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Selon un sondage de l'Institut d'enquête économique du gouvernement (IPEA), 65,1% des 3.810 personnes des deux sexes interrogées ont acquiescé à cette affirmation: "les femmes portant des vêtements qui laissent voir leur corps méritent d'être violées".

Dans la même veine, 58,5% des sondés considèrent que "si les femmes se comportaient mieux, il y aurait moins de viols". La publication de ce sondage a provoqué une levée de boucliers de citoyens et d'activistes, qui ont multiplié sur les réseaux sociaux les condamnations face à cette idée consistant à attribuer à la femme la responsabilité des violences sexuelles.

Tout nus... mais juste au carnaval

Mme Rousseff a elle-même estimé sur son compte Twitter que l'étude démontrait que "la société brésilienne a beaucoup de progrès à faire et a appelé "le gouvernement et la société à travailler ensemble contre la violence contre les femmes".

De son côté, la journaliste-militante Nana Queiroz a convoqué une manifestation en ligne sur Facebook, appelant les femmes à publier des photos d'elles en petite tenue en arborant le slogan "Je ne mérite pas d'être violée". A minuit vendredi, quelques 20.000 femmes ont simultanément mis leurs photos en ligne.

"Le plus surprenant est qu'il est permis de se dévêtir pendant le carnaval mais pas dans la vie réelle", a protesté la journaliste en soulignant le paradoxe brésilien, un pays où le culte de la sensualité et du corps se heurte au catholicisme conservateur dominant.

Avortement qu'en cas de viol

En août 2013, Mme Rousseff a promulgué une loi visant à protéger les victimes de violences sexuelles, critiquée par l'Église catholique qui y voit un premier pas à une légalisation plus ample de l'avortement, question sensible dans ce pays comptant le plus grand nombre de catholiques au monde (123 millions).

Pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2010 Mme Rousseff avait cédé aux pressions des églises chrétiennes en s'engageant par écrit à ne pas dépénaliser l'avortement, à la déception des féministes et d'une partie de la gauche. Pour l'heure, l'avortement est seulement autorisé au Brésil en cas de viol jusqu'à huit semaines de grossesse ou quand la vie de la mère est en danger.