Voulant remplir le défi Facebook «à l'eau ou au resto», un jeune homme de 19 ans s'est tué jeudi, dans le Morbihan. Le phénomène avait déjà fait un blessé grave fin mai.

Un jeune homme de 19 ans est mort noyé jeudi soir à Béganne (Morbihan) à la suite d'un «Défi Facebook» qui a mal tourné, un cas apparemment sans précédent en France à ce jour, a annoncé vendredi le parquet de Vannes et la gendarmerie. «Le jeune homme s'est noyé après s'être jeté à l'eau avec son vélo dans le cadre d'un défi "A l'eau ou au resto"» sur Facebook, a indiqué Igor Souchu, substitut du procureur, évoquant «un jeu dramatique et complètement stupide». Le «défi» consiste à se jeter à l'eau dans les 48 heures; si le gage n'est pas accompli, le perdant doit offrir un dîner au restaurant.

«A Béganne, le défi consistait à se jeter à l'eau avec son vélo. Deux jeunes se sont rendus sur les pontons du port de Foleux, sur la Vilaine, filmés par un troisième. La victime avait cru bon d'attacher son vélo à sa jambe pour le récupérer, mais il y avait six mètres de fond et il n'a pas pu remonter», a détaillé le colonel Sylvain Laniel, commandant la gendarmerie du Morbihan.

Selon Igor Souchu, «la victime a tenté à plusieurs reprises de refaire surface mais n'a pas pu en raison du poids du vélo». Les deux amis de la victime, celui qui a également plongé et celui qui filmait, sont en état de choc mais ont pu être entendus, a-t-il été précisé.

Une enquête en flagrance est en cours mais il n'est pas certain qu'elle ait des suites pénales, selon le parquet. «La vidéo et les témoignages sont très clairs, la victime s'est mise en danger elle-même et était apparemment parfaitement consciente de ce qu'elle faisait. Il n'y a pas non plus eu de non-assistance à personne en danger», a indiqué Igor Souchu.

Risques de noyade, d'accident, de dérapages

Il est «grand temps d'interpeller les instances pour agir sur tous ces réseaux qui n'en finissent pas de détruire nos jeunes et la société», a déclaré Anne Guin, adjointe au maire de Béganne. «Aujourd'hui on dépasse tout». Jeudi, la direction générale de la police nationale (DGPN) a mis en garde contre ces «défis» lancés sur Facebook, celui «à l'eau ou au resto» ayant déjà provoqué un blessé grave.

«Après la vague de la "neknomination" (se filmer en buvant de l'alcool)» de février sur les réseaux sociaux, «les défis sur Facebook prennent de l'ampleur avec (cette) nouvelle et récente déclinaison», avait indiqué le porte-parole de la DGPN, Franck Dehay. Le phénomène, parfois assorti de prétextes humanitaires, a fait boule de neige depuis deux semaines sur Facebook, où les participants sont incités à inviter d'autres internautes à les imiter.

En moins de dix jours, début juin, ce «défi» a été proposé à grande échelle sous forme de tags sur Facebook, a expliqué Franck Dehay. Un jeune homme ayant plongé à la mer à Wimereux, près de Calais (Pas-de-Calais), dans une eau glacée et sans fond, a été grièvement blessé «avec des séquelles irréversibles», le 31 mai.

«Même si cela part parfois d'un bon sentiment, il y a des risques de noyade, d'accident, de dérapages», a soutenu Franck Dehay, invitant les jeunes «à ne pas se laisser influencer».

«Face aux défis, montrez que vous êtes le plus intelligent», souligne la DGPN sur son compte Twitter.

Les défis consistant à se baigner dans des eaux parfois glaciales ont été associés à plusieurs accidents graves et parfois mortels dans le monde, notamment aux Etats-Unis, où ils sont apparus ce printemps.