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Vendredi 20 mars, un écolier de huit ans a été interrogé pendant douze heures par les services de police pour apologie du terrorisme. Le jeune garçon, refusant obstinément de suivre sa classe qui se rendait sur les lieux de l'observation de l'éclipse solaire, aurait déclaré à plusieurs reprises : « éclipse, mon cul ! », suscitant l'indignation du personnel enseignant et de ses camarades.

Pourtant, après de nombreuses directives et contre-directives de l'administration de l'école, demandant d'abord le confinement des élèves dans des salles équipés de rideaux occultants pendant toute la durée du phénomène, puis acceptant que certains enfants le regardent, munis des lunettes adéquates fournies par la famille et d'une autorisation parentale en bonne et due forme, et enfin, bénéficiant d'une subvention-lunettes aussi providentielle qu'inattendue, rendant obligatoire sous peine de sanction la participation de tous à l'atelier d'astronomie improvisé dans la cour, le petit groupe d'élèves se préparait dans la bonne humeur à profiter du spectacle exceptionnel que nous offre la nature. Une seule ombre au tableau : l'épaisse couche de nuages menaçant d'éclipser l'éclipse. C'est alors que le petit Brahim (le prénom a été changé), les bras croisés sur la poitrine et l'air buté, a prononcé ces mots terribles qui ont gâché la fête : « éclipse, mon cul ! Si le soleil est caché par la lune, c'est qu'il l'a bien mérité ce gros plein de feu ! Il avait qu'à pas me donner un coup l'été dernier sur la plage, qui m'a fait peler le dos pendant trois semaines ! »

Alertée par le changement soudain de comportement de cet élève habituellement tranquille, l'institutrice de Brahim a aussitôt consulté la « brochure de prévention de la radicalisation violente » opportunément distribuée par le Ministère de l'intérieur les jours précédant l'incident. Propos asociaux, refus de l'autorité, rejet de la vie en collectivité, repli sur soi et allusion à la fin des temps (« Y peut crever le soleil, je m'en fiche ! », aurait dit Brahim selon une source non vérifiée qui tient à garder l'anonymat), tous les éléments étaient réunis pour suspecter l'autoradicalisation. Le directeur a fait son devoir : entrer en contact dès que possible avec les autorités compétentes. Après enquête approfondie et interrogatoires de Brahim et de toute sa famille, le jeune garçon a été remis en liberté. Aucune menace d'attentat contre le soleil n'a été décelée parmi les mails et les sms examinés dans les téléphones portables des proches, mais ces derniers auraient eu le temps de tout effacer avant de se faire confisquer leurs appareils par la police. Il semblerait que l'écolier, influençable et sans doute manipulé par le lobby de la crème solaire, ait seulement voulu attirer l'attention des adultes sur ses problèmes de peau. Il reste toutefois sous surveillance.