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Le vice-président américain Joe Biden est arrivé lundi à Kiev pour marquer le soutien des Etats-Unis aux nouvelles autorités ukrainiennes, de nouveau mises en cause par Moscou qui les accuse d'enfreindre l'accord quadripartite conclu jeudi dernier à Genève.

Joe Biden verra mardi le président ukrainien par intérim, Oleksander Tourtchinov, et le Premier ministre Arseni Iatseniouk, pour examiner notamment l'évolution de la situation dans l'est du pays, où des militants pro-russes continuent d'occuper des édifices publics et de bloquer des routes.

Il proposera à l'Ukraine une assistance sur les questions énergétiques et le processus de distribution de l'aide financière internationale, a déclaré un responsable de l'administration américaine.

Ce responsable a précisé que l'aide proposée consisterait essentiellement en un transfert de savoir-faire tant sur le plan du rendement que de la production des gisements gaziers du pays et sur l'extraction de ressources « non conventionnelles ».

L'assistance économique prévoit que des équipes américaines aident l'Ukraine à assurer une répartition équitable de l'aide internationale dans toutes les régions du pays.

Joe Biden devrait également évoquer une récente proposition américaine de livrer à l'armée ukrainienne du matériel non létal, comme des médicaments et des casques.

Lundi, le médiateur de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Mark Etherington, a rencontré pendant deux heures le dirigeant du mouvement pro-russe de la ville de Slaviansk, Viatcheslav Ponomariov, pour lui demander de respecter l'accord de Genève qui prévoit le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments qu'ils occupent.

LAVROV CRITIQUE KIEV ET WASHINGTON

Mark Etherington n'a pas dit quelle avait été la réponse de son interlocuteur.

Le médiateur de l'OSCE s'est également enquis du sort des personnes emprisonnées à Slaviansk, dont l'ancien maire « déposé » par Ponomariov, et a évoqué les rumeurs faisant état de mauvais traitements infligés à la minorité rom.

Les deux hommes ont également parlé de la fusillade qui a fait au moins trois morts près de Slaviansk dans la nuit de samedi à dimanche et imputée par les militants pro-russes au parti d'extrême droite ukrainien Secteur droit.

A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé les autorités ukrainiennes de prendre des mesures « en contradiction flagrante » avec l'accord de Genève.

Pour le chef de la diplomatie russe, la fusillade survenue à un point de contrôle tenu par des séparatistes pro-russes démontre que Kiev n'a pas la volonté de contrôler les extrémistes.

Les circonstances de l'attaque restent floues, les deux parties s'en rejetant la responsabilité et parlant de manipulation et de provocation.

« Des mesures sont en train d'être prises, avant tout par ceux qui se sont emparés du pouvoir à Kiev, qui non seulement ne respectent pas mais enfreignent grossièrement l'accord de Genève », a dit Lavrov lors d'une conférence de presse.

« Ces autorités ne font rien, ne lèvent même pas le petit doigt pour s'attaquer aux causes de la profonde crise intérieure en Ukraine », a-t-il ajouté.

L'ACCORD À QUATRE MENACÉ

L'accord de Genève signé par l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne réclame l'arrêt immédiat des violences en Ukraine ainsi que le désarmement des groupes armés illégaux, la restitution des bâtiments occupés et la libération des espaces publics.

Pour Lavrov, « il est absolument inacceptable » que le pouvoir central ukrainien n'ait pas dispersé les manifestations qu'il a qualifiées d'illégales sur des places de Kiev.

Le chef de la diplomatie russe a aussi appelé Washington à assumer ses responsabilités dans le changement de pouvoir intervenu fin février à Kiev plutôt que de lancer des ultimatums à la Russie.

« Avant de nous lancer des ultimatums, de réclamer que nous honorions des demandes dans un délai de deux à trois jours sous la menace de sanctions, nous appelons nos partenaires américains à assumer pleinement la responsabilité de ceux qu'ils ont portés au pouvoir », a-t-il dit.

Sur le terrain, une journaliste ukrainienne de 29 ans, Irma Krat, arrêtée dimanche par des militants pro-russes à Slaviansk, a été présentée à la presse lundi par ses gardiens. Elle a déclaré qu'elle subissait des interrogatoires mais n'était pas maltraitée. « Il fait un peu froid mais on me donne de la nourriture et de l'eau », a-t-elle déclaré.

Les miliciens pro-russes accusent Irma Krat de voies de fait contre des policiers ukrainiens et un journaliste russe lors des manifestations de Maïdan contre le président Viktor Ianoukovitch en février dernier à Kiev.

« Nous vérifions ces accusations. Si c'est vrai, elle sera remise à la police », a déclaré un de ses gardiens.

On est par ailleurs sans nouvelle depuis la semaine dernière d'un autre journaliste ukrainien, Serhiy Lefter, 22 ans, qui selon ses proches serait également détenu à Slaviansk.

Les séparatistes de la ville ont annoncé lundi la libération d'une douzaine de militaires ukrainiens capturés la semaine dernière à Kramatorsk.