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Les politiques d'austérité menées depuis cinq ans par les pays européens ont contribué à un affaiblissement des droits de l'homme, singulièrement dans le domaine social, selon le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe.

Dans un rapport rédigé avec des chercheurs du Center for economic and social rights, une ONG d'origine américaine, Nils Muiznieks, un Letton, rappelle mercredi que ces droits ne constituent pas une variable d'ajustement mais un cadre de référence qui s'impose aux politiques publiques. "Beaucoup de gouvernements en Europe ont oublié leurs obligations relatives aux droits de l'homme en imposant des mesures d'austérité, tout particulièrement en ce qui concerne les droits sociaux et économiques des plus vulnérables", dit-il dans un communiqué. "Malheureusement, les prêteurs internationaux ont également oublié d'introduire des critères relatifs aux droits de l'homme dans la plupart de leurs programmes d'assistance", ajoute-t-il.

Le rapport souligne que "le spectre entier des droits de l'homme a été affecté par la crise", du droit à un travail décent et à des conditions de vie dignes jusqu'au droit des citoyens à être associés à la prise de décision publique. Les auteurs rappellent que le taux de chômage atteignait un pic historique de 12,1% dans la zone euro et de 10,9% dans l'Union européenne à 27 en juin 2013. Le risque de pauvreté ou d'exclusion sociale concernait 24,2% de la population de l'UE en 2011 selon les statistiques d'Eurostat.

L'étude relève que la réforme du régime des retraites en Grèce entraîne un risque de paupérisation d'une part importante de la population tandis que la crise a accru le nombre de personnes à la rue en Espagne, en Italie, en Grèce, au Portugal, en Irlande et au Royaume-Uni. "La crise économique a eu les effets les plus durs sur les groupe vulnérables, en particulier les enfants et les jeunes", souligne Nils Muiznieks en rappelant que ces derniers sont particulièrement victimes du manque d'emplois. Le taux de chômage des moins de 25 ans atteignait plus de 23% dans l'UE en août 2013 selon Eurostat. Les Roms, les migrants et les demandeurs d'asile, figurent également au nombre des populations particulièrement fragilisées, selon le rapport. "Les gouvernements devraient se focaliser en priorité sur la réduction du chômage des jeunes et du chômage de longue durée mais aussi garantir à leur population un socle de protection sociale en termes de revenus et de soins de santé", affirme le commissaire.

Les Etats doivent également, selon lui, continuer à renforcer la régulation financière pour interdire et réprimer les pratiques "nocives" telles que les subprimes qui ont été à l'origine de la crise financière.