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Face à la lutte contre le terrorisme, les Américains semblent prêts à beaucoup de concessions sur leur vie privée. © AFP ImageForum
Selon une étude, plus de la moitié d'entre eux jugent "acceptable" d'espionner les conversations téléphoniques dans le but de lutter contre le terrorisme.

La révélation, la semaine dernière, de deux programmes secrets de l'agence de sécurité nationale NSA a fait grand bruit outre-Atlantique. Le gouvernement américain espionne ainsi sans remords les messages électroniques et les appels de ses citoyens. Une politique dont Barack Obama est le premier défenseur, au nom de la lutte antiterroriste. Et, apparemment, le dirigeant américain peut compter sur son opinion publique.

Sécurité versus liberté

Une majorité d'Américains pense que le programme fédéral de surveillance téléphonique est un moyen "acceptable" d'enquêter sur la menace "terroriste", quitte à empiéter sur la vie privée, selon un sondage publié lundi par le quotidien Washington Post et l'institut Pew. 56 % des personnes interrogées approuvent la surveillance des communications téléphoniques de millions d'Américains, contre 41 % qui jugent cette pratique "inacceptable".

Ils sont beaucoup plus divisés sur la question de la surveillance sur Internet : seuls 45 % d'entre eux sont d'accord pour que le gouvernement ait un droit de regard sur leurs activités en ligne (e-mails, messageries instantanées) afin de prévenir d'éventuelles attaques terroristes, contre 52 % de réponses négatives. Cependant, quand le sondeur met dans la balance menace terroriste et respect de la vie privée, la réponse des Américains est sans appel : 62 % estiment que le premier sujet est le "plus important". L'institut de sondage rappelle que cette opinion très sécuritaire "reste largement inchangée" depuis le choc du 11 septembre 2011.

Les Français plus méfiants ?

En France, les citoyens ont été sondés à plusieurs reprises sur leur rapport à la vie privée. En 2008, le fichier de surveillance policier mort-né Edvige faisait figure d'épouvantail pour les libertés. Dans un sondage Ipsos réalisé la même année, 71 % des Français jugeaient la protection de la vie privée sur Internet "insuffisante". En 2010, 53 % d'entre eux se disaient inquiets que les pouvoirs publics puissent avoir accès à leurs données personnelles, selon un sondage TNS.

Le thème est en tout cas dans l'air du temps : au niveau européen, un nouveau texte doit venir améliorer une directive de 1995 sur le sujet. Les enjeux sont tels que plus de 3 000 amendements ont été déposés. Il pourrait être adopté dès l'année prochaine pour une application fin 2015.

*Ce sondage a été réalisé par téléphone entre le 6 et le 9 juin auprès de 1 004 adultes américains avec une marge d'erreur de 5 %.