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En très bon état, la relique va être déposée à la basilique Saint-Denis.

Après plusieurs siècles depérégrinations rocambolesques, dont une vente à Drouot en 1913 (pour 3 francs) entre une paire de chaussettes et un vieux lampion, la tête du roi Henri IV avait été retrouvée en 2008 chez un retraité. Deux ans plus tard, elle a été authentifiée par des scientifiques, révèle une étude publiée ce mercredi par le British Medical Journal (BMJ).

Selon le BMJ, la tête d'Henri IV est «en très bon état de conservation». Elle comporte même des cheveux et des restes de barbe. La relique est «légèrement brunie, avec les yeux à demi clos et la bouche ouverte» et porte plusieurs signes distinctifs: « Une petite tache sombre de 11mm de long juste au-dessus de la narine droite, un trou attestant du port d'une boucle d'oreille dans le lobe droit, comme c'était à la mode à la cour des Valois, et une lésion osseuse au-dessus de la lèvre supérieure gauche, trace d'une estafilade faite au roi par Jean Châtel lors d'une tentative de meurtre le 27 décembre 1594 ». Le roi a finalement été assassiné à Paris à l'âge de 57 ans, en 1610, par le fanatique catholique François Ravaillac.

L'étude a été réalisée par dix-neuf scientifiques rassemblés autour du Dr Philippe Charlier, médecin légiste de Garches. Surnommé l'Indiana Jones de l'histoire, ce paléopathologiste s'est rendu célèbre pour ses étonnantes découvertes. En 2007, il prouve que les ossements de Jeanne d'Arc, pieusement conservé à Chinon dans un bocal sous l'intitulé « Restes trouvés sous le bûcher de Jeanne d'Arc », authentifiés en 1909 par une commission papale, étaient en réalité ceux d'une momie égyptienne et d'un chat (Figaro Magazine, 21 juillet 2007).

« Un tibia de vache »

Trois ans plus tôt, au cours d'une autre enquête scientifico-policière de l'au-delà, le Dr Philippe Charlier révèle l'empoisonnement au mercure d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII. Le 8 juin 2004, un petit cœur reconnu comme étant celui de Louis XVII était déposé dans la nécropole des rois de France à la basilique de Saint-Denis. Grâce à la génétique, l'une des plus grandes énigmes de l'histoire de France prenait fin.

Parfois, les révélations sont décevantes: «Un fémur attribué à Mme de Maintenon se révèle être un tibia de vache», raconte Clémentine Portier-Kaltenbach, auteur d'une étonnante Histoires d'os et autres illustres abattis (JC Lattès).

Selon le BMJ, la tête d'Henri IV va être déposée à la basilique Saint-Denis. La date de la cérémonie funèbre n'est pas encore connue. L'équipe scientifique tiendra une conférence de presse, demain à Paris.