Le parquet de Toulouse défendra demain devant le juge des référés sa demande d'interdiction du site internet de "Joe-le Corbeau", dessinateur gravitant dans la sphère de Dieudonné et ayant fait des Juifs sa principale cible, selon des sources concordantes.

"Le parquet a demandé de la façon la plus large que les images plus que contestables diffusées sur le site de 'Joe le Corbeau' soient interdites", a expliqué le procureur de la République de Toulouse, Michel Valet. "On a eu le souci dans cette assignation de faire le maximum pour bloquer la diffusion de messages, sous quelque forme que ce soit, qui pour nous sont clairement antisémites", a ajouté Michel Valet, précisant que le parquet était à l'initiative de cette procédure.

Dans son assignation, le parquet a également assigné les fournisseurs d'accès à internet (Bouygues, Orange, SFR, Numéricable, Free, Darty) pour s'assurer que, si le juge devait lui donner raison, la fermeture du site actuel de "Joe le Corbeau" serait effectivement mise en oeuvre.

"Joe le Corbeau", de son vrai nom Noël Gérard, 32 ans, a été mis en examen fin janvier à Toulouse pour provocation à la haine raciale par écrits et images diffusés par voie électronique. Il est mis en cause pour avoir diffusé sur internet une photo montrant un homme réalisant une "quenelle" devant l'école juive Ozar Hatorah (rebaptisée Ohr Torah), le lieu où, en 2012, Mohamed Merah, petit délinquant converti à l'islamisme radical, a assassiné trois enfants juifs de 4, 5 et 8 ans et un enseignant au nom du jihad. "Joe le Corbeau" est également soupçonné d'avoir diffusé un cliché du même homme dans la même posture, pris devant l'appartement où Merah a été abattu. Sa mise en examen était assortie d'un contrôle judiciaire lui interdisant de diffuser "par quelque moyen que ce soit" des articles, des photos ou toute oeuvre faisant référence à la "quenelle" d'Ozar Hatorah ou d'ailleurs.

Noël Gérard et son avocat ont contesté cette disposition et obtenu gain de cause devant la chambre de l'instruction: en effet, l'infraction pour laquelle "Joe le Corbeau" est poursuivi ne permet pas le placement en détention provisoire et comme la sanction à une violation d'un contrôle judiciaire est justement la détention provisoire, le contrôle judiciaire n'était pas possible dans ce cas précis.