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Représentation de multi-univers par l'artiste Jonathan Price en couverture du livre « Who's Afraid of the Multiverse », de Jeffrey A. Zweerink DR
Mais tout le monde n'est pas d'accord avec leurs conclusions...

Quand un astronome se trouve à un dîner, il doit en général répondre à deux questions existentielles: qu'y avait-il avant le Big Bang; et dans quoi l'univers grandit-il? A en croire l'annonce faite par des scientifiques britanniques, lundi, il faudra peut-être poser cette dernière question au pluriel.

Stephen Feeney de l'University College London et ses collègues affirment en effet avoir découvert des preuves de l'existence d'autres univers - un concept en vogue, notamment dans la théorie des cordes. Plus précisément, ils expliquent que des anomalies détectées dans le rayonnement cosmique (considéré comme «l'écho» du Big Bang, survenu il y a un peu moins de 14 milliards d'années) seraient des sortes de «bleus» provoqués par la collision avec d'autres univers. Dans ce modèle, notre univers ne serait qu'une bulle parmi d'autres dans un vaste cosmos.

Résultats contestés

La communauté scientifique semble largement divisée. Le mois dernier, Roger Penrose, considéré comme l'un des esprits les plus brillants encore en vie, avait vu dans ces anomalies du rayonnement cosmique la preuve de l'existence d'un univers pré-Big Bang. Selon son modèle cyclique, notre univers ne serait ni le premier, ni le dernier.

Problème, d'autres chercheurs balaient ces observations. Selon Adam Moss, la seule chose que Pernrose a découvert, «c'est la preuve que le rayonnement cosmique possède une structure». Pour lui, ces pseudo «cercles» observés appartiennent à notre univers.

Qui a raison? Impossible de trancher dans l'immédiat. Pour la Technology Review du MIT, des données plus précises sont nécessaires. Dans l'immédiat, chaque astronome voit dans les observations actuelles la validation de ses théories. Une sorte de test de Rorschach cosmique, en somme.

Dieu et l'univers

Un univers, plusieurs univers, quelle différence? Les conséquentes touchent autant à la science qu'à la religion. Comme l'explique l'astronome Seth Shostak, «l'architecture de notre univers semble particulièrement bien bâtie pour la vie», un des arguments de ceux qui défendent le créationnisme divin. «Si la gravité était un peu plus faible, ou un peu plus forte, les étoiles n'existeraient pas, et vous non plus», poursuit-il.

Il existe tellement de constantes qui doivent être «parfaites», poursuit-il, que la probabilité qu'elles le soient toute en même temps dans un unique univers, par pure chance, peut sembler suspect. En revanche, s'il existe de multiples univers, certains similaires, d'autres totalement différents, alors le nôtre deviendrait tout à coup moins spécial. C'est l'un des arguments avancés par Stephen Hawking dans son dernier livre. Selon lui, Dieu n'est pas nécessaire pour expliquer la création de l'univers. «Les lois de la gravité et la théorie quantique permettent à des univers d'apparaître spontanément, à partir de rien», affirme-t-il. Pas sûr que ça vous permette de mieux dormir ce soir.