Le cap des 50 tornades recensées depuis le 1er janvier vient d'être franchi. Jamais un nombre aussi élevé de tornades n'avait été répertorié en une seule année sur notre territoire.

Un nouveau record dans le recensement des tornades

Les tornades marqueront incontestablement, par leur nombre, la climatologie des phénomènes orageux de cette année 2014. Depuis plusieurs semaines déjà, le record en date du nombre annuel de tornades recensées est dépassé, et il est désormais réellement distancé avec plus de 50 événements certains répertoriés depuis le 1er janvier. S'y ajoutent d'autres phénomènes probables mais non certains, comptabilisés à part, et qui portent le total à près de 60 cas. Lorsque l'on considère le fait que les années dotées du plus grand nombre de tornades recensées jusqu'à maintenant en affichaient une vingtaine (2008, 2012 et 2013), l'année 2014 ressort de manière tout à fait exceptionnelle :
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Force est de constater que cette forte activité tornadique s'inscrit dans la continuité d'un dernier trimestre 2013 déjà particulièrement fourni. Avec 14 tornades en un mois (entre le 20 octobre et le 20 novembre 2013), la fin d'année 2013 montrait déjà la mise en place d'un contexte très propice aux tourbillons. De fait, l'année 2014 a connu ses premières tornades dès le 2 janvier, à Fessenheim (Haut-Rhin), et le 3 janvier, à Leers (Nord), avant qu'un outbreak de 4 tornades le 25 janvier dans le nord de la France ne vienne confirmer un début d'année très tourbillonnaire. Ensuite, malgré une relative accalmie en mars et avril, les tornades se sont succédé à intervalle régulier, avant de connaître un nouveau pic d'activité en août (7 tornades). Et c'est en définitive en octobre et novembre que l'activité tornadique a atteint son maximum, avec respectivement 10 et 11 tornades.

230 km de trajectoires cumulées

L'équivalent d'un Paris - Tours : telle est la distance totale parcourue par les tornades en France depuis le 1er janvier 2014. En effet, mises bout à bout, ces trajectoires atteignent un total de 230 km à ce jour, soit une valeur remarquable, totalement inédite dans les archives du recensement des tornades en France. Parmi elles, c'est la tornade d'Achicourt (Pas-de-Calais) qui s'illustre avec une trajectoire de 41 km à elle seule, soit la troisième trajectoire la plus longue jamais enregistrée en France.

17 régions frappées par les tornades

Au total, 17 régions ont été touchées par les tornades en France depuis le début de l'année. Comme l'illustre la carte ci-contre, leur répartition géographique est assez voisine de la climatologie moyenne des tornades françaises, avec une prédominance entre Poitou-Charentes, Bretagne et Nord - Pas de Calais d'une part, et près de la Méditerranée d'autre part. Avec 12 tornades en 11 mois, c'est la région Nord - Pas de Calais qui se positionne en tête des régions les plus tornadiques de France cette année. Elle est suivie par les Pays de la Loire (6 cas), puis par la région Poitou-Charentes (5 cas).
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S'agit-il d'une anomalie climatique inquiétante ?

Ce record, s'il est réel sur le strict plan du recensement des tornades, doit toutefois être considéré avec prudence sur un plan climatologique. En effet, la plupart des tornades recensées cette année en France ont présenté des intensités faibles voire très faibles (EF0 à EF1). Seules 3 tornades ont présenté une intensité significative (EF2) : à Halluin (Nord) le 25 janvier, à Plouray (Morbihan) le 8 octobre, et à Sérignan (Hérault) le 28 novembre. C'est donc essentiellement en raison d'un très grand nombre de cas de faible intensité que l'année 2014 est remarquable - le contingent annuel de tornades d'intensité significative étant resté pour sa part dans la moyenne des années fortement tornadogènes. Or ce sont précisément les tornades de très faible intensité qui sont les plus délicates à retrouver et à recenser pour les périodes antérieures aux années 2000.

Compte tenu de la prédominance de ces faibles intensités cette année, il est impossible d'être certain que des années aussi riches en phénomènes tornadiques n'ont pas eu lieu au cours des derniers siècles. En effet, les méthodes de recensement déployées actuellement sont incomparablement plus performantes que celles du passé, ce qui permet de mettre au jour une multitude de cas de faible intensité, qui passaient auparavant inaperçus. Les nouveaux moyens de communication mobiles et la plus grande attention de la population à ces phénomènes n'y sont pas étrangers. Il n'est donc pas possible de comparer en valeur absolue le recensement effectué cette année avec celui réalisé il y a ne serait-ce que dix ans.

Néanmoins, les techniques de recensement utilisées par l'Observatoire n'ont pas été révolutionnées cette année : il est donc clair que cette année 2014 s'illustre par un nombre remarquablement élevé de tornades. Ce constat n'est pas étonnant en soi, dans la mesure où l'année 2014 présente une anomalie instable exceptionnellemnt forte sur la France (voir carte ci-contre). 2014 pourrait en effet devenir l'année la plus instable qu'ait connu la France depuis les années 1940. Or ces conditions exceptionnellement instables ont été propices à la répétition de contextes orageux actifs, eux-mêmes favorables à la formation des tornades. Ainsi, sans qu'il soit possible de parler de record ou d'anomalie climatique, il est néanmoins vraisemblable que cette année 2014 compte parmi les années les plus tourbillonnaires de ces dernières décennies en France.