat et sa famille
En Azerbaïdjan, les noms du président Ilham Aliyev et ceux de sa famille apparaissent à plusieurs reprises dans quatre holdings basées dans les îles Vierges britanniques. Le président et sa femme Mehriban sont détenteurs d'une entité montée en 2003, et trois entités sont au nom de leurs filles Arzu et Leyla depuis 2008. Les holdings sont gérées par Hassan Gozal, un homme d'affaires azerbaïdjanais dont la compagnie de BTP a remporté de nombreux contrats publics à Bakou.
  • Russie : des proches de Poutine
Olga Shuvalova a également investi dans une holding basée dans les îles Vierges britanniques depuis 2007. La femme du vice-premier ministre russe Igor Shuvalov est également à l'origine de transactions avec une compagnie basée aux Bahamas, et qu'une enquête de l'hebdomadaire financier Barron's avait liées à son mari en 2011.
  • Etats-Unis : une collecteuse de fonds du Parti démocrate
Côté Etats-Unis, 4 000 Américains sont mentionnés dans les fichiers de l'ICIJ, dont Denise Rich. Son ex-mari, le magnat du pétrole Marc Rich avait d'ailleurs été gracié en 2001 par Bill Clinton, après avoir été condamné pour fraude fiscale. Denise Rich, collecteuse de fonds pour le Parti démocrate, a placé 144 millions de dollars en 2006 dans un trust aux îles Cook, et possède un yacht non déclaré, baptisé Lady Joy. Elle a renoncé à sa nationalité américaine en 2011 pour devenir autrichienne.
  • Canada : un avocat récidiviste
Au Canada, l'avocat et ex-politicien Tony Merchant, marié à la sénatrice Pana Merchant, a déjà eu affaire au fisc. L'enquête de l'ICIJ revient sur son compte offshore de 1998, où il a déposé 800 000 dollars. Selon le Guardian, les agents en charge du compte avaient l'interdiction de contacter Tony Merchant à ce sujet, au risque de lui "provoquer une crise cardiaque".
  • Espagne : une collectionneuse d'art
Enfin en Espagne, la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza a détenu une compagnie entre 1996 et 2004, et en possède une autre depuis 1994 également domiciliée dans les îles Cook. Veuve du milliardaire Thyssen, elle utilisait ces holdings pour acheter des œuvres d'art aux ventes aux enchères de Christie's et Sotheby's, comme le Moulin à eau à Gennep de Van Gogh, actuellement exposé au musée Thyssen de Madrid. Son avocat a déclaré que M. Thyssen-Bornemisza a effectivement bénéficié de l'argent placé sur ces comptes, mais que ses holdings servaient principalement à pouvoir transférer des œuvres d'un pays à l'autre.

D'autres noms devraient être divulgués au cours des prochains jours selon l'ICIJ.