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Malgré des traces visibles dans les glaces des deux pôles, le volcan à l'origine de la plus grosse éruption volcanique depuis celle du Santorin, il y a 3700 ans, restait un vrai mystère... Une équipe pluridisciplinaire coordonnée par un chercheur du Laboratoire de géographie physique Pierre BIROT (LGP, CNRS/Université Paris 1/Université Paris Est Créteil Val-de-Marne/INRAP) a enfin trouvé un candidat crédible.

C'est la beauté des archives glaciaires: non contentes de donner de précieuses informations sur les évolutions climatiques passées, elles enregistrent également les traces des éruptions volcaniques majeures, comme celles du Vésuve (79 après JC), du Tambora en Indonésie (1815) ou du Pinatubo aux Philippines (1991)... Mais de nombreuses éruptions visibles dans les carottes de glace ne sont associées à aucun volcan particulier. La plus violente de ces "éruptions mystère", datée autour de 1257 après JC, vient de livrer ses secrets après plus de deux ans de recherche. "Il s'agit du volcan Samalas, situé dans l'île indonésienne de Lombok" révèle Franck Lavigne, chercheur au Laboratoire de géographie physique Pierre BIROT de Meudon et premier auteur de l'article paru dans PNAS.

"Comme dans une enquête criminelle, nous avons procédé par élimination", raconte le chercheur. Le fait que l'éruption soit visible dans la glace des deux pôles, nord et sud, indique qu'elle a eu lieu en zone tropicale. Très vite, les soupçons se portent sur l'Indonésie, le pays du monde comptant le plus de volcans actifs - pas moins de 130 ! Deuxième indication: les éruptions volcaniques de type explosif génèrent une pluie de cendres et de pierres ponces. Les chercheurs ont donc cherché les endroits de l'archipel où la pierre ponce était exploitée. C'est ainsi que l'île de Lombok est finalement identifiée. Enfin, "vu la quantité de matière éjectée (les cendres déposées dans la glace suggèrent que l'éruption a été 5 fois plus violente que celle du Pinatubo), la chambre magmatique a dû se vider et le volcan s'effondrer sur lui-même après l'explosion, créant ainsi une vaste caldera", explique Franck Lavigne. Seul candidat possible: le massif volcanique de Rinjani et son lac long de 6 kilomètres.

La signature géochimique des cendres du volcan, identique à celle trouvé dans la glace, et les datations au carbone 14 achèvent de convaincre les chercheurs. Une chronique médiévale rédigée en javanais ancien livre même le nom du mystérieux volcan - Samalas - et révèle que l'ancienne capitale du royaume de Lombok, Pamatan, serait toujours ensevelie sous ses cendres.