La Chaine parlementaire publique (LCP) a diffusé vendredi 01 Novembre un excellent reportage sur la « pénurie » de filles en Inde et en Chine (à voir et à revoir).

Intitulé « La malédiction de naître fille », ce documentaire part à la rencontre de ces femmes qui ont dû renoncer à leur grossesse dès lors qu'elles savaient qu'une fille allait naître, accablées par la pression sociale.

En quoi consiste le foeticide ?

Pratiqué depuis de longues années voire de trop longues années, le foeticide des filles est un avortement pratiqué par les gynécologues à la demande des familles dès lors que le sexe féminin du bébé est confirmé. Peu importe le nombre de mois de grossesse ! Cet avortement peut par exemple avoir lieu le 8ème mois d'une grossesse sans que personne y compris les médecins ne semble s'en offusquer !

Ainsi, près d'un million de fœtus féminins sont avortés chaque année en Inde, les filles étant considérées comme un fardeau économique par leurs parents, qui doivent s'acquitter d'une dot pour les marier.

Ces avortements sélectifs dans toute l'Asie, représenteraient une « pénurie » de 163 millions de femmes ! Selon l'ONU, rien qu'en Inde, 60 millions de femmes sont manquantes. Des chiffres à donner le tournis !

Quel avenir pour ces pays ?

L'Inde qui compte un peu plus d' 1 milliard d'habitants, le sexe ratio national est de 927 filles pour 1000 garçons. Ce chiffre chute autour de 800 à Delhi et particulièrement dans les quartiers les plus riches de la capitale. Car effectivement, ce phénomène ne touche pas uniquement les familles pauvres des campagnes les plus reculées de l'Inde comme on aurait pu le penser ! Le taux de foeticides des filles chez les riches est encore plus élevé !

De plus, une étude a même démontré que quand il s'agit d'un troisième enfant, seules 219 filles naissaient pour 1000 garçons.

Avec de tels ratios, on compterait 30 M d'hommes de trop ! Ce qui expliquerait en partie la recrudescence de viols, d'enlèvements, agressions pour satisfaire ce trop plein d'hommes !

Mobilisation contre les foeticides des filles

En Inde, l'avortement est légal depuis 1971, mais face au détournement de la technique pour la sélection du genre, le gouvernement a fait voter le PNDT Act (Pre-Natal Diagnostic Technique Act) en 1994 qui interdit aux médecins de révéler le sexe du fœtus. En cas d'avortement, les cliniques et les hôpitaux doivent en informer les autorités.

Malheureusement, cette dernière mesure n'est pour ainsi dire pas appliquée. Quant aux cliniques, on en compte environ 35 000 enregistrées. Il y en a au moins autant de clandestines. Les villes qui concentrent le plus de cliniques privées sont celles où le nombre des filles est très bas.

De son côté, Shyam Sunder, Secrétaire de la Croix rouge, a mis en place un mouvement visant à lutter contre le foeticide des filles : les brigades anti-foeticides des filles. Même si le nom peut paraître un peu guerrier, toute sa démarche reste pacifique. Il part à la rencontre des femmes pour les informer, les convaincre de stopper ces avortements.

En chine, après sa politique de l'enfant unique, les autorités ont lancé un nouveau programme, « love the girls ».

Beaucoup se mobilisent pour stopper ces foeticides de filles. Peu de résultat encore... D'autant que ce phénomène semble s' étendre dans d'autres pays et notamment en Europe de l'Est ou encore en Grande Bretagne comme alertait déjà en Juin 2007 la revue Population and Development (volume 33, issue 2 page 383-400).