Actions coup de poing anti-écotaxe dans toute la France, nouvel appel à manifester des "Bonnets rouges" et nouveaux heurts en Bretagne samedi: la fronde bretonne persiste et fait des émules malgré les efforts du gouvernement pour sortir de l'impasse d'ici fin novembre.

Samedi matin, quelque 250 personnes coiffées pour certaines de bonnets rouges, symbole de la lutte antifiscale du XVIIe siècle, ont manifesté à Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) au pied d'un portique écotaxe.

L'après-midi à Jugon-les-Lacs (Côtes-d'Armor), une manifestation, rassemblant 700 personnes près d'un autre portique, a été marquée par des échanges de projectiles et de gaz lacrymogène entre manifestants et force de l'ordre. Un radar de vitesse a été incendié et des glissières de sécurité ont été arrachées.

Dans le même temps, d'autres actions avaient lieu à Paris, près de Marseille et de Lyon, dans le Gard, l'Isère, en Charente: bornes incendiées, endommagées, opérations escargots et portiques menacés par des manifestants hostiles à cette taxe.

A Paris, ce sont des militants du Printemps français (anti-mariage homosexuel) qui ont agi coiffés de bonnets rouges. Trois d'entre eux ont été interpellés.

Le mouvement breton, dont le point d'orgue a été la manifestation de Quimper qui a rassemblé au moins 15.000 personnes le 2 novembre, continue de réclamer avec force la suppression de l'écotaxe dont l'application a été "suspendue" par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, la semaine dernière.

Samedi, l'Elysée a assuré qu'aucune date n'avait été décidée pour appliquer l'écotaxe --initialement prévue au 1er janvier 2014-- infirmant une information du site lemonde.fr qui évoquait l'été prochain.

Endiguer l'avalanche

Outre l'écotaxe, c'est la cascade de plans sociaux que dénoncent les manifestants bretons. Dans le Finistère, département le plus touché par les récentes suppressions d'emploi dans l'agroalimentaire, la grogne s'est amplifiée cette semaine.

Lundi, les salariés du volailler Tilly-Sabco où 300 emplois sont menacés, ont occupé la sous-préfecture pour protester contre la suppression des "restitutions" (aides européennes). Chez Marine Harvest (saumon), où 300 postes doivent être supprimés, les salariés occupent depuis lundi le site de production de Poullaouen (Finistère).

Ces deux dossiers s'ajoutent aux plus de 850 emplois qui ont été supprimés à l'abattoir de Gad SAS à Lampaul-Guimiliau, et aux 971 fin 2012 chez le volailler Doux.

Endiguer l'avalanche des plans sociaux

Parallèlement, à Rennes, depuis mardi, les rendez-vous s'enchaînent à la préfecture où se succèdent les acteurs politiques, économiques et sociaux, à l'exception du syndicat FO qui a claqué la porte.

Le marathon des discussions, ouvert sur fond d'ultimatum avorté des "Bonnets rouges", reprendra dès mardi. Objectif: signer avant la fin du mois, comme le souhaite M. Ayrault, le "Pacte d'avenir pour la Bretagne" destiné à endiguer l'avalanche de plans sociaux.

Vendredi dans la capitale bretonne, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a rencontré les acteurs économiques et sociaux, promettant "un rebond" et tablant sur un nouveau modèle "agroécologique" sans aides à l'exportation.

Il a aussi annoncé un doublement de l'enveloppe consacrée à la Bretagne dans le cadre de la future PAC (2014-2020), qui passera de 175 à 368 millions d'euros.

Outre les 15 millions d'euros débloqués en urgence pour les entreprises agroalimentaires, le ministre a également indiqué que, pour l'économie bretonne en général, plus d'un milliard d'euros serait débloqué: 450 millions par Bpifrance et 555 millions par l'Etat.

Mais malgré ces annonces, les "Bonnets rouges" restent mobilisés. Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et régionaliste, a appelé vendredi à une nouvelle manifestation en Bretagne le 30 novembre, "face à l'absence de réponses du gouvernement". Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et membre du collectif, a appelé à un rassemblement avant cette date.

Face aux actions parfois violentes visant les portiques écotaxe, le collectif +Vivre, décider et travailler en Bretagne+, qui a été reçu à la préfecture mardi, a assuré qu'il n'avait pas appelé à de tels débordements.

Selon un sondage BVA pour iTélé/Le Parisien publié samedi, près de six Français sur dix demandent aux "Bonnets Rouges" bretons de cesser leur mouvement de protestation, estimant que l'heure est maintenant à la concertation.

M. Le Foll doit rencontrer le 22 novembre le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, avec les représentants des volaillers bretons.