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Quelques heures avant l'instauration d'un nouveau couvre-feu, la police du comté de Saint Louis a rapporté des « coups de feu » et des « cocktails Molotov jetés sur les policiers ». | AP/Charlie Riedel
Après une fin de semaine relativement calme, les rues de la ville de Ferguson, dans le Missouri, ont à nouveau été le théâtre de violences, dans la soirée du dimanche 18 août, entre manifestants refusant d'évacuer les lieux et policiers à cran. La colère dans cette ville de la banlieue de Saint Louis ne retombe pas, plus d'une semaine après la mort de Michael Brown, un adolescent noir tué par un policier.

Face à une « situation de détresse et de risque pour la sécurité », le gouverneur du Missouri, Jay Nixon, a décidé d'envoyer la garde nationale. Cette force militaire fédérale de réserve n'est mobilisée par les Etats que dans des circonstances exceptionnelles. D'autres mesures de « restriction de circulation » et de « fermetures de voies publiques » pourront également être prises pour maintenir l'ordre.

Pour justifier la réponse musclée des policiers au cours de la nuit, les responsables des forces de l'ordre ont fait état de « coups de feu », de « cocktails Molotov lancés sur les policiers » et de barrages construits dans les rues. Ils ont recensé au moins deux blessés et de huit arrestations parmi les manifestants. Un couvre-feu a été décrété pour la deuxième nuit d'affilée entre minuit et 5 heures du matin (soit entre 7 heures et midi à Paris).

« DÉGAGE DE LÀ, OU TU VAS T'EN PRENDRE UNE ! »

Après des manifestations pacifiques en fin de journée, dimanche, la situation a dégénéré à la nuit tombée. Parmi les personnes qui ont refusé de quitter les lieux comme l'exigeait la police, des jeunes brandissaient des pancartes dénonçant les violences policières.Beaucoup levaient les mains en l'air en signe de reddition, tandis que d'autres renvoyaient les bombes de gaz lacrymogène.

Dimanche soir, plusieurs pillages et dégâts ont été signalés par des journalistes présents sur place.

Certains journalistes ont également rapporté avoir été menacés par la police s'ils n'éteignaient pas leurs caméras et s'ils ne reculaient pas. Sur la vidéo ci-dessous, on peut entendre un policier crier à un reporter : « Dégage de là, (...) ou tu vas t'en prendre une ! »


LE POLICIER A TIRÉ SIX FOIS SUR LA VICTIME

Alors que Ferguson était secouée par des affrontements, le New York Times a révélé le contenu du rapport d'une autopsie privée de Michael Brown, réalisée à la demande de sa famille.

Selon le rapport du médecin légiste, le Dr Michael M. Baden, Michael Brown a reçu six balles, dont deux à la tête - la dernière ayant été fatale. Mais surtout, il révèle que « les balles ne sembl[ai]ent pas avoir été tirées à bout portant, car aucune trace de poudre n'était présente sur le corps ».

Le New York Times précise toutefois que « cette conclusion pourrait être modifiée si des résidus de poudre [étaient] trouvés sur les vêtements de M. Brown, auxquels le Dr Baden n'avait pas accès ». Une nouvelle autopsie doit être effectuée, cette fois par les services fédéraux à la demande du ministère de la justice.

Jusqu'ici, les versions sur la mort du jeune homme divergent :
  • selon la police, l'adolescent aurait tenté d'« agresser physiquement l'officier dans l'habitacle de sa voiture » après avoir tenté de dérober plusieurs paquets de cigares dans une boutique voisine.
  • selon plusieurs témoins, le jeune homme se trouvait à une dizaine de mètres du véhicule et les mains en l'air quand il a été abattu après une confrontation verbale.
Critiqué pour être parti en vacances pendant que la situation empirait dans le Missouri, et alors que les frappes américaines s'intensifiaient en Irak, Barack Obama a interrompu ses vacances pour deux jours. Des réunions à propos de ces deux dossiers brûlants sont prévues lundi.