Image
© Jan Adan/CC BY 2.0
A 90 ans, Roman Tritz, vétéran de l'armée américaine, est persuadé qu'il a travaillé pour les services secrets, que le FBI a fait échouer ses deux mariages et qu'il a rencontré Oussama Ben Laden.

Il n'a rien vécu de tout cela.

Roman Tritz a toujours été célibataire, a travaillé dans une usine de La Crosse, dans le Wisconsin, et n'a jamais croisé feu le chef d'Al-Qaida.

Son expérience des conflits se limite à la deuxième guerre mondiale, quand il était engagé dans l'armée de l'air. A son retour, il n'était plus le même, racontent ses proches au Wall Street Journal (WSJ), qui retrace son histoire. Souffrant d'hallucinations et d'un syndrome de persécution, il est d'abord traité par électrochocs. Puis ses parents autorisent, il a alors 30 ans, qu'il soit lobotomisé.

Deux mille vétérans concernés

Aujourd'hui interdite dans la majorité des Etats américains, ainsi que dans de nombreux pays, la lobotomie aurait été pratiquée sur près de deux mille vétérans souffrant de troubles psychiatriques à leur retour de guerre, selon le WSJ. Dépressifs, schizophrènes, souffrant probablement de troubles post-traumatiques non diagnostiqués comme tels, voire parfois homosexuels, ils ont subi une opération du cerveau, avant de sombrer dans l'oubli.

"Parfois, cette pratique a soulagé des vétérans de leurs démons intérieurs, écrit le WSJ. Mais souvent, l'opération les a transformés en de grands enfants, incapables de se prendre en charge. Beaucoup ont subi des attaques cardio-vasculaires, des amnésies ou perdu certaines fonctions motrices. D'autres sont morts pendant l'opération."

"Il n'est pas possible de faire un lien direct entre l'expérience militaire de M. Tritz et sa maladie mentale, poursuit le WSJ, mais un rapport le concernant décrit un homme qui est parti en bonne santé à la guerre, a subi un traumatisme [...] et est rentré chez lui la tête peuplée de voix incessantes."

Et, soixante ans plus tard, il refuse obstinément toute nouvelle intervention chirurgicale.