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Des cadavres de femmes, d'enfants, de bébés. Des membres arrachés, des cerveaux éclatés, des entrailles répandues sur le sol. Impossible de présenter de telles images sous un jour positif... à moins de s'appeler Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien.

Il y a deux jours, Bibi s'est efforcé de nous expliquer pourquoi, en l'espace de quelques heures, des soldats israéliens sous ses ordres avaient massacré 63 personnes, dont 17 enfants, dans le quartier de Shuja'iya, à l'est de Gaza City. Il a déclaré :
« Nous devons nous protéger. Nous faisons tout pour cibler les lanceurs de roquettes. Vraiment. Les pertes civiles ne sont pas intentionnelles de notre part ; par contre, elles sont intentionnelles de la part du Hamas, qui veut entasser un maximum de morts civils parce que, comme l'a dit quelqu'un, le Hamas utilise des cadavres palestiniens télégéniques pour la cause. Plus il y a de morts, mieux ce sera, pour le Hamas. »
Réfléchissez à cette déclaration pendant un instant et, ce faisant, considérez cette photo d'une fillette palestinienne dans les bras de son père. Elle a eu la moitié du crâne soufflée par les soldats de Netanyahou, dans le quartier de Shuja'iya, il y a deux jours.

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Ce que dit en essence Netanyahou, c'est : « les Palestiniens nous FORCENT à les tuer ». On pourrait trouver de nombreux parallèles à cette déclaration : le violeur qui accuse sa victime de l'avoir « forcé à la violer » ou de « l'avoir cherché » ; ou encore le meurtrier psychologiquement atteint qui affirme avoir tué des prostituées « pour les sauver ». En société, lorsque ce genre de raisonnement psychopathique complètement tordu pointe le bout de son sale petit nez, il suscite la révulsion et est condamné à l'unanimité. Pourtant, quand Netanyahou y a recours pour justifier l'agression israélienne à Gaza, il est accepté comme argument raisonnable qui les absout, lui et ses troupes de choc, du meurtre de masse de civils.

En vomissant ce genre de raisonnement pathologique concernant la valeur des vies palestiniennes, Netanyahou ne fait que refléter les pensées tout aussi psychopathiques de l'ancienne Premier ministre israélienne Golda Meir qui, dans les années 1960, tenta de justifier le meurtre d'enfants palestiniens par Israël en utilisant la même rhétorique :
« Lorsque la paix viendra, nous pourrons peut-être pardonner aux Arabes de tuer nos enfants, mais nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous obliger à tuer leurs enfants. La Paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils nous haïssent. » - Golda Meir
Attaques de roquettes et attentats palestiniens : une mise en scène ?

La raison invoquée pour justifier ce dernier acte terroriste israélien contre Gaza est le kidnapping et le meurtre de trois adolescents israéliens le mois dernier. Le gouvernement israélien a accusé le Hamas, mais n'a fourni aucune preuve pour étayer cette allégation. Selon les normes juridiques en vigueur dans n'importe quelle société moderne et civilisée, le meurtre de ces trois adolescents israéliens demeure un crime non résolu. Mais Israël n'est pas une société moderne civilisée : c'est une société d'apartheid, où s'appliquent des normes juridiques plus primitives.

Le meurtre des trois adolescents israéliens a été utilisé comme prétexte pour lancer une attaque contre Gaza, attaque à laquelle le Hamas aurait répondu par des tirs de « roquettes » sur Israël. Ce qui, en retour, a été utilisé comme prétexte par Israël pour intensifier ses bombardements et sa campagne meurtrière à Gaza, notamment via une invasion au sol. Une campagne qui se poursuit encore aujourd'hui, et au cours de laquelle plus de 600 civils palestiniens ont été massacrés et des milliers d'autres blessés.

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Deux missiles « Dôme de fer » interceptent... pas grand chose, apparemment
L'armée israélienne a visé des hôpitaux, des mosquées et un stade, parce que les Palestiniens « l'y ont forcée ». La manière dont les Israéliens justifient leur assaut contre Gaza pose toutefois un sérieux problème.

Comme je l'ai déjà dit ailleurs, il n'y a PAS LA MOINDRE preuve de la culpabilité du Hamas dans ce triple meurtre. En fait, le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne Riyad Al-Maliki a laissé entendre qu'Israël lui-même avait pu orchestrer cet enlèvement, ou qu'il avait été commis par des « délinquants juifs ». Je partage cette opinion, qui s'appuie sur le sens commun. Israël avait besoin d'un prétexte pour attaquer Gaza et, comme pour tant d'autres occasions dans le passé, ce prétexte leur est tombé tout cuit dans la bouche : une apparente agression contre des Israéliens.

J'ai déjà fait remarquer que, bien que le gouvernement israélien ait su dans les 24 h après l'enlèvement que les trois ados étaient morts, il a continué à faire mine d'être à leur recherche pendant presque trois semaines et a bâillonné la presse. Une semaine après le kidnapping, le journaliste de renom Noam Sheizaf a violé l'impératif de silence imposé à la presse en affirmant dans un post sur Facebook que l'objectif du gouvernement israélien était de « préserver la légitimité locale et internationale » d'une politique militaire visant le Hamas.

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Un soldat de Tsahal examine les restes d'une « roquette » tirée (ou pas) par... quelqu'un
Israël prévoyait d'attaquer Gaza, c'était son plan. Il avait besoin d'un prétexte, d'une justification, alors il l'a inventé de toutes pièces, et a ensuite dissimulé cette manipulation. Il est donc parfaitement sensé de conclure que le coupable le plus probable du kidnapping et du meurtre des trois adolescents israéliens est une personne qui a agi pour le compte de l'Etat d'Israël lui-même, parce qu'il avait le mobile le plus solide ainsi que la meilleure opportunité, et qu'il a déjà été pris en flagrant de délit de manipulation de l'information à des fins de justification de la frénésie meurtrière à Gaza.

Manipuler l'information, c'est ce que fait Israël. C'est ce quoi DOIT faire Israël pour justifier aux yeux du monde son existence sur les terres palestiniennes, et son usurpation continue de ces terres.

Imaginez : un de vos voisins revendique à tort la propriété d'un autre voisin et en prend possession par la force, en expulsant ses premiers habitants, désormais contraints de vivre dans une tente dans la rue, et en les emprisonnant dans ladite tente. Comment, à votre avis, un tel individu pourrait-il maintenir et justifier cette occupation illégale, sinon par l'usage de la force à la moindre tentative de récupération du bien volé, et le recours constant aux mensonges et à la manipulation de tous ceux qui osent pointer du doigt l'injustice flagrante de cette situation ? Si une telle situation perdurait, vous imaginez bien que l'occupant illégitime et illégal se verrait forcé de développer toutes sortes de stratégies et de subterfuges insidieux pour conserver son « droit » sur la propriété d'un tiers. Un exemple de stratégie payante dans ce contexte serait de créer l'illusion que l'occupant illégitime est attaqué, ceci afin de le mettre sur un pied d'égalité « moral » avec la victime.

En 2008, juste après le lancement de l'« Opération Plomb durci » qui se solda par le meurtre de masse de quelque 1500 civils palestiniens, Robert Siegel, présentateur de l'émission "All Things Considered" sur la chaîne radio NPR, interviewa Ahmed Yusuf, le conseiller politique du leader du Hamas, Ismael Haniyeh.

Yusuf fit remarquer à Siegel que cela ne servait à rien d'accepter un cessez-le-feu avec Israël, parce que la plupart du temps, il n'honorait pas ses promesses d'ouvrir les frontières de Gaza :
Mr Yusuf : Vous savez, en fait, nous avons dit que nous étions disposés à prolonger le cessez-le-feu. Mais les termes sur lesquels nous nous étions mis d'accord au Caire, les Israéliens n'ont jamais respecté leurs promesses. Ils sont censés laisser ces passages à la frontière ouverts à l'aide humanitaire. Malheureusement, la moitié du temps, ces passages n'ont jamais été ouverts et le nombre de camions qui sont susceptibles de venir tous les jours à Gaza - il n'y a ni ciment, ni bitume, ni plastique, rien. De nombreuses fournitures médicales n'ont pas l'autorisation de parvenir jusqu'à Gaza.

SIEGEL : Mais répondre par des tirs de roquettes sur Israël, n'était-ce pas là l'assurance de représailles de la part des Israéliens ?

Mr. YUSUF : Non, non. Cela n'a rien à voir avec les tirs de roquettes, parce qu'aucune roquette n'est tirée. Il y a des collabos, parfois, ils en tirent parce que les Israéliens leur demandent peut-être de tirer certains de ces projectiles de fabrication artisanale. Ils savent que le Hamas fait de son mieux pour protéger la frontière et s'assurer que personne ne tire de roquettes.

SIEGEL : Mais vous dites que quand des roquettes sont tirées depuis Gaza, vous dites qu'elles sont tirées par des collabos israéliens, que les Israéliens se sont arrangés pour qu'ils le fassent...

Mr. YUSUF : En fait, nous avons vérifié auprès des groupes politiques et militants qui affichent vraiment leur engagement. Et quand nous avons vérifié, eh bien, tous ont nié avoir tiré des roquettes. Alors, qui tire ces roquettes ? Nous n'avons pas d'explication, hormis celle des collabos israéliens.
Ce n'est pas la première fois qu'un homme politique palestinien affirme que les prétendues attaques contre les Israéliens sont en réalité l'œuvre d'agents israéliens. En de nombreuses occasions, les dirigeants palestiniens ont désigné Israël comme le véritable « tireur de roquettes ». De temps à autre, les militaires israéliens admettent même que les roquettes n'ont pas été tirées par le Hamas. En d'autres occasions, ils reconnaissent qu'ils ont menti délibérément à propos des tirs de roquettes palestiniennes, afin de justifier des tirs de missiles en guise de « représailles ». La première déclaration officielle affirmant qu'Israël fabrique le terrorisme palestinien nous vient du respecté Yasser Arafat, en 1995, quand il affirma qu'un attentat-suicide attribué aux Palestiniens était l'œuvre des Israéliens.
« Peu après le massacre de Beit Lid au cours duquel 21 soldats israéliens ont été tués par deux terroristes kamikazes du djihad islamique, le chef de l'Autorité palestienne Yasser Arafat a déclaré à un groupe de dignitaires en visite que des Israéliens d'extrême-droite avaient collaboré avec les tueurs. Sans quoi, a-t-il dit, les tueurs n'auraient jamais pu franchir plusieurs check-points de l'armée sans se faire arrêter ».
Dans une interview accordée en 2001 à plusieurs grands journaux italiens, le chef de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat est revenu en détail sur la création et le fonctionnement du Hamas. Il a déclaré au Corriere della Sera le 11 décembre :
« Nous faisons tout notre possible pour stopper la violence. Mais le Hamas est une créature d'Israël qui, à l'époque du Premier ministre (Yitzhak) Shamir (à la fin des années 1980, lorsque le Hamas a émergé), lui a donné de l'argent et plus de 700 institutions, dont des écoles, des universités et des mosquées. Même [l'ex- premier ministre israélien Yitzhak] Rabin a fini par l'admettre lorsque je l'ai confronté à ce sujet en présence du [président égyptien] Hosni Mubarak. »
Dans une interview du 19 décembre au journal L'Espresso, Arafat déclarait :
« Le Hamas a été établi avec l'aide d'Israël. Le but était de créer une organisation pour contrer l'O.L.P. Il (le Hamas) a été financé et entraîné par Israël. Il a continué à bénéficier de permis et d'autorisations, alors que nous avons été limités, même pour construire une usine de tomates. Rabin en personne a reconnu que c'était une erreur fatale. Certains collabos d'Israël sont impliqués dans ces attaques [terroristes]. Nous en avons la preuve et nous la mettons à la disposition du gouvernement italien. »
Récemment, le lauréat du Prix de la Défense d'Israël et expert en ingénierie aérospatiale, le Dr Moti Shefer, a remis en question la réalité du système de défense aérien tant vanté « Dôme de Fer », supposé « abattre les roquettes du Hamas » :
« Il n'existe actuellement aucun missile au monde capable d'intercepter des missiles ou des roquettes. Le Dome de Fer est un spectacle son et lumière qui n'intercepte que l'opinion publique israélienne et, bien sûr, lui-même. En réalité, toutes les explosions que vous voyez dans le ciel sont des auto-explosions. Aucun missile du Dome de Fer n'est jamais entré en collision avec une seule roquette [...] Les roquettes annoncées comme ayant été interceptées par le Dome de Fer, soit n'ont jamais touché le sol, soit sont des roquettes virtuelles inventées et détruites sur l'ordinateur de contrôle du Dôme de Fer. A ce jour, personne n'a jamais vu une seule roquette interceptée tomber au sol.

"Ce qui atterrit ici, c'est ce qui a été lancé. Les débris qu'on voit au sol proviennent de Dôme de Fer lui-même. Nous nous tirons dessus, essentiellement de manière virtuelle."

Selon le Dr Shefer, le Dôme de Fer fait partie d'une vaste conspiration à laquelle participent deux parties intéressées qui ont peur de la paix : l'industrie de la Défense et le Premier ministre Benjamin Netanyahu. »
Le problème avec Israël

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Le problème avec Israël n'est pas seulement qu'il s'agit d'un Etat d'apartheid dans lequel les Palestiniens (tant en Israël que dans les territoires occupés) sont traités au mieux comme des citoyens de seconde catégorie ; il y a eu (et il y a encore) de nombreux pays dans le monde qui traitent une partie de leurs populations de manière brutale. Le véritable problème avec Israël est l'image qu'il donne de lui-même, celle d'un petit morceau d'« Occident » dans un Moyen-Orient encerclé de hordes d'Arabes ataviques assoiffés de sang juif et contre lesquels Israël se bat, au nom des peuples occidentaux, dans un supposé « choc des civilisations ».

Le problème est que, non seulement cette image est totalement fausse, mais en outre, en manipulant les citoyens occidentaux pour leur faire accepter l'authenticité de cette fausse image, l'Etat d'Israël rend ces mêmes citoyens complices du massacre de civils innocents, enfants compris. Là est le véritable problème d'Israël pour les peuples du monde et, en particulier, les peuples des nations occidentales qui sont la cible principale de cette tentative de subversion de leurs âmes ou, tout au moins, de leur humanité (ou ce qu'il en reste).

L'attaque en cours contre la population de Gaza représente un choix (pondéré) pour la population de cette planète. Un révolver est braqué (aux sens propre comme au sens figuré) sur la tempe d'un petit enfant, et la question posée à l'Occident « civilisé » est la suivante :

« Existe-t-il une situation - une SEULE - qui justifie d'appuyer sur la détente ? »

Trop de gens acceptent de se laisser manipuler par les mensonges et les manipulations ignobles de psychopathes en position de pouvoir ; trop de gens se laissent aisément convaincre de répondre « oui » à cette question. Ce faisant, ils nous poussent tous - en tant que société dans son ensemble - un peu plus près du bord (voire au même au fond) du précipice : celui d'une totale faillite morale. L'histoire de l'Humanité est jonchée non seulement de récits, mais aussi de ruines de civilisations ayant provoqué des catastrophes dévastatrices car elles avaient été déconnectées de leur propre humanité.

J'ai commencé cet article par une déclaration véritablement psychopathique de Netanyahou dans laquelle il accusait ni plus ni moins les 600 palestiniens massacrés d'avoir forcé Israël à les anéantir (« regardez ce que vous m'avez fait faire ! »). Je terminerai par une déclaration un peu moins monstrueuse mais tout aussi schizophrène du Secrétaire d'Etat américain John Kerry qui, en évoquant la situation à Gaza, a, semble-t-il, été confronté à ce problème manifeste : comment présenter au monde une tête d'« humanitaire » tout en prenant bien garde que cette même tête reste fermement coincée dans le cul du régime israélien criminel :
« Je suis profondément inquiet des conséquences des efforts légitimes et appropriés déployés par Israël pour se défendre. »