Deux chasseurs américains, qui participaient à des exercices au-dessus de la Grande barrière de corail en Australie, ont largué des bombes dans cette zone protégée.

Déjà très détériorée, la Grande barrière de corail en Australie a subi cette semaine une nouvelle agression. Cette fois, ce ne sont ni les tempêtes, ni les étoiles de mer prédatrices, ni même le réchauffement climatique qui sont en cause mais l'armée américaine. Mardi, deux chasseurs AV-8B de la 7e Flotte américaine ont largué quatre bombes dans cette zone inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Par chance, les engins n'étaient pas chargés et "la zone choisie pour le largage d'urgence se trouvait éloignée du récif de corail afin de minimiser les risques d'endommager le récif", a déclaré la Flotte dans un communiqué diffusé ce dimanche.

Si on ne connaît pas la nature des bombes larguées et leur taille, l'armée s'est voulue rassurante. Un porte-parole de l'armée australienne a ainsi déclaré à l'agence Australian Associated Press que les bombes présentaient des "risques ou menaces minimes pour les gens, l'environnement marin ou les navires civils qui passent dans la zone du récif". Ces dernières se trouveraient en effet à quelque 50 ou 60 mètres de profondeur, a précisé la 7e Flotte.

La surface corallienne divisée par deux en 27 ans

Ce largage malencontreux s'est produit dans le cadre des exercices "Talisman Saber", auxquels participent environ 28 000 militaires australiens et américains dans l'Etat du Queensland, au nord-est de l'Australie. Normalement, les bombes qui ont atterri sur la barrière de corail auraient dû être larguées sur une île pour les besoins d'un exercice. Malgré plusieurs tentatives, les chasseurs ne sont pas parvenus à atteindre l'objectif fixé et, à court de carburant, ont dû se débarrasser de leur chargement en mer.

Cet événement devrait entacher le projet de rapport public environnemental prévu dans le cadre de cette coopération militaire australo-américaine, alors que l'Australie vient de reconnaître officiellement la dégradation de la Grande barrière depuis 2009, suite aux inondations dévastatrices qui ont frappé le nord-est de l'Australie et le passage de cyclones. Selon les estimations, ces événements météorologiques ont ravagé 15% de surface de corail ces dernières années. En un peu plus de 25 ans, la moitié de la couverture corallienne de cette zone a disparu. Ce sont autant d'habitats perdus pour des milliers d'espèces marines.