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© Photo AFPRassemblement de partisans de Bachar al-Assad à Qudsaya, à l'ouest de Damas, le 20 février.
Sans surprise, le chef de l'Etat syrien a fait savoir qu'il briguerait un nouveau mandat le 3 juin.

La nouvelle a été transmise dans une lettre lue par le président du Parlement, Mohammad al-Lahham. «Moi, le citoyen Bachar Hafez al-Assad souhaite me porter candidat au poste de président de la République syrienne». Le président syrien Bachar al-Assad a donc annoncé, sans grande surprise lundi sa candidature à la présidentielle du 3 juin, un scrutin qualifié de «farce» et de «parodie de la démocratie» par l'opposition en exil et l'Occident et qui doit aboutir sans surprise à sa réélection.

Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de 40 ans, est bien décidé à diriger le pays pour un nouveau septennat, en dépit de trois ans de guerre ayant fait 150 000 morts et contraint la moitié de la population à la fuite.

Il est le septième candidat à se présenter, dont une femme, dans ce qui est en théorie la première élection présidentielle depuis plus d'un demi-siècle. Bachar et son père Hafez, qui avait dirigé la Syrie d'une main de fer de 1970 à 2000, ont été nommés à l'issue de référendums.

Six adversaires inconnus

Mais l'issue du scrutin est prévisible, car il se déroulera dans les zones fermement contrôlées par le régime, soit 40% du territoire où vivent 60% de la population, selon le géographe français spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche.

Les six «concurrents» d'Assad, dont une femme, sont de parfaits inconnus, car début mars, le Parlement a voté une loi qui exclut de facto une candidature des opposants en exil. Les autorités ont en outre interdit le droit de vote aux réfugiés qui sont sortis illégalement du pays, tout en autorisant aux Syriens résidant à l'étranger de voter «si leur séjour est légal», selon le président de la commission électorale.

Il ne restera en lice que deux postulants face à Bachar al-Assad, car la loi électorale précise que les candidats doivent obtenir la signature de 35 députés. Or il n'y a que 90 députés «indépendants» sur les 250 parlementaires car le reste appartient au parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle.

« Une mascarade »

L'opposition et les militants ont fustigé les préparatifs pour cette élection qu'ils ont qualifiée de «mise en scène» sur les réseaux sociaux. «Cette mascarade d'élection est une petite partie de la grande injustice faite aux Syriens, alors que le monde [...] regarde les bras croisés», a affirmé Mohammad, un militant dans le sud de Damas.

Pour sa part, le régime veut donner toutes les apparences d'une élection présidentielle «libre et transparente». «La présidence syrienne [...] garde la même distance vis-à-vis de tous les candidats pour que les Syriens choisissent leur candidat et leur président de manière libre et transparente», avait indiqué un communiqué samedi. Ainsi, chose inédite, lors de l'annonce de la candidature d'Assad, les députés ne se sont pas levés, comme à l'accoutumée, pour applaudir et scander des slogans en sa faveur.

En outre, le président Assad, cité par la présidence, a demandé «à l'ensemble des citoyens syriens de s'abstenir de tirer en l'air en signe de joie, quelle que soit l'occasion, d'autant plus que la Syrie va connaître les premières élections de son histoire moderne». «Ceux qui souhaitent exprimer leur joie et leur soutien à tout candidat à la présidentielle doivent se comporter avec un sens de la responsabilité nationale et en se rendant aux urnes à la date fixée», a-t-il ajouté.

Mais aussitôt après l'annonce, la télévision a fait état de deux rassemblements notamment à la sortie d'une école à Damas où des dizaines de jeunes scandaient des slogans favorables à Bachar al-Assad.

L'Occident voit ce scrutin d'un mauvais œil

Les pays occidentaux comme l'opposition syrienne réclament le départ de Bachar al-Assad comme premier pas vers une solution politique dans ce pays. L'Allemagne a jugé «aberrante» la tenue de cette élection dans le contexte actuel.

L'ONU avait vivement critiqué la décision de Damas de tenir ce scrutin. Selon le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, «une telle élection est incompatible avec l'esprit et la lettre du communiqué de Genève» sur une transition démocratique en Syrie. C'est sur ce communiqué que se sont fondées les négociations dites de Genève entre pouvoir et opposition, aujourd'hui au point mort.