Les crues ont fait une troisième victime ce jeudi. Parallèlement, une mini-tornade a touché la Côte d'Or. Une dizaine de départements du nord-est sont toujours en alerte orange aux orages.

La commune de Saint-Béat, en Haute-Garonne, frappée par les intempéries, le 19 juin 2013.
© Pascal Pavani/AFPLa commune de Saint-Béat, en Haute-Garonne, frappée par les intempéries, le 19 juin 2013.
L'essentiel

- Au lendemain du décès de deux septuagénaires dans les Pyrénées, les intempéries ont fait une troisième victime, dans les Landes cette fois, ce jeudi.

- Quatre départements du Sud-Ouest restent ce jeudi matin en vigilance orange pour les crues. Météo-France place en vigilance orange 10 départements d'un grand quart nord-est pour les orages.

- La crue particulièrement violente du gave de Pau a endommagé les Sanctuaires de Lourdes, dont la réouverture pour la haute saison semble compromise. Le gave continue sa décrue.

Pyrénées

A l'issue de son discours d'ouverture de la conférence sociale, le président de la République, François Hollande, s'envole ce jeudi pour Tarbes, d'où il se rendra à Saint-Béat, dans la partie pyrénéenne de la Haute-Garonne, particulièrement touchée par les crues exceptionnelles dans la région. Le président a prévu notamment de se transporter dans le centre du village, où les routes sont recouvertes de 30 cm d'eau, et sur les lieux d'un camping sinistré.

Plus tôt ce jeudi matin, une femme de 54 ans a été retrouvée noyée dans sa voiture dans les Landes, troisième victime des intempéries dans le Sud-Ouest après les deux morts des derniers jours dans les Hautes-Pyrénées. L'automobiliste a apparemment été emportée par l'eau vers un champ inondé bordant une route interdite à la circulation près du village de Cauneille, au sud de Dax.

La veille, deux septuagénaires avaient trouvé la mort, victimes de la crue exceptionnelle du gave de Pau qui amorçait sa décrue mercredi mais dont les flots torrentiels ont provoqué la suspension des pèlerinages à Lourdes et l'évacuation de quelque 2 500 personnes, tout en causant de lourds dégâts.

Mercredi soir, le département des Pyrénées-Atlantiques a été rétrogradé de vigilance rouge a vigilance orange pour les crues mais le niveau des cours d'eau restait considérable dans les Hautes-Pyrénées. Météo-France a en outre placé en vigilance orange les Landes et la Haute-Garonne pour les crues.

Cette crue exceptionnelle du gave de Pau a causé d'importants dégâts sur les Sanctuaires de Lourdes, dont la réouverture pour le début de la haute saison semble compromise. La direction du site a lancé un nouvel appel aux dons pour faire face aux réparations, après avoir déjà fait appel à la générosité des croyants dans la foulée des inondations d'octobre, qui avaient fait 1,3 million d'euros de dégâts.

Cette fois, les dégâts sont « colossaux » et devraient atteindre plusieurs millions d'euros, selon l'économe diocésain en charge des Sanctuaires, Thierry Castillo. Sans vouloir se prononcer sur le déroulement de la pleine saison, il a jugé qu'une réouverture «à brève échéance» n'était pas envisageable.

La totalité du domaine et sa célèbre grotte, où selon la tradition catholique la vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, étaient fermés et inaccessibles au public jeudi. Outre la grotte, le domaine comprend 22 lieux de culte et deux structures d'accueil pour les malades.

Côte d'Or

Des vents violents ont touché les environs de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) mercredi soir, faisant des dégâts dans près de 150 maisons, certaines étant complètement détruites. Le phénomène orageux a pris forme vers 18 heures au-dessus de Châtillon-sur-Seine, atteignant les communes d'Etrochey et Montliot-et-Courcelles.

D'après Météo-France, il était trop tôt jeudi matin pour évoquer une tornade, mais plutôt « une super-cellule orageuse qui a pris son chemin en dehors des flux ». Une personne a été légèrement blessée, selon les pompiers, tandis que 80 personnes environ ont été évacuées et hébergées chez leurs proches, selon le sous-préfet de Montbard, Olivier Huisman. Certains habitants ont pu rapidement regagner leur maison, selon les pompiers. Le sous-préfet a ajouté qu'une vingtaine de maisons avaient été sérieusement touchées, dont deux à Montliot-et-Courcelles qui seront probablement rasées.

Des orages continuaient de toucher le département jeudi matin, mais Météo-France s'attendait à une accalmie, avant un nouveau front orageux, moins violent, cette fois, dans l'après-midi.

Nord-Est

Dix départements de l'est de la France étaient maintenus en vigilance orange pour les orages jeudi en fin de matinée, a indiqué Météo-France. Ces départements sont en Alsace, Franche-Comté et Lorraine.

En revanche, Météo-France a levé l'alerte pour neuf départements de Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais et Picardie. De nouveaux orages sont attendus en début d'après-midi en Franche-Comté et gagneront dans l'après-midi la Lorraine et l'Alsace en se renforçant. Météo-France précise que ces orages « parfois violents » sont accompagnés d'un « fort risque de grêle et de très fortes rafales de vent ».

Quel coût ?

Le président de la FNSEA, Xavier Beulin estime à plus de 500 millions d'euros les dégâts agricoles causés par les intempéries. « Il faudra affiner tout ça mais on estime aujourd'hui que ça (les dégâts) pourra se monter à plus de 500 millions d'euros parce qu'il y a près de 300 000 hectares en France qui sont aujourd'hui, ou bien détruits, ou alors qui n'ont pas pu être sauvés », a-t-il déclaré sur Europe 1.

« Des arboriculteurs ont beaucoup souffert, des vignes sont vraiment massacrées, c'est ce qu'on appelle des pertes de fonds parce que la récolte actuelle évidemment est complètement détruite mais (...) les deux prochaines (récoltes) pourraient également être compromises », a-t-il prévenu. Face à ces pertes, le syndicat agricole compte faire appel, selon Xavier Beulin, à la solidarité nationale à travers le Fonds des calamités agricoles et aux assureurs.

A terme, la FNSEA plaide pour la mise en place de dispositifs préventifs pour gérer les aléas climatiques, dont un qui fonctionnerait comme une sorte d'assurance automobile. Concrètement : « Vous souscrivez un contrat (...) mais vu la masse de dégâts qui peuvent être concernés par des éléments exceptionnels (sécheresse, inondations...), il faut en plus une réassurance publique » qu'apportent l'Etat ou l'Europe, a expliqué Xavier Beulin.