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Par la tromperie, la guerre tu mèneras.
Lorsque le MH370 de Malaysia Airlines s'est volatilisé dans les airs le 8 mars dernier, une mission internationale de secours a passé au peigne fin deux océans, a examiné de près les images satellites et les images radars, et a consulté les relais de transmission automatiques entre les différentes parties de l'avion et leurs fabricants, qui surveillent le fonctionnement du système aérien en temps réel. Malgré ces multiples couches de systèmes de surveillance haute technologie, on n'a toujours retrouvé aucune trace du Boeing 777-200ER porté disparu. Du moins, c'est ce qu'on nous dit. La totalité des 239 passagers et de l'équipage sont officiellement portés disparus et présumés morts. Des avions ont déjà littéralement disparu dans le passé, mais jamais avec autant de passagers à bord.

Comme si cela n'était pas assez extraordinaire en soi, 4 mois plus tard, voilà qu'un deuxième Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines est « mis hors jeu », avec ses passagers et son équipage - certes, de façon plus facilement discernable cette fois-ci. Pour l'instant, aucun lien direct n'a été établi entre les deux événements, même si seul le plus ardent des matérialistes scientifiques pourrait faire montre d'une totale indifférence face au fait qu'il s'agit du même modèle d'avion issu de la même compagnie aérienne, sans parler de la synchronicité numérique : un Boeing-777, vol MH17, qui s'écrase le 17/07/2014, dix-sept ans jour pour jour après son baptême de l'air le 17/07/1997.

Le premier événement, en apparence aléatoire, a pris les médias de la planète par surprise. Par contre, le second s'est produit à l'épicentre de la« nouvelle guerre froide » qui fait actuellement rage. Comme d'habitude, celui qu'on entend le plus au sujet du crash du vol MH17 est le gouvernement américain, qui a tout de suite « su » exactement ce qui s'était passé, et « qui » avait causé la mort de 298 personnes innocentes : les « terroristes soutenus par la Russie » dans l'est de l'Ukraine ont « abattu le vol MH17 avec un missile sol-air tiré depuis un lance-missile BUK à proximité du lieu du crash, zone contrôlée par les terroristes. » Les « éléments de preuves » venant étayer les allégations du gouvernement américain sont toutefois inexistants, à moins de considérer les « médias sociaux » et le « sens commun » à la sauce américaine comme des preuves.

Les « preuves » mentionnées par Kiev et Washington incluaient une « conversation téléphonique fuitée » entre les rebelles du Donbass, conversation au cours de laquelle ils se « vantaient » d'avoir abattu l'avion de ligne. Mais depuis, cette conversation s'est révélée bidonnée : trois conversations séparées ont été mises bout à bout, et l'un des interlocuteurs fait référence à une ville située à 100 km du site du crash. La « conversation » s'avère avoir été créée un jour avant le crash, ce qui, en soi, est lourd d'implications.

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© Mashable, Evgeny Feldman Un avion militaire Su-25 commandé par Kiev tire des leurres pour se protéger, après avoir tiré des roquettes lors de l’attaque qui a détruit l’aéroport de Donetsk le 26 mai 2014
Quant à ce qui se passe vraiment dans la région, les rebelles ont en fait abattu plus d'une douzaine d'avions de combat appartenant à Kiev ces dernières semaines, dont au moins un avion de transport militaire Antonov An-26, et, d'après Kiev, cela n'aurait pas pu arriver sans l'aide des Russes, qui fournissent armes et entraînements. Le 23 juillet, Kiev a perdu deux autres avions de combat à cause des rebelles. Le 17 juillet, juste avant le crash du vol MH17, Kiev est allé jusqu'à prétendre que les forces militaires russes avaient abattu l'un de ses avions de combat, à partir du territoire russe. Le Kremlin a qualifié cette déclaration d'« absurde » et a prédit - à nouveau, à juste titre - que Kiev ne produirait pas les « preuves » qu'il prétendait détenir.

Au vu de la situation prévalant dans la région où s'est écrasé l'avion, il est facile de voir comment on pourrait relier de façon plausible les rebelles du Donbass et/ou Poutine au crash, et les accuser d'avoir abattu l'avion soit délibérément, soit accidentellement. Mais voilà le hic : nombre d'autres avions de ligne ont régulièrement survolé cette zone, malgré le chaos qui règne. Les frappes aériennes de Kiev sur des villes du Donetsk et de Lougansk, et les tirs de lance-roquettes MAN-PAD effectués en réponse par les rebelles ont tous eu lieu à des altitudes inférieures à celles auxquelles volent typiquement les avions de ligne civils. Comme l'a fait remarquer le ministre de la Défense russe, au moins deux autres vols internationaux traversaient la même zone à peu près au même moment, le second avion de ligne passant d'ailleurs au même endroit après le crash du vol MH17. FlightRadar24.com a également critiqué diverses déclarations faites par les compagnies
aériennes selon lesquelles aucun de leurs avions n'avait survolé la zone.

plane, crash
Débris sur le site du crash du vol MH17 dans l’est de l’Ukraine
Ensuite, il y a le problème lié au fait que le vol MH17 a dévié de sa trajectoire habituelle. Le vol MH17 est descendu de 35 000 à 33 000 pieds à son entrée dans l'espace aérien ukrainien, prétendument suite aux ordres d'un contrôleur aérien ukrainien. Il serait intéressant de connaître la raison de cet ordre - perspective hautement improbable, au vu de l'historique du régime de Kiev en termes de production de preuves, sans parler du fait que, immédiatement après l'incident, les services de renseignement ukrainiens ont confisqué les enregistrements de conversations entre les contrôleurs aériens ukrainiens et l'équipage du vol MH17. Ont-ils quelque chose à cacher ? Si ce n'est pas le cas, alors ces enregistrements devraient être diffusés par souci de transparence. S'ils continuent à soustraire ces informations, alors les soupçons concernant la destruction du vol MH17 se porteront logiquement sur Kiev.

Bien que les cartes présentées par le ministère de la Défense russe indiquent que le vol MH17 empruntait un couloir aérien international reconnu, il se trouvait à environ 100 km au nord de sa trajectoire habituelle Amsterdam-Kuala Lumpur. Voici le suivi en temps réel de la trajectoire du vol MH17 enregistré par Flightaware le 17 juillet :

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Et voici une trajectoire typique antérieure au 17 juillet, toujours selon Flightaware :

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La capture-écran ci-dessus a été faite par Joe Quinn immédiatement après l'incident. Si vous allez sur leur site pour vérifier par vous-même, vous ne verrez plus la trajectoire du vol MH17 antérieure au 17 juillet, trajectoire qui inclut un passage au sud de la mer d'Azov. Apparemment, depuis que Joe a fait cette capture-écran, Flightaware a « mis à jour » ses archives antérieures au 17 juillet...

Cette anomalie a été expliquée en ces termes : le vol MH17 suivait une trajectoire plus au nord ce jour-là en raison du « risque d'orages dans le sud de l'Ukraine », mais un représentant de Malaysia Airlines a dit que « le pilote n'avait transmis aucun rapport allant dans ce sens »

Hrabove, crash
Le site du crash à Hrabove, République populaire de Donetsk
Des témoins oculaires dans deux villages situés de part et d'autre du site du crash ont rapporté avoir vu « un avion tourbillonnant avec une aile en moins, et quelque chose qui tombait de l'avion », des « explosions dans le ciel » (probablement entendues, et non pas observées) et des « vrombissements semblables à ceux que font les avions de combat ». La plupart de ces témoignages décrivent toutefois les bruits (et les conséquences épouvantables) causés par l'impact des corps et des débris au sol. Il y a aussi une séquence vidéo d'une boule de feu qui explose au niveau du sol, mais aucune image de l'avion frappé par le moindre missile, et aucune preuve d'une quelconque traînée laissée par un missile.

Moscou a rétorqué que c'étaient les forces de Kiev, et non les rebelles, qui avaient des lance-missiles BUK à leur disposition. Contrairement à Kiev, qui prétend détenir des preuves mais refuse de les montrer, Moscou étaie ses allégations. Des généraux russes ont fourni à la presse internationale les premiers éléments de preuves dans ce jeu du « trouver le coupable » : des images satellites montrent des lance-missiles BUK contrôlés par Kiev stationnés à un emplacement le 14 juillet ; ensuite, le 17 juillet, au moins l'un d'entre eux a disparu ; enfin, une autre image satellite montre (selon ces généraux) un lance-missile BUK stationné à l'écart d'une route de campagne près de Zaroshchens'ke, à environ 20 km de Hrabove, le site du crash.

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Les forces de Kiev ont été photographiées en train de transporter un lance-missiles BUK dans l’est de l’Ukraine. Photo prise le 4 juillet
Moscou a demandé à Kiev de faire preuve de transparence concernant les mouvements de ses forces aériennes ce jour-là. Kiev a affirmé n'avoir eu aucun avion de combat dans les airs le 17 juillet, mais Moscou a réfuté cette déclaration - preuve à l'appui - , affirmant que ses installations radars avaient détecté au moins un Su-25 appartenant Kiev. Cet avion de combat paraissait avoir pris en chasse le vol MH17 et volait à une distance propice au tir de missile. Remarquez que les Russes n'insinuent pas que ce Su-25 a abattu le vol MH17 ; ils font juste remarquer que le gouvernement de Porochenko a menti.

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Question de la Russie à Kiev et Washington : « Que fabriquait cet avion de combat Su-25 ukrainien derrière le vol MH17 ? »
radar, map
Les enregistrements radars russes montrent qu’un jet militaire Su-25 était sur les talons du vol MH17 au moment du « crash », contrairement à la déclaration faite auparavant par Kiev selon laquelle aucun de ses avions ne parcourait la zone ce jour-là. Les rebelles dans l’est de l’Ukraine n’ont aucune force aérienne.
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Carte du ministère de la Défense russe montrant que le vol MH17 a dévié de sa trajectoire peu avant de disparaître des radars
Une autre partie intéressée garde l'œil sur ce qui se passe en Ukraine : l'omniprésent Etat de sécurité nationale américain, bien entendu. En présentant les premiers véritables éléments de preuves, les Russes ont également fait savoir qu'ils savaient qu'un satellite militaire américain se trouvait directement au-dessus de la zone au moment du crash, et ont « enjoint les Etats-Unis à publier les photos et les données spatiales prises par ce satellite ». Comme l'a fait remarquer Robert Parry, les États-Unis pourraient facilement lever le doute sur l'identité du tireur, la nature du projectile et le moment précis du tir, en partageant ces données. Mais si le seul lance-missile dans la zone était contrôlé par Kiev, alors ils ne le feront probablement pas, ce qui incite à se demander si ce lance-missile BUK n'a pas été mis en place en tant que leurre qui, par la suite, servirait à accuser les « séparatistes soutenus par les Russes ». La réfutation point par point (et étayée par des preuves) des allégations des Etats-Unis et de l'Ukraine par le ministère de la Défense russe est résumée avec concision dans cet article de Mashable.com :

En se fondant sur les faits connus, voici le scénario qui, à mes yeux, paraît le plus plausible :

- Un lance-missile BUK a été positionné à proximité de la frontière russe par les forces ukrainiennes

- Une bombe a été placée à bord de l'avion quelque temps avant le décollage

- Un contrôleur aérien ukrainien a ordonné au vol MH17 d'emprunter une autre trajectoire internationale qui l'emmènerait au-dessus des territoires contestés de Donetsk et Lougansk

- La bombe a été déclenchée à distance ou à l'aide d'un minuteur

- Les « faits » ont été fournis aux médias occidentaux - par l'intermédiaire des « conseillers spéciaux » de la junte de Kiev et de « responsables anonymes des renseignements » - dans les minutes qui ont suivi le crash, en mettant l'accent sur le fait que l'avion avait été « abattu par un missile sol-air »

Le point délicat est de placer la bombe à bord de l'avion. Nous savons tous à quel point la sécurité aux aéroports est draconienne, pas vraie ? Tournons donc nos regards sur le point de départ du vol MH17.

Schiphol : un aéroport pas comme les autres.

Amsterdam Bijlmermeer
1992 : l’avion cargo El Al s’écrase dans le quartier de Bijlmermeer, à Amsterdam
Le 25 décembre 2009, le fils d'un banquier nigérien, un adolescent de 16 ans - alias le « terroriste au slip piégé » - est escorté dans un état second jusqu'à la porte d'embarquement, sans passeport et avec des bombes dissimulées sous son slip, par un homme « bien habillé ». La sécurité à l'aéroport de Schiphol est assurée par une firme de sécurité privée très prospère du nom d'International Consultants on Targeted Security (ICTS).

Établie en 1982 par d'anciens responsables des renseignements israéliens du Shin Bet (service de sécurité intérieure israélien), l'activité de l'ICTS à Schipol ne se résume pas qu'à assurer la sûreté dans les aéroports : c'est là que se trouve le siège social de la société depuis les années 1980. C'est de là qu'elle fournit ses services de sécurité - dont la vérification des passeports et documents de voyage, et l'inspection du fret - dans les aéroports de 11 pays, dont les Etats-Unis et l'Europe de l'Ouest. Elle assure également la sécurité des transports et des réseaux de dizaines de sociétés, dont des sociétés de transport et des agences publiques à travers le monde. En 1999, ICTS acquiert Huntleigh USA, qu'elle charge de la sécurité aérienne aux aéroports de Boston-Logan et Newark. ICTS gérait également la sécurité à l'aéroport Charles de Gaulle lorsque le Shoe bomber (le « terroriste aux chaussures piégées »), Richard Reid, embarqua à bord d'un avion en partance de Paris et à destination des États-Unis, le 22 décembre 2001. ICTS s'occupait également de la sécurité du réseau des bus londonien le jour des attentats-« suicides » du 7 juillet 2005. D'ailleurs, deux de ses filiales, ICTS UK et ICTS Europe Systems, sont basées à Tavistock House/Tavistock Square à Londres, où eut lieu l'attentat de l'autobus à impériale ce jour-là.

***Note : Les attentats du 07/07/05 eurent lieu en pleine campagne de promotion du film d'horreur The Descent. Les publicités affichées sur les bus et dans les métros londoniens à l'époque montraient une femme terrifiée hurlant dans un tunnel, avec l'accroche : "Outright terror, bold and brillant" (« Terreur totale : brillant, impitoyable, implacable). Après l'attentat, ces affiches furent enlevées.

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"Outright terror... bold and brilliant" (De la terreur absolue... vif et étincellant) : le bus qui explosa à Tavistock Square le 07/07/05
La contribution d'Israël à la gestion de l'aéroport de Schiphol est profonde et trouble. Le crash de l'avion cargo El Al dans un quartier résidentiel de Bijlmermeer à Amsterdam en 1992 laissa des séquelles chez un millier de résidents du quartier, et chez des secouristes : troubles respiratoires, neurologiques et moteurs, ainsi que cancers et anomalies congénitales. L'avion transportait de grandes quantités d'ingrédients servant à fabriquer des armes chimiques comme le gaz sarin, ainsi qu'une importante quantité d'uranium appauvri. Des enquêtes subséquentes ont révélé que l'aéroport Schipol était devenu « une plaque tournante pour les transferts d'armes secrètes israéliennes à partir des États-Unis ». En enquêtant sur cette révélation et sur d'autres informations ayant fait suite à l'incident du « terroriste au slip piégé » de décembre 2009, SOTT.net a appris par un journaliste hollandais qu'« une zone spéciale isolée (hangar et aire de trafic) de l'aéroport de Schiphol était spécialement mise à la disposition des services de renseignement israéliens. »

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Le vol MH17 de Malaysia Airlines décollant de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, Pays-Bas, à 12:14 heure locale le 17 juillet 2014
Missiles portés disparus : un thème récurrent
« Je ne présenterai jamais d'excuses au nom des États-Unis - Que m'importent les faits ».

~ Réaction du président américain George Bush Senior après l'incident au cours duquel le croiseur USS Vincennes abattit le vol 655 d'Iran Air, tuant 290 civils, en 1988.
Il se trouve que Poutine a déjà plié face aux allégations des Américains à propos d'avions de ligne abattus par des missiles. Le vol 1812 de Siberia Airlines en partance de Tel-Aviv et à destination de Novossibirsk en Russie disparut des radars, au sud de la Crimée, au-dessus de la mer Noire, le 4 octobre 2001. La NSA - qui depuis des décennies recense régulièrement par satellite les tirs de missiles - fut la première à rapporter que l'avion avait été frappé par un missile ukrainien en pleine guerre entre l'Ukraine et la Russie sur le territoire criméen. Ni Poutine ni le gouvernement ukrainien ne crurent les Etats-Unis ; en fait, ils affirmèrent catégoriquement que l'avion de ligne de la Siberia Airlines n'avait jamais pris le risque de s'approcher trop près des missiles qu'ils tiraient dans la région. Le journal ukrainien Den critiqua le traitement médiatique de l'incident par les États-Unis et l'Europe, affirmant à l'époque :
« Dès que la nouvelle du crash du Tupolev Tu-154 Russe est tombée hier, plusieurs médias russes et occidentaux se sont empressés d'accuser les forces armées ukrainiennes. Cela en l'absence totale de toute confirmation officielle. »
Mais en l'espace d'un mois, la Russie fit volte-face et les Ukrainiens admirent être les responsables - plus ou moins. Ils dédommagèrent les familles des victimes, mais, interrogés sur cette affaire, des membres de leur gouvernement ont toujours nié toute responsabilité. Siberia Airlines poursuivit en justice le gouvernement ukrainien en dommages-intérêts lors d'un procès en 2004. En janvier 2013, l'affaire était toujours contestée à la plus haute cour du pays. Patrick Martin, qui écrit pour le World Socialist Web Site, analysa l'incident à l'époque :
Les responsables russes ont au départ cherché à mettre l'explosion aérienne sur le dos de terroristes non nommés. Les parties de l'avion récupérées dans la mer Noire incluent le cockpit, quasi intact, et qui, d'après les rapports, présentait une série de perforations dans le métal qui ressemblaient à des impacts de balles. [...]

Mais face à l'insistance des États-Unis sur la théorie du missile, Poutine revint sur ses propos, adoptant de fait la thèse américaine, même si le personnel militaire russe participant aux jeux de guerre en Crimée surveillait les lancements de missiles et n'avait rapporté aucune sortie inhabituelle.

La réaction américaine à cette tragédie fut singulière à l'extrême. En l'espace de quelques heures après l'explosion, même avant qu'un seul fragment de l'avion n'ait été récupéré, sans parler des boîtes noires qui fourniraient des preuves plus substantielles, le gouvernement américain déclara que la destruction de 78 vies était un regrettable incident, et non une attaque terroriste.

Les responsables américains citèrent en toute liberté les informations fournies par leurs satellites utilisant des détecteurs infrarouges, alors que ces informations sont généralement étroitement gardées. Le New York Times fit remarquer : « les États-Unis surveillent étroitement les lancements de missile à travers le monde et gardent l'œil sur la mer Noire, à partir de postes d'observation turcs datant de la guerre froide. »

La réaction des médias américains, en particulier les réseaux de télévision, fut remarquablement timorée et dépourvue du sensationnalisme qui caractérise généralement leur couverture d'événements aussi tragiques. [...]

La rapide intervention des États-Unis pour « résoudre » le mystère de cette explosion en plein ciel et la relative indifférence des médias ont une explication politique. La catastrophe eut lieu à une période de tension maximale entre l'administration Bush et le gouvernement israélien, deux jours seulement après que le département d'État ait révélé que le gouvernement américain était prêt à promulguer l'établissement d'un Etat palestinien, et quelques heures seulement après que Sharon ait dénoncé Washington avec véhémence, comparant sa politique envers les régimes arabes au Moyen-Orient à la politique d'apaisement envers Hitler à Munich. [...]

En Israël, certaines allusions circulaient selon lesquelles le crash lui-même résultait peut-être des tensions grandissantes dans la région. Le Jerusalem Post publia un commentaire sur le crash, avec ce titre extraordinaire : « Le tir d'avertissement de Sharon ».
Il est certainement intéressant de remarquer les parallèles entre cet événement d'une part, et la destruction du vol MH17 et les actuels développements du conflit israélo-palestinien d'autre part. La différence notable - à l'exception de cette intéressante Une de la presse israélienne - étant bien sûr la réaction timorée des Américains, comparée au bombardement médiatique d'aujourd'hui.

Le département américain du Sens commun

John Kerry
John Kerry ment beaucoup, le sait-il ?
Avec un mépris total pour la vérité, les médias occidentaux ont déversé des tonnes de bile sur les « terroristes pro-russes ivres », qu'ils ont accusés de trafiquer les preuves collectées sur le site du crash, de profaner les corps et d'empêcher les enquêteurs d'accéder au site. Ce qui s'est en fait produit, c'est que les enquêteurs ont été lents à atteindre le site, parce que les responsables à Kiev n'étaient pas pressés de leur donner le feu vert pour se rendre là-bas, parce que, ont-il prétendu, ils « ne pouvaient garantir leur sécurité » - ce qui est vrai, en quelque sorte : les représentants de la Malaysia Airlines, se mettant finalement en route de leur côté après avoir renoncé à attendre que Kiev veuille bien les aider, se sont retrouvés sous le feu de l'artillerie de l'armée ukrainienne, même après que Porochenko ait déclaré une zone de cessez-le-feu de 40 km autour du site du crash.

Les rebelles ont traité les corps avec le plus grand respect. Leur maniement des enregistreurs de paramètres et leur gestion du site du crash a été, étant donné les circonstances, impeccable. Le chef de l'équipe médicolégale hollandaise dans la région a été très impressionné par la façon dont les rebelles ont géré la situation, déclarant qu'« ils avaient fait un boulot d'enfer dans un fichu endroit ». Quant au gouvernement de Porochenko, la seule conclusion logique que l'on puisse tirer de tout cela est qu'il a tenté de louvoyer pour gagner du temps. Alors, une fois encore, que Kiev essaie-t-il de cacher ?

Les rebelles ont remis les enregistreurs de paramètres de l'avion aux représentants de la Malaysia Airlines, mais grâce à une intervention à point nommé de la part du gouvernement britannique - pour le compte d'« enquêteurs internationaux, bien évidemment - les militaires britanniques seront les premiers à consulter et examiner les données, dont les enregistrements audio des communications du pilote avec les contrôleurs aériens ukrainiens. Apparemment, à leurs yeux, les Malaisiens n'ont pas les moyens technologiques pour s'acquitter de cette tâche. Le gouvernement britannique, toujours très serviable, promet de « partager les découvertes » par la suite avec ses homologues hollandais et ukrainiens. Je ne sais pas pourquoi, mais je doute que nous obtenions une analyse de données objective de la part des Brits, vu leur insistance sur la culpabilité de Poutine :

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Et au milieu de toute cette hystérie anti-russe, le gouvernement de Cameron a ouvert une « Enquête publique » (l'équivalent britannique d'un procès spectacle) sur la mort de l'ancien espion du FSB Alexandre Litvinenko, mort en 2006 à Londres après avoir été empoisonné au polonium radioactif. Bon sang, on peut dire qu'ils en font des tonnes ! En passant, Litvinenko a probablement été supprimé par le Mossad.

Si vous pensiez que la porte-parole du département d'État américain Jen Psaki était une pauvre cruche, attendez de rencontrer son assistante. Voici la réaction de Maria Hart à la présentation des preuves (concrètes) dévoilées par les Russes :

Vous entendez ça ? Pourquoi étayer des assertions spécieuses par des données concrètes ? Les gens n'ont qu'à écouter les fanfaronnades de l'ami John Kerry, les « médias sociaux » et le « sens commun », et l'affaire est dans le sac !

Bref, inutile de retenir votre souffle en attendant des preuves. Attendez-vous juste à davantage de foutaises style « création de réalité » de la part de « responsables des renseignements » anonymes - le genre d'absurdités que l'envoyé de l'ONU à Washington, Samantha Power (l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies), ne fait que répéter au Conseil de sécurité : apparemment, nous ne verrons jamais l'ombre d'une preuve concrète que les rebelles ont tiré un missile à partir d'un lance-missile BUK, parce que l'engin a « retraversé la frontière russe au milieu de la nuit ».

Samantha Power sait-elle qu'elle ment constamment ? En est-elle consciente ? Elle devrait se renseigner sur le biais cognitif « Availability Cascade ».(1) Ou peut-être demander à son mari ce qu'il en pense...
  1. Une cascade de disponibilité est une suite d'événements qui font boule de neige. Elle peut être provoquée par la couverture médiatique d'un sujet relativement anodin et entraîne ultimement la panique du public et une intervention musclée de l'État. Dans certains cas, la couverture médiatique d'un risque captive un segment du public, qui devient alors agité et inquiet. Cette réaction émotionnelle devient ensuite un sujet en soi, qui sera à son tour abordé par les médias. Résultat, l'inquiétude ne fait que décupler et les esprits s'échauffent encore davantage. Parfois, le cercle vicieux est même délibérément créé par des « agents de la disponibilité », ces personnes ou ces organisations qui veillent à la circulation ininterrompue de nouvelles inquiétantes. Le risque est de plus en plus exagéré au fur et à mesure que les médias se disputent l'attention du public au moyen de titres accrocheurs. Le discours des scientifiques et de ceux qui tentent de dissiper les craintes et la révulsion grandissante suscite peu d'intérêt, mais beaucoup d'hostilité : quiconque ose affirmer que le risque est surévalué est soupçonné d'être affilié à un complot odieux. Le sujet revêt alors une importance politique parce qu'il préoccupe l'ensemble de la population et que la machine politique est guidée par l'intensité du sentiment public. » Daniel Kahneman - Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée
Samantha Power, Vitali Tchourkine
Samantha Power pète un câble à l’ONU, en confrontant son homologue russe Vitali Tchourkine
Contexte géopolitique

Le fait est qu'on ignore encore ce qui a causé le crash et qui en est responsable. Les masses ont eu droit à la version « c'est Poutine qui a fait ça, ou qui est responsable, parce qu'il est responsable du chaos en Ukraine », mais cette explication convaincra-t-elle les dirigeants des pays qui envisagent de plus en plus sérieusement une coopération économique et stratégique avec la Russie ? Peut-être que, dans leur « wishful thinking » (le fait de prendre ses désirs pour des réalités), empreint de cynisme et de démence, les vrais responsables pensent qu'ils pourront susciter suffisamment d'indignation au niveau international pour isoler Poutine et la Russie à coup de sanctions renforcées.

Le vol MH370 a disparu 3 semaines après le début du face-à-face entre les États-Unis et la Russie sur le théâtre ukrainien. Les États-Unis ont initié et facilité le coup d'État en Ukraine, la Russie a réagi en facilitant le retour de la Crimée dans le giron de la mère patrie, et la voie a alors été ouverte pour que d'autres régions de l'Ukraine fassent de même. Les États-Unis ont réagi comme seul un tyran fou furieux sait le faire : rodomontades et discours bellicistes à leur paroxysme, et, pendant un temps, il a semblé que l'Empire pourrait intervenir directement pour « protéger la souveraineté territoriale » de son tout nouvel État vassal.

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Puis vint le 8 mars, et pour la première fois depuis des semaines, l'Ukraine fut chassée des Unes des journaux. Lorsque l'attention mondiale s'est à nouveau portée sur elle, les appels au bain de sang éructés par les médias occidentaux s'étaient considérablement adoucis. Il n'y a pas eu de représailles, étant donné que Poutine avait rempli les formalités requises concernant la Crimée, accepté les élections ukrainiennes le 25 mai, et enjoint les Ukrainiens russophones de l'Est et du Sud à se calmer et à interrompre leurs référendums sur la sécession. La situation en Ukraine s'est sérieusement détériorée depuis, bien entendu - dans certaines parties du pays, c'est un véritable enfer - mais la crise a au moins été endiguée et confinée à l'intérieur des frontières de l'Ukraine.

Tandis que l'Empire manœuvre pour isoler la Russie via des sanctions et des zones d'échanges transatlantiques et transpacifiques qui mettraient la Russie sur la touche, Poutine n'a pas chômé, voyageant lui aussi à travers le monde pour récolter des votes, des amis, et certains des plus gros marchés bilatéraux de l'Histoire. Le sommet des BRICS du mois dernier venait tout juste de se terminer quand le vol MH17 s'est écrasé : ce jour-là, tant Poutine que le nouveau Premier ministre de l'Inde Narendra Modi se trouvaient encore dans l'avion les ramenant chez eux.

Source d'exaspération ultime pour les « Atlantistes » américains : l'établissement formel d'une Union eurasiatique qui, couplée aux déclarations de Poutine concernant la vision de la Russie, celle d'un « espace commun de coopération économique et humanitaire de Lisbonne à Vladivostok », les a mis dans un état proche de l'hyperparanoïa. Ils craignent que l'Europe ne réalise bientôt qu'elle n'a pas besoin des États-Unis, mais qu'elle a bien besoin de la Russie.

Quelle est la position d'Israël sur ces questions géopolitiques ? Il est resté étrangement silencieux, lorsque la crise post-coup d'État était à son apogée. Le Financial Times n'a pas manqué de le remarquer, soulignant l'absence d'Israël au vote du Conseil de sécurité de l'ONU visant à dénoncer l'annexion de la Crimée par la Russie, vote qui a eu lieu en pleine crise des diplomates israéliens, crise qui s'est soldée par une « grève » de l'ensemble du corps diplomatique. Apparemment, la Maison Blanche aurait été « furieuse » de voir ce pays, qu'elle a tant de fois soutenu à l'ONU, aux abonnés absents au moment même où elle avait besoin qu'il lui retourne la politesse.

Autre coïncidence étrange : l'intervention terrestre (invasion) à Gaza

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Les tanks israéliens ont déboulé dans Gaza le jour où le vol MH17 a été abattu par des agents inconnus
Deux Boeings-777 de Malaysia Airlines en 4 mois, c'est une chose. Ce second incident, qui s'est produit le jour même où Israël a lancé son « invasion au sol » de Gaza (ou, plus exactement, son opération « rasons Gaza avec des tanks ») en est une autre. Les dirigeants israéliens sont tellement cinglés qu'on ne peut jamais vraiment dire si les nombres, dates et « événements synchrones » concordant avec leurs activités est la conséquence d'une planification extrêmement minutieuse de la part du Mossad, une simple question de chance qui résulte de leur statut de « peuple élu », un pacte avec le Diable, ou une combinaison des trois.

Dans son article sur l'enlèvement et le meurtre des trois ados israéliens, Joe Quinn présente des preuves selon lesquelles les responsables de cet enlèvement sont les renseignements israéliens, et l'affaire une psy-op (opération psychologique) visant à aiguiser la soif de sang palestinien. Le ministre des Affaires étrangères palestinien Riyad Al-Maliki en est arrivé à la même conclusion. Depuis, nous avons eu droit à une redite de la formule Plomb Durci de 2008-2009 - attaques de drones, puis frappes aériennes, et enfin invasion au sol (tanks et troupes). En un mois seulement, Gaza est passée (à nouveau) de prison à ciel ouvert à gouffre de l'enfer. Voici une récente séquence vidéo d'une mutilation humaine gratuite perpétrée par Israël, et filmée par l'équipe de Ruptly TV intégrée au personnel d'urgence palestinien. Avertissement : la séquence débute d'emblée par des images très dures.

Netanyahou a par ailleurs déclaré il y a quelques jours : « Nous devons nous protéger. Nous faisons tout pour cibler les lanceurs de roquettes. Vraiment. Les pertes civiles ne sont pas intentionnelles de notre part ; par contre, elles sont intentionnelles de la part du Hamas, qui veut entasser un maximum de morts civils parce que, comme l'a dit quelqu'un, le Hamas utilise des cadavres palestiniens télégéniques pour la cause. Plus il y a de morts, mieux ce sera, pour le Hamas. »

Je vous laisse une seconde pour digérer ça.

Vous saisissez ? Netanyahou prétend que le Hamas tire des roquettes sur Israël afin de maximiser les « représailles » israéliennes et, ainsi, faire exploser le compteur des morts palestiniennes. Grâce aux images de corps brisés, carbonisés, diffusés sur toutes les chaînes du monde, le Hamas augmente ainsi son capital sympathie auprès du monde entier. La théorie proposée ici par Bibi étant que le Hamas et les Palestiniens qui le soutiennent veulent un maximum de morts côté Palestinien. Nous devons donc en conclure que les membres du Hamas veulent voir leurs propres maisons détruites et leurs propres familles assassinées, dont eux-mêmes, tant qu'à faire, tout cela pour les besoins d'une campagne de relation publique. Le Hamas veut qu'Israël tue des civils ; sur ce, les Israéliens accèdent à leurs désirs. Ainsi donc, le Hamas et Israël travaillent main dans la main ! C'est Netanyahou qui nous le dit !

Une sacrée engeance (lie de la société, ramassis de racailles), les psychopathes, n'est-ce pas ? Répugnante, mais néanmoins intéressante. Ici, Netanyahou nous donne un aperçu très cru de la mentalité des psychos - calculatrice, baroque, morose - le tout projeté sur les autres : dans ce cas-ci, sur les Palestiniens , dans le cas du vol MH17, sur les « terroristes contrôlés par Poutine ».

Israël et les missiles fantôme

En parlant de corps brisés et de missiles fantômes, quid de ces « milliers de roquettes tirées par le Hamas » ? Est-ce que quelqu'un en a vu une atteindre Israël ? Est-ce que quelqu'un a vu ne serait-ce qu'un tir de roquette ? Après tout, Israël, en bonne démocratie occidentale, est partie intégrante de la superstructure de surveillance planétaire, assortie d'une couverture médiatique 24h sur 24h 7 jours sur 7 à la TV et sur Internet, et disposant de caméras CCTV, GoPro, et de dashcams installées dans chaque lieu public.

Alors... où sont les images de morts et de destruction en Israël ?

On nous raconte que les Israéliens vivent dans la terreur, que les sirènes retentissent régulièrement. On nous dit que les habitants doivent se réfugier chaque jour dans les abris anti-bombes. Mais si on regarde le bouclier de défense aérienne « Dôme de fer » en action, on ne voit jamais un seul de ses missiles frapper quoi que ce soit en plein ciel. Les sirènes retentissent, un ou deux missiles sont lancés et semblent exploser sans entrer en contact avec le moindre objet en approche.

Vérifiez par vous-mêmes. Voyez-vous des roquettes en approche ? Non ? Moi non plus. Les sirènes retentissent, une paire de missiles Dôme de fer sont lancés, font un mouvement de spirale, puis font « pouf », et les gens rassemblés en bas dans les rues applaudissent et poussent des « hourras ».

Le « Dôme de fer » ne serait-il en réalité qu'un feu d'artifice destiné à assurer la docilité... ou l'amusement des Israéliens ? Je ne dis pas ça pour la forme. Aucun doute que nombre d'Israéliens soient terrifiés à chaque fois que les sirènes retentissent. Et pourtant, nombre d'autres Israéliens semblent s'en payer une bonne tranche, tandis que les Gazaouis, par centaines et milliers, sont physiquement et émotionnellement déchiquetés par de vrais missiles et de vrais obus à fléchettes. Un universitaire israélien, le Dr Motty Scheffer, pense également que tout ceci n'est qu'une arnaque, une astuce pour tromper les crédules Israéliens et leurs copains américains encore plus crédules :
« Les missiles interceptés par le Dôme de Fer qui n'ont pas touché le sol sont d'hypothétiques missiles produits et détruits dans la salle de contrôle de l'ordinateur du Dôme ; à ce jour, personne n'a vu un seul missile intercepté impacter le sol. »
Ça paraît logique, quand on y pense : il n'existe aucune séquence vidéo de missile frappant n'importe quel endroit en Israël - du moins, pas au cours de la présente « guerre ». Connaissant le modus operandi des renseignements israéliens, croyez-moi, s'ils pouvaient montrer une séquence vidéo pour susciter la compassion, façon World Trade Center, ils la diffuseraient ad nauseam au monde entier.

Certes, deux ou trois explosions de nature inconnue se sont produites en Israël le mois dernier. Le 11 juillet, un « missile » a frappé une station-service dans le sud d'Israël, à Ashdod. Une séquence CCTV montre l'explosion, mais à nouveau, aucune image ne confirme qu'elle a été causée par une roquette.

Sdérot, meeting
Israéliens rassemblés au sommet d’une colline à l’extérieur de Sdérot, le lundi 14 juillet, pour contempler le bombardement de Gaza. Sderot est l’une des villes (colonies) les plus proches de Gaza. Ont-il l’air de s’inquiéter des « milliers de roquettes du Hamas en approche » ?
Le 15 juillet, le gouvernement israélien a supposément déclaré un « cessez-le-feu » unilatéral qui a été « violé » moins de deux heures plus tard, lorsqu'une roquette est soi-disant tombée sur Ashdod. Quelque chose a effectivement explosé, blessant apparemment 4 personnes, et, en guise de « représailles », le gouvernement israélien a intensifié de façon obscène son bombardement de Gaza. Un porte-parole du Hamas, Osama Hamdan, a déclaré à la BBC qu'il n'avait été informé de ce « cessez-le-feu » qu'après-coup - et, de surcroit, par les médias, ce qui laisse à penser qu'il ne s'agissait là que d'un coup de pub tordu pour susciter la clémence vis-à-vis des actions d'Israël, lui permettant ainsi d'intensifier le pilonnage de Gaza.

Le 22 juillet, le gouvernement américain a annoncé avoir « fortement recommandé » aux compagnies aériennes américaines d'annuler les vols à destination de l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, après la déclaration des Israéliens selon laquelle une roquette du Hamas avait atterri à proximité. Je n'ai trouvé aucun rapport de destruction à Tel-Aviv ou à proximité. Malgré qu'un avion commercial ait été dégommé du ciel à peine une semaine auparavant, cette « recommandation » n'a apparemment été prise en compte que par « quelques » compagnies aériennes, ce qui indique fortement qu'ils ne sont pas si inquiets que ça des « roquettes du Hamas ».

Considérez aussi le fait que Gaza est entièrement sous contrôle. Non seulement Gaza est sous surveillance totale, mais rien n'y entre ni n'en sort avant d'avoir été approuvé au préalable par Israël. En ces circonstances, comment diantre les Gazaouis pourraient-ils obtenir les composants high-tech nécessaires à la fabrication de roquettes capables d'atteindre des cibles situées jusqu'à 100 km de distance ? Sans système de guidage par ordinateur, si elles ne manquent leur cible (Tel-Aviv, par exemple) que d'une fraction de degré, elles atterriront dans la mer Méditerranée.

Grotesque, quand on pense que tout ceci n'est que le fruit d'un pur fantasme paranoïde mûrissant dans les esprits israéliens. Mais bon, les descriptions carabinées des rebelles du Donbass et de la Russie de Poutine relèvent également du pur fantasme. Et vous voyez à quel point il est facile de remplir de fantasmes la tête des gens : imprimez-les dans les journaux.

« Maintenant, nous sommes tous Gazaouis »... hum, les habitants de l'est de l'Ukraine, en tout cas.

Plus de 700 personnes ont été taillées en pièces à Gaza depuis le début des attaques (le 24 juillet, au moment de la publication de l'article originel en anglais - NdT). Environ 450 ont été tuées dans l'est de l'Ukraine et à Odessa depuis que Kiev a lancé ses « opérations anti-terroristes » pour empêcher ces régions de faire sécession. Tandis que les Gazaouis n'ont nulle part ou s'échapper, des milliers d'Ukrainiens ont fui vers la Russie. Les gens de Donetsk et Lougansk sont certainement mieux lotis que les Palestiniens, et ce, grâce à l'aide humanitaire russe, mais tout comme eux, ils font face à un brutal oppresseur qui les dépeint comme des sous-hommes : en Ukraine, des spots TV sont diffusés depuis le début de la « campagne anti-terroriste » lancée par Kiev pour conditionner les Ukrainiens à voir les séparatistes comme de la vermine bonne à exterminer - la « solution finale » à tous les problèmes de l'Ukraine.

doryphores, bug
Les doryphores, un fléau agricole en Ukraine, sont censés symboliser les russophones du pays, parce qu’ils ont la même couleur que le ruban de Saint-George, que les Russes et d’autres habitants d’anciens pays soviétiques associent en premier lieu à la victoire sur les nazis
Les écoles, hôpitaux, immeubles résidentiels et journalistes sont pris pour cibles non seulement à Gaza, mais aussi dans les républiques séparatistes d'Ukraine, où les attaques se poursuivent sans répit, malgré les déclarations publiques de « cessez-le-feu » émises par Kiev.

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© MAHMUD HAMS/AFP/Getty ImagesGauche : un Palestinien porte dans ses bras le corps de sa fille, tuée durant un pilonnage israélien, à l’extérieur de l’hôpital al-Shifa de Gaza City, 20 juillet 2014

Droite : Polina Sladkaya, 6 ans, l’un des enfants tués au cours de frappes aériennes lancées par Kiev à Sloviansk, le 8 juin
Palestine
© Mohammed Saber/EPAGauche : Un immeuble résidentiel de Donetsk rasé le mardi 15 juillet

Droite : des Palestiniens évacuent le corps d’une femme dont la maison a été détruite à Gaza, le 22 juillet
Gaza
© AP/Mikhail IvanchenkoGauche : des corps de victimes tuées lors du pilonnage par les forces de Kiev à Lougansk, 18 juillet

Droite : 3 enfants de la même famille exterminés à Gaza, 18 juillet
Louganskaya Ukraine
© Ashraf Amra / APA imagesGauche : une vieille femme retrouve son appartement détruit par le pilonnage du village de Mikolaivka, près de Sloviansk, Est de l’Ukraine, 10 juillet

Droite : une Palestinienne examine les dégâts causés par une frappe aérienne israélienne sur sa maison à Gaza, 8 juillet
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© Hosam SalemGauche : une femme pleure pendant que Kiev pilonne des rues entières à Louganskaya, Est de l’Ukraine, 3 juillet

Droite : le père d’un des 4 garçons explosés sur une plage de Gaza le 16 juillet
Gaza
© Eyad Al Baba / APA imagesGauche : une maison brûle à Louganskaya, 3 juillet 2014, après un pilonnage intense avec des bombes incendiaires par les forces de Kiev

Droite : une maison est anéantie à Rafah dans le sud de la Bande de Gaza, 8 juillet

Guerre globale contre Poutine


Si le 11 septembre a généralisé la haine et la peur à l'égard des musulmans, alors nul doute que la destruction du vol MH17 généralisera la haine à l'égard des rebelles du Donbass, et, par extension, de la Russie de Poutine. Le « président » ukrainien et magnat du chocolat Porochenko l'a laissé entendre en termes succincts lorsqu'il a déclaré à CNN il y a quelques jours :
« Je ne vois aucune différence entre le 11 septembre, l'attentat de Lockerbie et l'attaque contre le vol 17 de Malaysia Airlines. Ce genre de terrorisme représente un danger pour le monde entier et la sécurité planétaire. »
C'est probablement la plus grande vérité énoncée par l'oligarque depuis qu'il a été élu (sélectionné) président de l'Ukraine. Il n'y a aucune différence dans la mentalité, les intérêts, ou les méthodes de ceux qui ont mené ces opérations. Comme le dit Joe Quinn dans cet article :
« Traditionnellement, ces types-là abordent ce genre de problème par la manipulation émotionnelle la plus brutale et cynique des masses (y compris les politicards) : le meurtre de masse de civils, de préférence lorsqu'ils sont en position vulnérable - par exemple, lorsqu'ils font quelque chose avec lequel tout le monde peut s'identifier sans problème, comme prendre l'avion. Si on peut balancer des avions contre des immeubles, à la bonne heure. Mais un crash au sol fera aussi bien l'affaire. »
Ce sont de vrais maîtres ès terreur et tromperie et, en bon psychopathes, ils projettent cette caractéristique essentielle qui est la leur sur des groupes entiers, des dirigeants, des mouvements contre lesquels ils veulent monter les foules. C'est une excellente stratégie, quand on adopte leur point de vue froid et clinique.

Sans pitié, de manière répétée, et avec succès, ils exploitent les émotions humaines, qu'ils perçoivent comme des « faiblesses qui rendent les autres stupides ». Lorsqu'ils ont fait exploser le vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie, en Écosse, la cible contre laquelle ils voulaient monter les masses était la Libye. Gordon Thomas, auteur de Gideon's Spies (titre français : Les ombres du Mossad - NdT), a reçu cette confidence de la part de sa source au L.A.P., la division guerre psychologique du Mossad :
« ... dans les heures qui ont suivi le crash, le personnel du L.A.P. A fait chauffer les téléphones, appelant ses contacts dans les médias et les enjoignant à publier que c'était là "la preuve incontournable" que la Libye, par le biais de ses services de renseignements - la Jamahirya - , était coupable. »
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Site du crash de Lockerbie, Écosse, où une bombe a fait exploser le vol de la Pan Am, tuant 270 personnes
Time, Gadafi
© Time« Vous devez haïr cet homme ! Il est la source de toutes vos peurs ! Tuez-le, et vos peurs disparaîtront ! », clament les vrais terroristes
La campagne subséquente pour diaboliser Kadhafi retarda ses ambitions progressistes de plusieurs années et neutralisa la « menace » que posait sa vision au contrôle américano-israélien du Moyen-Orient et de l'Afrique. Notez que des enquêtes et des procès étalés sur des décennies n'ont pas résolu le crime, si ce n'est qu'elles ont disculpé le bouc émissaire et dévoilé qu'il y avait eu cover-up (tentative pour étouffer l'affaire). Les vrais coupables sont très forts dans leur domaine. Bien entendu, le 11 septembre porta le terrorisme aérien à un tout autre niveau, transformant la « Guerre contre le terrorisme » menée au niveau local par Israël en « Guerre mondiale contre le terrorisme » menée par l'Amérique, et transformant les 1,3 milliard de musulmans à travers le monde en « islamo-fascistes », et le reste de la population en moutons apeurés. Et aujourd'hui, le crash du vol MH17 aux portes de la Russie vise à transformer Poutine en monstre, lui et tous ceux qui voient d'un bon œil son objectif consistant à faire passer les intérêts de son pays avant ceux de l'Empire.

Guerre mondiale Z ?

Il y a 100 ans exactement, les « Grandes puissances » européennes s'envoyaient des télégrammes à tout va via les réseaux diplomatiques, tout en mobilisant des armées massives en préparation de la guerre. Aujourd'hui, la menace d'une nouvelle « Grande guerre » est dans tous les esprits ; une peur compréhensible, étant donné les parallèles entre l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le crash d'un avion civil, et des conflits territoriaux faisant dans le Heartland eurasiatique et qui rappellent ceux d'il y a un siècle.

Bien que l'assassinat de François-Ferdinand soit passé à la postérité comme élément déclencheur avec un grand E, à l'époque, une guerre européenne n'était pas inévitable. Certains hommes d'Etat européens tentèrent désespérément d'éviter l'escalade de la crise, tandis que d'autres firent tout leur possible pour s'assurer que la guerre ait bien lieu. Au bout du compte, ce qui fit pencher la balance fut la plus forte volonté politique de provoquer l'hystérie autour de cet assassinat et, ensuite, de capitaliser sur cet événement hautement médiatique (alors qu'il y avait eu pas mal d'autres assassinats les années précédentes). Mais les facteurs déterminants étaient plus complexes, de nature géopolitique, et furent largement débattus en dehors de la sphère publique.

Il y a certes des similitudes entre alors et aujourd'hui, mais il y a aussi des différences. Dans la rubrique finance de l'édition du Guardian du 22 juillet, j'ai lu ceci : les « marchés analysent la probabilité d'une "guerre économique généralisée" » :
Le baril de pétrole qui dépasse les 200$. Pénuries d'énergie en Europe de l'Ouest. Nouvelle récession de l'économie mondiale encore fragile. Récession en Russie. C'est la peur qui hante les décideurs politiques alors qu'ils contemplent les moyens de réagir au crash du vol MH17 au-dessus de l'Est de l'Ukraine la semaine dernière. [...]

Ce sont les dégâts que peut potentiellement infliger la Russie à l'Occident et ceux, encore plus importants, que l'Occident peut infliger à la Russie qui expliquent la croyance selon laquelle la crise ne se transformera pas en guerre économique totale. L'Union européenne haussera le ton mais ne fera rien pour imposer des sanctions financières et commerciales destinées à punir le Kremlin pour son supposé rôle dans l'attaque du vol de Malaysia Airlines. Entretemps, l'espoir que Poutine fasse pression sur les séparatistes en Ukraine a boosté les prix des actions.
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Les roquettes ne pleuvent pas sur Israël, et elles ne pleuvront pas non plus sur l'Europe ni où que ce soit d'autre. L'OTAN et les forces russes n'en viendront pas aux mains en Ukraine ni nulle part ailleurs. Tout cela ne dégénérera pas en « guerre totale de terrain », troupes contre troupes, ou drones Predator contre tanks amphibies.

Oui, de véritables armes pleuvent sur Gaza et sur le Donbass, sur la Syrie et l'Irak, sur l'Afrique du Nord, le Pakistan et l'Afghanistan. Mais il n'y a pas de « vraie » guerre - au sens où deux armées (ou plus) rivalisent pour la première place - dans ces pays. La première place appartient à la superpuissance planétaire et à elle seule, et ce depuis les années 1920. Il y a bien sûr des champions régionaux, comme Israël, mais leur suprématie repose sur celle de cette superpuissance.

Ces « théâtres de guerre » sont tous des exemples de « guerre asymétrique » : une « guerre entre protagonistes dont la relative puissance militaire diffère considérablement ». Nous en voyons l'ultime expression dans le fait que la population civile généralement sans défense est confrontée à la toute-puissance militaire écrasante de l'OTAN et d'Israël.

Éliminer des avions au hasard en plein ciel fait partie de cette guerre asymétrique. Elle frappe les gens là où ils sont les plus vulnérables. La terreur, l'outrage et les opportunités de manipulation émotionnelle qu'elle offre - comme le croient les responsables - sont bien plus rentables que les stratégies militaires et économiques conventionnelles. Certes, cette stratégie s'avère payante à court terme : bien plus de gens haïssent Poutine aujourd'hui qu'avant le crash du vol MH17. Mais à long terme, elle est risquée, parce que plus elle est utilisée pour maintenir l'avantage stratégique, plus il est probable que les gens finiront par découvrir le pot aux roses.

En toile de fond, la bataille généralisée pour prendre le contrôle des esprits. Des milliards de gens vacillent périlleusement au bord d'un abysse, tels des moutons alignés pour l'abattoir cosmique. Des moutons qui se feront massacrer s'ils ne changent pas radicalement leur perception de la réalité, s'ils ne rejettent pas les mensonges confortables et crasses de l'Empire et de ses complices, et ne choisissent pas la voie de la réelle vérité objective, certes inconfortable, issue du sens commun.

C'est une guerre de l'information, pas une « guerre mondiale ». C'est ce que nous a fait comprendre le Pentagone au début de la dernière décennie, lorsqu'il a introduit ces nouvelles expressions bizarres : full-spectrum dominance (domination dans tous les domaines), total information awareness (assimilation totale de l'information (lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Information_Awareness_Office), info-crafting (modelage de l'information), cyberwarfare (cyberguerre), et cyberterrorisme. Les régimes américain, britannique et israélien mitraillent à plein feu, dans cette offensive de propagande massive et continue qui ne prendra fin que lorsque la capacité des gens à se relier à leur humanité intérieure - à penser, à ressentir, à résister et à Voir - aura été totalement éradiquée.